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Comment l'Iran a-t-il miné la Mer Rouge et la Méditerranée contre Israël

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La première division navale de drones de la marine de l’armée iranienne dans l'océan Indien. (Capture d'écran)

Qu’est-ce qui aurait poussé le commandant en chef du CentCom, Micheal Kurilla à atterrir ce 17 juillet en catastrophe à Tel-Aviv après une visite inopinée à al-Tanf en Syrie ? Dit à l’état brut, un problème radar. En effet et à lire la quasi-totalité de la presse sioniste, les deux jours et trois nuits de visite de Biden en territoires occupés de la Palestine commencée sous le signe d’une double batterie d’Iron Beam3 et d’Arrow que les sionistes avaient dressé à Ben Gourion par crainte que l’avion présidentiel ne fasse l’objet d’un coup aux roquettes ou aux drones de la Résistance a échoué à accoucher d’une coalition militaire Israël/golfe, encore moins d’une DCA intégrée anti Résistance, les Arabes du golfe Persique n’étant pas aussi incrédules que les sionistes le croyaient, eux qui ayant à l’esprit les frappes historiques anti Armaco ou anti Jabal Ali (Abou Dhabi) ont refusé net de jouer le jeu et de servir de bouclier extra territorial à l’entité.

Du coup les choses deviennent trop compliquées pour celui qui comptait sur cette très subtile manœuvre de diversion pour conjurer le sort qui est le sien, après l’apparition d’un essaim de trois drones ce 2 juillet apparu au-dessus de Karish, un essaim qui, alors même qu’Israël s’était bien permis une frappe aérienne contre le sud de Tartous, cherchant par là à défier la bulle de DCA en Syrie occidentale, a vaincu tour à tour le Dôme de fer, les F 35, les F 16 quitte à pousser la marine israélienne à faire l’usage de ses Barak-1 et là encore quand il était bien trop tard c’est-à-dire après que les images de Karish eurent atteint le QG du Hezbollah au sud du Liban.

N’est-ce pas une situation assez catastrophique qui demandait à ce que Kurilla se rendre en perso au chevet de l’entité, pour voir ce qu’il pourrait faire ? D’ailleurs c’est d’autant plus urgent que la Méditerranée orientale ne semble pas être le seul terrain de combat naval potentiel qui se pointe sous le nez d’Israël et que tout porte à croire que le champ de bataille, arrêté net aux portes du golfe Persique par l’intelligente rebuffade des golfiens tend à s’étendre à la mer Rouge où le ministre Gantz avait révélé début juillet la présence de « quatre navires de guerre iraniens en patrouille permanente ». A l’appui des photos satellites, il était même allé jusqu’à nommer les quatre navires iraniens et dire : « Aujourd'hui, nous pouvons confirmer que l'Iran établit systématiquement ses bases en mer Rouge, avec des navires de guerre patrouillant dans la région sud. Au cours des derniers mois, nous avons identifié la présence militaire iranienne la plus importante dans la région durant cette dernière décennie. C'est une menace directe pour le commerce international, l'approvisionnement énergétique et l'économie mondiale, ainsi qu'une menace directe pour la paix et la stabilité dans le domaine maritime ».

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Depuis le retentissant NON des golfiens à l’entité leur refus d’intégrer une OTAN « moyen-orientale » cette menace ne pourrait avoir qu’une seule et unique cible , «  Israël » ; ce qui expliquerait d’ailleurs l’escale urgente de Kurilla à Tel-Aviv. « J’ai parlé avec le Commandant du CentCom des défis régionaux, dont les activités déstabilisatrices de l’Iran, effectuées via ses alliés dans le domaine maritime. Nous avons également ouvert les opportunités d’approfondir les liens militaires et de faciliter la coopération avec les partenaires régionaux », a dit Gantz ce lundi.

Mais de quels défis navals parle très exactement le sioniste ? A vrai dire il devrait s’agir de quelque chose d’infiniment plus grave, car même au plus fort de la bataille des pétroliers quand les navires et les pétroliers sionistes se faisaient cibler en pleine mer d’Oman, en océan Indien ou dans le golfe Persique, le discours sioniste n’évoquait le défi naval. Plus d’un analyste se pencherait évidemment sur l’affaire de Karish et surtout sur cette mise en garde lancée le 13 juillet, date de l’arrivée de Biden en Israël concernant une échéance estivale qui serait celle de l’offensive « navale » du Hezbollah contre l’entité : « Le temps presse…d’ici septembre le Liban devra faire en sorte qu’il puisse accéder à ses ressources énergétiques et en tirer dividende qui s’impose, et ce à la lumière de la guerre en Ukraine qui a fait de notre pays un Etat potentiellement riche puisque gazier. Pas besoin d’aller se faire endetter auprès du FMI… ce gaz offshore de Karish pourra rendre le Liban riche et souverain … et c’est là l’objectif du Hezbollah… Et si le Liban ne peut exploiter son gaz personne ne le pourra et pour ce faire on est prêt à aller au-delà même de Karish , a dit en substance Nasrallah en soulignant les capacités de la Résistance à cibler Israël par voie terrestre, aérienne et maritime. Déjà c’est plus qu’un défi que d’avoir en face un Hezbollah dont les salves de missiles tactiques pourraient se combiner aux essaims de drones et faire ce qu’Ansarallah a fait pendant huit ans, à savoir des combinaisons inouïes missiles-drones pour les cibler les sites stratégiques israéliens.

