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Les USA retirent leur soutien armé au trône

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un panorama des relations actuelles entre l'Arabie saoudite et les États-Unis révèle une tension sérieuse. ©Fars News

Si les autorités saoudiennes critiquaient auparavant de manière officieuse le politique de l’Amérique de Biden à l’encontre de Riyad, ils la remettent ouvertement en question en évoquant implicitement la possibilité de remplacer Washington par Moscou dans les relations internationales de l’Arabie saoudite. Mais les analystes et observateurs politiques estiment que l’approche de l’Arabie saoudite est davantage un levier de pression contre les États-Unis, et que les deux parties finiront par se rapprocher à nouveau en raison d’intérêts mutuels et d’un besoin commun de coopération.

Un panorama des relations actuelles entre l’Arabie saoudite et les États-Unis révèle une tension sérieuse. Mais quelles sont les principales raisons de la froideur des relations, et si Riyad achète le système S-400 à la Russie, quelle sera la réponse attendue de Washington ? L’administration Biden a-t-elle abandonné ses obligations de protection de la famille royale en retirant tous ses systèmes de défense de l’Arabie saoudite ? Voici les questions auxquelles répond Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm.

Ce qui est certain c’est que les relations entre le Royaume saoudien et son allié américain vont de mal en pire et qu’au cours des deux dernières semaines, il est entré dans une phase de tension sans précédent, qui peut se transformer en représailles politiques et confrontations économiques dans les prochains mois ».

Il existe plusieurs développements documentés qui confirment cette détérioration des relations entre les deux parties qui peuvent être résumées comme suit :

Premièrement, la nouvelle administration américaine a retiré tous ses systèmes de défense antimissile, y compris le Patriot et le THAAD de l’Arabie saoudite. Ces systèmes antimissiles ont y été déployés en 2019 pour protéger les objectifs stratégiques du pays à la suite de l’attaque sans relâche au drone et au missile de la Résistance yéménite contre l’installation d’Aramco, l’épine dorsale du secteur pétrolier saoudien dans la région de Baqiq.

L’agence américaine Associated Press a confirmé la mise en œuvre de la décision des États-Unis en publiant des images satellites des sites de déploiement de ces systèmes désormais vides dans le sud-est de Riyad, y compris la base aérienne Prince Sultan.

Le fait que l’Associated Press, proche de cercle décisionnel de la Maison-Blanche, a publié de telles images signifiait que le Pentagone lui-même a divulgué les images.

Deuxièmement, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, malgré sa visite au Qatar, au Koweït et à Bahreïn a reporté sine die une visite en Arabie saoudite en invoquant un problème. Cet événement sans précédent dans les relations entre les deux pays qui a officiellement irrité les Saoudiens. Cette visite devait avoir lieu le week-end dernier dans le cadre d’une visite périodique dans les États du golfe Persique.

Troisièmement, l’Arabie saoudite insiste sur le fait que les justifications américaines pour l’annulation du voyage sont totalement infondées et dépourvues de sens, à preuve le tweet du jeune prince Satam ben Khalid Al- Saud sur son compte Twitter disant : « Ce report de la visite était une décision de l’Arabie saoudite. L’Arabie saoudite n’accepte le diktat d’aucun pays et se comporte à la base d’intérêts communs et de respect mutuel. Au moment où le Royaume a annulé la visite d’Austin, il a reçu Leonid Slutsky, président de la Commission de la coopération et des affaires internationales de la Douma russe ».

Cela étant dit, on pourrait dire que c’est pour la première fois qu’un tel discours exigeant est utilisé par un membre de la famille royale saoudienne à l’encontre des États-Unis.

En outre, le message du prince Sattam, proche du prince héritier Mohammed ben Salmane, fait passer ce message aux États-Unis que si Washington ne reconsidérait pas sa politique à l’égard de Riyad, l’Arabie saoudite serait prête à établir un dialogue avec la Russie et que dans la politique étrangère saoudienne, les États-Unis pourraient facilement être remplacés par la Russie, ce qui coûterait cher à la Maison-Blanche.

