Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, a prononcé, mercredi soir 13 juillet, un discours télévisé. Dans son discours, Nasrallah a parlé des dernières évolutions du Liban et de la région du Moyen-Orient.
Au début de son discours, le secrétaire général du Hezbollah a rappelé qu’après les événements du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont exploité ces événements pour envahir l’Afghanistan et l’Irak. « A l’étape suivante, les Américains ont essayé de détruire la Résistance en Palestine et au Liban et aujourd’hui ils essaient d’isoler la République islamique d’Iran, et tout cela pour renforcer la position régionale du régime israélien. Selon les spéculations la visite de Biden au Moyen-Orient serait consacrée aux divers thèmes dont la possibilité de la création d’une soi-disant OTAN du Moyen-Orient. Mais aujourd’hui les Etats-Unis ne sont plus ce qu’ils étaient en 2003 ou en 2006. Le président âgé des Etats-Unis est une image d’une Amérique vieillie dont l’hégémonie s’affaiblit et souffre aujourd’hui de l’inflation et de grands problèmes sociaux et sécuritaires », a déclaré Nasrallah avant de déclarer qu’aujourd’hui le président Joe Biden est venu au Moyen-Orient pour convaincre les pays arabes du sud du golfe Persique à augmenter le taux de leurs exportations pétrolières.
« A vrai dire, la présence des Etats Unis sur la scène internationale a fortement régressé. Les Etats-Unis sont frappés par des taux d’inflation les plus hauts de la planète, et leur situation au niveau sociale, sécuritaire et interne régressent de jour en jour. Aussi Biden n’a rien à offrir au peuple palestinien. Tout ce que Biden a annoncé aujourd’hui à son arrivée en Israël sur la solution de deux États n’est que du bavardage. En effet, le premier objectif des Américains qui est lié directement à la guerre russo-ukrainienne est de garantir une alternative au gaz russe pour l’Europe car les USA mènent une guerre contre la Russie et ce, par gouvernement, armée et peuple ukrainien interposés, une guerre où ils ont entraîné aussi tous les pays européens. Or l’un des éléments les plus importants dans cette guerre est le boycott du pétrole et du gaz russes par l’Europe. Et Les États-Unis ont pris la responsabilité d’assurer l’alternative à ce gaz dont le défaut se fait cruellement sentir en Europe qui s’approche de l’hiver et qui a besoin de faire le plein cet été ».
Et Sayed Nasrallah de poursuivre : « Et puis le deuxième objectif de la visite de Biden dans la région est l’engagement envers la sécurité d’Israël et la normalisation ».
Avant d'évoquer en plus amples détails la normalisation, le Secrétaire général du Hezbollah a remonté le temps pur rappeler à l'entité : « Au nombre de précieuses victoires de la Résistance lors de la guerre de juillet figurait le renversement du projet américain pour le nouveau Moyen-Orient. Et parmi les réalisations de la guerre de juillet figurait également la création d’une équation de dissuasion entre le Liban et l’ennemi israélien. En effet, il existait un projet américain pour contrôler la région par des forces militaires directes, mais la fermeté de la Résistance et du Liban, et l’échec des objectifs de la guerre de juillet, ont porté un coup très dur au projet US du nouveau Moyen-Orient. »
Le secrétaire général du Hezbollah a évoqué ensuite les récentes menaces du ministre sioniste de la Guerre contre le Liban suivant qui Israël serait prêt d’avancer vers Beyrouth, Sidon et Tyr : « tous les Israéliens le savent parfaitement que ce genre de menace sur l’invasion du Liban est creux. Que Gantz aille « passer en revue l’expérience de la guerre de juillet lors de ses derniers jours, lorsque les Israéliens avaient commis l’erreur de vouloir envahir la ville de Bint Jbeil ! A l’heure qu’il est les Israéliens n’osent même pas franchir quelques pas en direction de la bande de Gaza qu’ils assiègent et qui souffre de conditions difficiles, alors comment l’entité ose-t-elle menacer d’envahir Sidon et Beyrouth ?! Puis en faisant leurs calcules pour se lancer dans une nouvelle guerre qu’ils tiennent compte de l’environnement, des capacités et de la géographie, qui sont tous en faveur de la Résistance ».
