Tous les membres du Conseil de coopération du golfe Persique ne considèrent pas l'Iran comme une menace, d’ailleurs l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis cherchent, quant à eux, à réduire les tensions avec l'Iran, affirme l’ECFR en allusion à l'éventuelle création d'une OTAN arabe dans le cadre d'un pacte avec Israël pour lutter contre ce qu’ils appellent la menace de l’Iran.
Dans un article publié, mercredi 13 juillet, portant sur la visite du président américain Joe Biden en Palestine occupée, le groupe de réflexion, Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), écrit que le pacte sur un système de défense aérienne intégré entre Israël et les pays arabes du golfe Persique subirait le même sort que les plans ratés de l'administration Trump : il est vrai que les membres potentiels d’une telle coalition accueilleraient favorablement une coopération renforcée en matière de sécurité régionale, mais leurs différends dans la perception de la « menace » et leurs priorités concernant l'Iran sont susceptibles d'entraver une coordination efficace entre eux.
Tous les pays du Conseil de coopération du golfe Persique ne considèrent pas l'Iran comme une menace objective : même ceux qui s’y adhèrent, comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont récemment cherché à apaiser les tensions avec l'Iran par le biais d'un engagement diplomatique et, dans le cas des Émirats arabes unis, par le renforcement des liens économiques. En effet, les Émirats arabes unis n’entendent pas être entraînés dans une nouvelle vague de sanctions et de pressions américaines sur l'Iran, à la fois parce qu'ils craignent une escalade de la tension militaire et parce qu'ils ont le pied à l’étrier pour devenir un centre d'importants échanges commerciaux avec l’Iran.
La Jordanie, qui a signé un traité de paix avec Israël en 1994, est principalement préoccupée par le potentiel des accords d’Abraham à saper la solution à deux États entre Israël et la Palestine. L'Égypte a également refusé de soutenir toute mesure de sécurité anti-iranienne et a même rejeté la demande de l'Arabie saoudite de la soutenir dans la guerre qu’elle mène au Yémen. Le Maroc, lui qui risque de se lancer dans un conflit avec l’Algérie, a d’autres chats à fouetter que de s’en prendre à l’Iran. Vient en dernier lieu le Qatar qui, pour sa part, a activement soutenu les négociations sur le programme nucléaire iranien et pourrait être prêt à travailler avec Téhéran pour développer davantage le champ gazier commun de Pars Sud.
Par ailleurs, les négociations entre l’Arabie saoudite et l’Iran avec la médiation de l’Irak, ont eu, jusqu'à présent, un succès limité, mais ont considérablement réduit les tensions régionales et contribué à établir un cessez-le-feu au Yémen depuis plusieurs mois. Si les pourparlers se poursuivent, l'Iran et l'Arabie saoudite pourraient s'entendre sur une solution plus permanente au conflit au Yémen, ouvrant la perspective d'une désescalade régionale plus large.
Dans ces circonstances marquées par les conflits d'intérêts, même la simple idée de la mise en place d’un système de défense aérienne régional intégré serait difficile dans un format multilatéral. Les États-Unis ont promu pendant plus de dix ans l'idée d'une défense antimissile intégrée entre les pays membres du Conseil du golfe Persique, mais les efforts n’ont abouti à rien en raison d’une profonde réticence des dirigeants arabes à partager entre eux des données militaires sensibles.
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Loin d'affaiblir la position régionale et le programme nucléaire de l'Iran, l'alignement militaire entre Israël et les pays arabes du golfe Persique peut accroître les tensions au Moyen-Orient. Téhéran verra comme une menace majeure les efforts visant à créer une infrastructure militaire dans la péninsule arabique à partir de laquelle Israël peut lancer une attaque directe. L’Iran y ripostera probablement en accélérant son programme nucléaire et en intensifiant ses opérations militaires, y compris de manière à cibler les intérêts occidentaux tels que les pétroliers qui se dirigent vers l'Europe.