Mais est-ce tout ?

En effet ce que Gantz révélait à Athènes, photos satellites en main, se réfère à un niveau de menace bien plus profonde qui dépasse celle du seul Hezbollah. Après avoir été encerclé par une sorte d’anneaux balistiques composés de milliers de missiles étendus du nord au sud, soit du Sud Liban aux confins de Gaza, voici l’entité se sentant littéralement ligotée par une sorte de siège maritime qui tend à se mettre en place depuis le nord d’Israël au sud à la fois, en Méditerranée orientale par Hezbollah interposé et en mer Rouge via Ansarallah. C’est dans ce contexte que la présence « permanente » d’une flotte navale iranienne en mer Rouge trouve tout son sens : ce que l’axe de la Résistance est sur le point d’explorer et que Gantz a très bien compris et que Kurillah a tenté de dissiper sur le dos des alliés arabes de Washington c’est le concept de base navale flottante, capable d’aller à l’ennemi !

Le vendredi 15 juillet, la marine iranienne a dévoilé une division de transport de drones composée de deux navires logistiques, d’un destroyer et deux submersibles avec quelque cinquante drones de combat, de reconnaissance et kamikaze embarqués. Les observateurs y ont vu non seulement un A2/AD iranien qui s’étend jusqu’à l’océan Indien, mais aussi une base flottante propre à défier Diego Garcia US et ses B-52 et B1. La flotte de la mer Rouge iranienne ne suit-elle pas la même logique ? Ne s’agit-il pas d’un centre de commandement inter Résistance propre à mettre en réseau les capacités aéronavales asymétriques de toutes les composantes de l’axe de la Résistance ? Si c’est oui alors les golfiens avaient toutes les raisons du monde de se moquer de l’offre d’une DCA intégrée Israël/golfe Persique dans la mesure où une flotte de 50 drones en contient de nombreux anti radars. Et dire que ces bases flottantes ont tout pour ne pas ressembler à des porte-avions balourds !

Alors d’autres avantages de ces bases navales flottantes qui vont jusqu’aux portes de l’ennemi et qui devraient hanter les nuits de Gantz et de Kurilla ? Voici en gros les avantages d’une base navale flottante version Résistance : Pour le cas de figure qui vient d’être dévoilé par l’Iran, le problème de l’accès à l’île et donc à l’aéroport pour décoller et atterrir est résolu et les drones peuvent achever leurs missions en océan Indien. Autrement dit, les navires de l’armée peuvent faire voler leurs drones à tout moment, et cela via le JATO (jet-assisted take-off, type de décollage assisté permettant d’aider les avions surchargés à décoller en fournissant une poussée supplémentaire sous la forme de petites fusées).

Les drones ont des prix abordables et les lancer depuis un navire ou un sous-marin, permet d’accéder à toutes les zones de l'océan Indien et effectuer des tâches importantes telles que la reconnaissance, avec plus de précision et moins de frais. Ainsi, des cibles ennemies à longue distance, comme l’île Diego Garcia de 4 500 km de distance, et qui est la base logistique stratégique de la flotte US et le centre de déploiement des bombardiers stratégiques, peuvent être la cible drones tels que Pelikan, Arash ou Karrar, le dernier ayant parmi ses points forts, la capacité de transport des missiles de croisière pour viser des cibles sur terre et en mer. Mais puisqu’on est en pleine logique hybride, l’entrée des drones iraniens en océan Indien peut en grande partie régler le problème des conditions difficiles climatiques de la mer (Sea Force), soit l’un des obstacles devant les missions des bateaux ou de vedettes rapides essaimés. Plus la force de mer est grande plus l’accomplissement des missions seront difficiles, et cela sans compter bien sûr les dégâts matériels qui seront infligés aux équipements des bâtiments de mer. Or, les drones peuvent à eux seuls, accomplir les opérations de reconnaissance ou de combat, ce qui réduit la nécessité d’une présence physique de grands bateaux dans les eaux tumultueux.

Et puis il va sans dire que les drones essaimés une fois introduits près des côtes ennemies diminuent pour ne pas pas dire ruinent, l’immunité des porte-avions US, des Saar et d’autres, submersibles, israéliens… N’est-ce pas que tout ceci vaut un déplacement urgent de Kurilla lui qui dirige une force qui depuis septembre 2021 travaille à faire voler un essaim de drones à Manara (Task Force 59) sans succès ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV