Le journal qatari The New Arab a publié une note sur la principale motivation du président russe Vladimir Poutine dans sa participation à la réunion tripartite qui a eu lieu le mardi 19 juillet à Téhéran.
Selon le journal, Poutine s’est concentré sur le changement des règles du jeu avec Washington et l’Occident en proposant de renforcer les relations stratégiques avec l’Iran.
Mardi 19 juillet, Téhéran a accueilli une réunion tripartite dans le cadre du processus d’Astana, et les présidents turc et russe sont arrivés à Téhéran dans le cadre de cette réunion et ont tenu des réunions séparées avec de hauts responsables iraniens en marge de leur réunion tripartite. Ils ont passé en revue des affaires importantes concernant les trois parties.
Selon les observateurs politiques, la raison la plus importante qui a poussé le président russe à se rendre à Téhéran, lors de son deuxième voyage à l’étranger depuis le début de la guerre en Ukraine en février dernier, était d’essayer d’obtenir l’aide de l’Iran pour contourner les sanctions imposées à Moscou après la guerre. La Russie renforce le niveau des relations stratégiques avec Téhéran d’une part et tente d’éloigner la Turquie du bloc occidental malgré toutes les contradictions qui régissent les relations entre Moscou et Ankara.
Selon le journal qatari, la réunion de Téhéran était la première rencontre des présidents des pays garants de l’initiative d’Astana pour la paix en Syrie, après l’attaque russe contre l’Ukraine en février dernier. Cependant, les observateurs estimaient que la Syrie n’occuperait pas une place importante à l’ordre du jour de ce sommet, surtout que les opérations militaires turques dans le nord de la Syrie ont été pratiquement arrêtées et que l’urgence a été accordée plutôt aux questions liées à la guerre en Ukraine, au dossier nucléaire iranien et à d’autres questions liées à l’énergie, à l’alimentation.
Selon le journal The New Arab, bien que ce sommet ait eu lieu à l’initiative de Téhéran, il semble que la Russie était la plus intéressée. La raison en est le « problème » de l’Ukraine et les sanctions sans précédent qui sont imposées à Moscou. Le journal estime que la Russie n’a jamais eu autant besoin de l’Iran et de la Turquie qu’aujourd’hui.
En conséquence, la Russie espère (peut-être pour la première fois) porter ses relations avec l’Iran à un niveau stratégique, après l’avoir utilisé, toujours selon le journal, comme outil de négociation dans ses interactions internationales avec l’Occident.
D’après le journal qatari, en raison de l’effondrement de ses relations avec l’Occident, Moscou souhaite pouvoir proposer une alliance stratégique à Téhéran afin de conduire les Iraniens à abandonner complètement tout effort de réparer les relations avec l’Occident pour relancer l’accord nucléaire de 2015.
The New Arab estime qu’il est fort probable que dans le cadre de sa bataille contre Washington, la Russie livre à l’Iran des armes qu’elle a jusqu’à présent refusé d’offrir, comme le système de missiles S-400. Si l’Iran acquiert ce système, il peut changer tous les paramètres des négociations sur son programme nucléaire et il peut fournir une défense solide à ses installations.
Le journal poursuit : « Cette évolution aura des conséquences majeures sur les relations de la Russie avec Israël et l’Occident et conduira inévitablement à la destruction de toutes les chances de revenir à l’accord sur le nucléaire iranien, car elle changera toutes les règles du jeu entre Washington et Téhéran. »
Selon les estimations des Américains, la Russie pourrait également chercher à acquérir des drones iraniens et à les utiliser dans la guerre contre l’Ukraine. Par conséquent, les deux pays sous sanctions américaines essaieront de se coordonner sur la manière de contourner les sanctions et de soutenir les opportunités commerciales entre eux et d’échanger des expériences pour contourner le système mondial du dollar.