Alors même que le monde s'attend à l'annonce de la mort de l'accord nucléaire et que Téhéran a menacé de réagir rapidement à la moindre résolution votée par le Conseil des gouverneurs à son encontre, les commentateurs américains commentent les leçons que l'Iran pourrait avoir retirées de près de 100 jours de guerre en Ukraine, une guerre où la Russie a éliminé à dessein son aviation au profit des missiles.
Dans ce droit fil, le think tank américain Center For Security Policy a publié, le 27 mai, un article, rédigé par son analyste, Maya Carlin.
« L'Iran surveille de près les événements en Ukraine en mettant l'accent sur la technologie des missiles et la guerre - la Russie a lancé près de 2 000 missiles balistiques et de croisière (…) », indique l’article. Et de continuer : « Le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) et l'armée russe ont une stratégie et une capacité tactique parallèles dans une certaine mesure. L'Iran a été témoin de la stratégie russe qui consiste à miser sur son arsenal de missiles et non pas sur son aviation pour garder le dessus sur l'ennemi. »
Selon Maya Carlin, « ces dernières années, le CGRI s'est appuyé sur le développement de son arsenal de missiles pour servir d'outil essentiel de dissuasion ». Elle a ajouté que la guerre en Ukraine avait prouvé les mérites de cette stratégie.
« Au cours des cinq dernières années environ, l'arsenal de missiles de l'Iran s'est considérablement élargi pour inclure des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones de haute précision. »
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L’analyste a précisé que le succès de l’Iran dans l'utilisation de ces armes lors de conflits et de missions récents avait déjà prouvé leur efficacité.
« Le CGRI a utilisé son arsenal nouvellement perfectionné pour mener des attaques visant Daech en Syrie, des installations pétrolières en Arabie saoudite et des groupes kurdes dans le nord de l'Irak. L'Iran a également fourni à ses milices dans toute la région des drones chargés d'explosifs et des drones suicides. »
Le think tank américain Center For Security Policy indique ensuite que « l'accent mis par l'Iran sur ses capacités en matière de missiles est même précisé dans un bulletin interne du CGRI : Les missiles, en établissant l'équilibre de la peur, peuvent empêcher la guerre et obligeront les adversaires à recourir à la diplomatie ».
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Maya Carlin croit qu’alors que cette poussée pour faire progresser son arsenal de missiles a commencé des années avant le conflit en Ukraine, celui-ci a renforcé l'affirmation de l'Iran.
Selon l'Institut du Moyen-Orient, le chef d'état-major adjoint des forces armées iraniennes, le général de division Aziz Nassirzadeh, a qualifié l'utilisation de missiles par la Russie en Ukraine de « moment propice à l'apprentissage ». Il a ajouté : « La leçon clé que nous pouvons tirer de la guerre en Ukraine est qu'il ne faut en aucun cas fermer les yeux sur la dissuasion et mener des négociations limitant la puissance balistique du pays».
« De plus, les attaques au missile constantes menées par la Russie contre les infrastructures de l’Ukraine ont infligé des destructions et des revers à grande échelle à l'armée ukrainienne et ce malgré la faible démonstration de force aérienne de son armée de l'air. (…) Si la Russie peut combler les lacunes avec son vaste arsenal de missiles, pourquoi pas l'Iran ? La logique selon laquelle un pays ne peut pas dépendre des assurances de puissances étrangères pour garantir sa sécurité a façonné les priorités tactiques de l'Iran. »
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« Les négociations nucléaires conjointes américano-iraniennes en cours à Vienne ont été au mieux infructueuses, et l’Iran considère ces négociations comme précaires et peu fiables de toute façon. Aux yeux du leadership de l’Iran, la puissance croissante de missiles est le seul moyen de parvenir à une dissuasion efficace », conclut l’auteur de l’article.