D’ici la fin d’été, et à l’orée du mois de septembre c’est une occasion en or pour un pays gazier comme le Liban pour s’imposer dans ce domaine et toute négligence en la matière nous coûterait trop cher. Et je m’adresse aux Libanais pour leur dire : « ne permettez pas aux Américains de vous tromper et de vous faire perdre le temps, car si vous ne défendez pas vos droits si vous vois imposez pas avant le mois de septembre il sera bien coûteux par la suite de le faire. Au fait la Résistance est l’unique partie au Liban qui de quoi faire respecter les droits énergétiques des Libanais. Que soit dit en passant l’extraction du pétrole et du gaz assurera des milliards de dollars à l’Etat libanais sans qu’il soit contraint de rétracter un quelconque prêt étranger et c’est là le seul moyen pour sauver le pays. En ce sens nous ne considérons pas le médiateur Hochstein comme un médiateur honnête mais plutôt comme un parti qui œuvre pour l’intérêt d’Israël et exerce des pressions sur la partie libanaise. S’il est revenu au Liban c’est pour cause de besoin urgent de l’Europe en gaz et aussi pour les menaces sérieuses qui leur fait encourir la Résistance »
Et Nasrallah de souligner les faiblesses d'Israël :" le talon d'Achille de l'entité c'est son besoin en gaz et en pétrole et ce face à la force du Liban qui peut contrer Israël d'extraire le gaz. Le Liban peut faire obstacle à l’extraction du pétrole et du gaz par les territoires palestiniens occupés et ainsi empêcher le transit du gaz vers l’Europe. Il ne nous reste que deux mois car les autorités d’occupation parlent d’extraction de pétrole en septembre prochain, et si nous n’agissons pas pour délimiter les frontières au plus vite, les choses seront plus coûteuses et difficiles. et je le réitère aux responsables du pays, la Résistance est la seule carte gagnante que vous détenez lors des négociations sur la démarcation des frontières, alors n'hésitez pas à en profiter"
Et de mettre en garde : « Nous n’avons convenu ni promis à personne que nous ne prendrons aucune mesure et que nous attendons les résultats des négociations. Quiconque promet cela aux Américains les trompe », soulignant que « la résistance a le droit de prendre n’importe quelle mesure au moment opportun et aux dimensions appropriées pour faire pression sur l’ennemi israélien . Nous sommes derrière l’Etat dans la démarcation des frontières maritimes, c’est-à-dire que c’est lui qui négocie, et ce n’est pas nous qui négocions, mais nous avons dit que nous ne resterons pas les bras croisés ».
Concernant le lancement par le Hezbollah de 3 drones non armés en direction de la « zone contestée » sur le champ de Karish au début de ce mois, Nasrallah a expliqué que « les drones ont été envoyés après la réponse trompeuse des Américains et leur volonté de faire perdre le temps. Le Hezbollah a intentionnellement lancé 3 drones de reconnaissance pour qu’ils soient abattus par les Israéliens. Nous avons voulu que des missiles israéliens soient tirés sur ces drones pour que les gens travaillant à Karish comprennent que cette zone n’est pas sûre. Et disons-le, c’est la première fois dans l’histoire de l’entité sioniste, que 3 drones sont lancés simultanément contre elle et de surcroit sur une seule cible. Et le message de ce premier essaim de drones est de confirmer que primo, nous sommes sérieux, secundo nos actes seront progressifs, et ces deux messages ont été compris par les Israéliens et les Américains ».
« Nous détenons une variété de capacités de combat au sol, en mer et dans les airs, et toutes ces options sont ouvertes. Nous ferons, au bon moment, tout ce qui servira le dossier des négociations ».
Et Nasrallah s’adressant aux amis et ennemis du Hezbollah a affirmé que « la question de la démarcation des frontières est cruciale, et c’est le seul moyen pour sauver le Liban et son peuple, et nous ne mènerons pas de guerre psychologique là-dessus. En tant que Libanais, soyons unis sur une même position, pour la faire entendre aux Israéliens. Et je préviens, si la décision du camp d'en face est de ne pas aider le Liban, de le pousser à l’effondrement et de lui interdire d’extraire le gaz qui lui appartient, et bien il sera plus honorable, plus gratifiant que d'aller droit à la guerre et de mourir pour défendre son droit. Je dis à l’ennemi et aux Américains que le message des drones n’est qu’un début trop modeste sur ce vers quoi nous pouvons aller. Il y a ceux qui veulent que notre peuple meure de faim et que les Libanais s’entretuent aux portes des boulangeries et des stations-service. Si les choses ne vont pas dans le sens souhaité, nous n'allons pas nous limiter à Karish. QueAméricains et Israéliens tiennent bien compte de cette équation. Nous irons à Karish et au-delà de Karish. Et le Hezbollah « suit de près tous les champs, puits et plates-formes le long des frontières palestiniennes et possède une banque bien détaillée des cibles. Nous disons aux Américains et aux Israéliens, si vous voulez interdire le Liban d’exploiter ses droits pour sortir de sa crise, alors personne ne pourra extraire ou vendre du pétrole et du gaz ! »