Quatrièmement, le prince Turki al-Faisal, ancien chef du renseignement saoudien, dans une interview à la chaîne de télévision américaine CNBC exhorte les États-Unis à remplir leurs obligations envers le Royaume d’Arabie saoudite en ne retirant pas leurs systèmes de missiles, car le retrait de ces systèmes indique de mauvaises intentions de la part des États-Unis.

Des analystes américains, dont Christian Ulricht, ont confirmé que les États-Unis ont commencé à appliquer la théorie de « l’Amérique d’abord » et à abandonner leurs alliés de la région du golfe Persique, notamment l’Arabie saoudite, pour se concentrer sur la nouvelle alliance absolue sino-russe, une menace directe sérieuse pour les États-Unis.

Le retrait des systèmes de missiles américains d’Arabie saoudite est intervenu alors que le mouvement de la Résistance yéménite, Ansarallah, et ses alliés ont intensifié leurs frappes au missile et au drone contre des cibles pétrolières comme des installations d’Aramco et des infrastructures militaires et civiles dans les profondeurs de l’Arabie saoudite. 

La Résistance yéménite dans sa récente attaque a visé l’aéroport international d’Abha, blessant huit personnes et endommageant un certain nombre d’avions.

Cette frappe a été effectuée en réponse aux attaques d’avions de chasse saoudiens contre les forces du mouvement pour les empêcher d’avancer dans la ville stratégique de Maarib.

Le système de missiles Patriot américain a enregistré un échec à intercepter les missiles balistiques des Yéménites, qui frappent presque quotidiennement des installations d’Aramco.

Chaque missile tiré de ce système, dont se vantait l’Arabie saoudite, coûte trois millions de dollars. Pour intercepter et détruire chaque missile balistique de la Résistance yéménite qui ne coûte que 3 000 dollars, les forces saoudiennes ont été obligées de tirer deux ou trois missiles coûtant chacun trois millions de dollars.

Dans une telle situation, les autorités saoudiennes se sont précipitées à compenser la défaillance du pays en matière d’armements par d’autres options alternatives, dont le système antiaérien russe s-400.

La première menace directe des États-Unis contre l’Arabie saoudite est la décision de Joe Biden d’avoir publié il y a quelques jours des documents classifiés sur les attentats du 11 septembre 2001, et ce, en coïncidence avec l’annonce de l’annulation de la visite du secrétaire américain à la Défense par l’Arabie saoudite et l’accueil enthousiaste de Riyad réservé à un haut responsable russe.

La divulgation de ces documents, surtout si elle indique le soutien financier ou logistique des autorités saoudiennes aux auteurs des attentats, pourrait signifier un feu vert aux tribunaux américains pour examiner les dossiers déposés par les familles des victimes et demander des millions de dollars d’indemnité en vertu de la loi américaine Jasta (Justice Against Sponsors of Terrorism Act).

Il faut se rappeler que l’Amérique a déjà falsifié la réalité des « armes de destruction massive » aux yeux de leur propre opinion et de l’opinion mondiale à fin de justifier l’urgence d’une intervention en Irak. 

Par conséquent, les États-Unis n’hésiteront probablement pas à falsifier des documents qui confirment l’implication de la famille régnante saoudienne dans ces attaques, d’autant plus que de nombreux faux témoins saoudiens sont prêts à en témoigner.

L’administration Biden a marginalisé le rôle saoudien en Afghanistan et a fait du Qatar sa principale base politique, militaire et diplomatique dans le golfe Persique et au Moyen-Orient. Cela marque la fin d’une relation stratégique entre les deux pays, dont l’origine remonte à près de 88 ans.

Les États-Unis ne sont pas dignes de confiance et abandonnent aisément leurs alliés, comme en témoigne le cas du président afghan Ashraf Ghani qui s’est exilé aux Émirats arabes unis.

 

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV