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Moscou et Pékin préparés à l'avance pour pour faire tomber le royaume du dollar

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Moscou et Pékin préparés à l'avance pour faire tomber le royaume du dollar. (Illustration)

Qu'est-ce que cela signifie pour dix pays européens d'« acquiescer » aux conditions de Poutine, de payer leurs importations de gaz et de pétrole en « roubles » et de couper le gaz immédiatement à cause des réticences de la Pologne et de la Bulgarie ? Et comment Moscou et Pékin se sont-ils préparés à l'avance pour mettre en place l'infrastructure nécessaire pour faire tomber le « royaume » du dollar, des années avant le début de la guerre d'Ukraine ?, s’interroge le rédacteur en chef du journal en ligne Rai Al-Youm, Abdel Bari Atwan.

« Nous avons appris en Occident que le critère le plus précis pour déterminer le vainqueur ou le vaincu dans les guerres n'est pas la « propagande » médiatique, mais plutôt les chiffres économiques, en particulier les bourses, les cours des actions et les devises des pays impliqués dans ces guerres. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les chiffres ne mentent pas, alors que les politiciens sont des professionnels du mensonge, de la falsification et de la tromperie, et des réunions «théâtrales», comme la dernière tenue par Joe Biden dans l'une des bases américaines en Allemagne, dans laquelle 40 ministres de la Défense de l'OTAN et certains de ses partisans dans le tiers monde y ont participé », indique le journal.

Dans l’optique d’Abdel Bari Atwan, l’affirmation de l’agence économique mondiale américaine « Bloomberg » selon laquelle, dix acheteurs de gaz russe en Europe ont déjà ouvert des comptes dans « Gazprom Bank », et payé leurs importations de gaz russe en « roubles », signifie qu'ils ont acquiescé à la décision du président russe Vladimir Poutine en riposte aux sanctions américaines qui ont d’ores et déjà commencé à s’affaiblir et à perdre une grande partie de leur élan et de leur effet, comme le montrent les preuves.

« Il est clair que le président russe ne « plaisante pas » et pense ce qu’il dit : il n’a pas hésité à ordonner à la société d’État « Gazprom » d’arrêter immédiatement ses exportations de gaz vers la Pologne et la Bulgarie, parce que leurs gouvernements refusaient de payer leurs importations de gaz russe en roubles. Quiconque a peur des sanctions américaines, de la guerre et du soutien illimité aux armes modernes et sophistiquées du président Zelensky, n’impose pas ses conditions avec autant de force aux gouvernements européens et rejette l’euro et le dollar, et les oblige à payer dans leur monnaie nationale », précise Rai Al-Youm.

Selon Atwan, il s’agit d’un dangereux « renversement » des concepts dominants depuis la Seconde Guerre mondiale, qui dit que l’Occident, dirigé par l’Amérique, est le plus organisé dans la planification des guerres et des blocus économiques, et d’une manière qui terrifie les opposants (choc et effroi). Et ces deux mois de guerre en Ukraine ont prouvé l’échec de cette théorie jusqu’à présent, du moins, compte tenu des développements actuels de cette guerre à tous les niveaux, et en particulier au niveau économique.

« Il est clair que la partie russe était prête à tous ces développements et à faire face et à contrecarrer les sanctions américaines, que ce soit en imposant la monnaie nationale russe pour payer les exportations de gaz ou de pétrole, ou en luttant contre l’inflation et en la ralentissant, et en prenant toutes les mesures nécessaires pour maintenir le prix du rouble, ce qui explique la relative stabilité que connaît actuellement l’économie russe », souligne le journal.

Le rédacteur en chef de Rai Al-Youm ajoute ensuite que « le rouble a augmenté aujourd’hui, mercredi, pour atteindre l’équivalent de 71 roubles par rapport au dollar, après être tombé à 140 roubles par rapport au dollar dans les premiers jours de l’invasion des terres ukrainiennes par les chars russes en février dernier », ce qui signifie que la monnaie russe a compensé toutes ses pertes, et l’économie russe est devenue plus robuste ; cela s’explique également par les prix et les revenus élevés des exportations de gaz et de pétrole, qui ont fait déborder le Trésor russe de ces revenus.

Igor Morgulov, vice-ministre russe des Affaires étrangères a révélé dans une interview à l’agence Ria Novosti que « Moscou et Pékin ont construit toute l’infrastructure nécessaire pour la transition vers un nouveau système financier basé sur les deux monnaies nationales des deux pays (le yuan et le rouble) et une augmentation du commerce bilatéral entre eux, le taux de change commercial ayant atteint environ 38,5 au cours des deux premiers mois (janvier et février) de l’année en cours.

« Les déclarations de Mme Ursula von der Leyen, présidente de l’Union européenne, dans lesquelles elle décrit l’insistance russe à payer ses importations de gaz en roubles comme un « chantage » qui reflète le niveau de douleur en Europe et en Amérique, et son appel aux pays européens de ne pas succomber à ce chantage russe, qui constitue une violation des sanctions occidentales américaines, nous incitent à lui demander , si l’Union européenne accepte la livre égyptienne, le dinar algérien ou le dirham marocain pour le paiement des importations européennes ? Cette Union n’insiste-t-elle pas sur l’euro et le dollar, et cette insistance ne constitue-t-elle pas aussi du « chantage » ? », a fait noter le journal.

Ce que nous voulons dire, c’est que le « royaume » du dollar et ses cousins qui sont des monnaies occidentales telles que l’euro et la livre sterling ont commencé à souffrir de signes de désintégration et de fissuration, dans l’intérêt du Chinoi (yuan) et du Russe (rouble), monnaies qui étaient au centre des moqueries du monde occidental et de ses médias, ses centres de recherche et de ses experts politiques et économiques.

« Le rapprochement de certains pays arabes avec les deux pays, c’est-à-dire la Russie et la Chine, et la rébellion contre la domination financière américaine qui dure depuis 80 ans, est une tendance « sage » et inévitable, car l’avenir économique mondial, et peut-être celui de l’armée aussi, se déplace rapidement de l’Ouest vers l’Est, et il serait également sage que les gouvernements arabes commencent à lier progressivement leurs monnaies à un panier de devises, y compris le rouble russe et le yuan chinois, et abandonnent progressivement le dollar afin d’éviter les cas actuels de faillite réelle pour des pays comme le Liban et le Sri Lanka, et peut-être dans plus d’un autre pays arabe, où l’incapacité de payer les versements de la dette est devenue la norme apparente dans bon nombre de ces pays… », a conclu le journal.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV