La nouvelle donne qu’a su imposer avec force le Hezbollah combine drones et missiles de précision ; une véritable menace stratégique, visant à transformer l’entité en zone de guerre. Un article de Rai al-Youm, signé Zuhair Andraos, y revient…
Dans une interview accordée au journal Maariv, l’ancien commandant de la défense antiaérienne du régime israélien, le général Tzvika Haimovich, a affirmé qu’une future guerre avec le Hezbollah exposerait l’entité à une large menace aérienne. L’ancien haut cadre militaire israélien a d’ailleurs qualifié de « grand échec » l’infiltration, vendredi 18 février, du drone « Hassan » du Hezbollah dans le ciel israélien, sans que la DCA de l’entité puisse l’intercepter.
La survenu de l’incident quelques jours après les déclarations du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, au sujet des missiles à haute précision et le déploiement des systèmes de DCA du mouvement de résistance dans la région, est le signe, selon le commandant militaire israélien, que le Hezbollah s’est fixé comme objectif principal de créer une nouvelle équation [de dissuasion], en ce qui concerne la confrontation avec Israël.
Le général Haimovich y voit « un incident unique en son genre » et « la tendance à créer une nouvelle menace aérienne avec de nouvelles caractéristiques qui s’ajoute à la menace des missiles de précision ».
« Ce nouveau moyen de menace présente de multiples avantages [pour la Résistance], car il remplace les plates-formes de lancement traditionnelles de la défense aérienne par un ensemble de petites plates-formes de lancement difficiles à localiser. L’avion [sans pilote] vole à basse altitude et est capable de réguler la vitesse de vol suivant les circonstances. Faire voler un avion sans pilote est moins coûteux, plus fonctionnel et ne nécessite pas d’appui logistique. Les drones se déplacent facilement et sont pratiquement devenus la nouvelle arme favorite des pays et de diverses organisations ».
« Les nouvelles menaces du Hezbollah ne cessent de s’accroître ; c’est en utilisant à la fois des dizaines de drones et de mini-drones que le Hezbollah retirera Israël de sommeil, et ce sera d’ailleurs un “réveil” tardif », a-t-il indiqué.
Plus tôt, dans une note publiée par la revue militaire Marakhot, le général Haimovitch avait écrit : « L’Iran, le Hamas et le Hezbollah continuent d’améliorer leurs arsenaux militaires en termes de quantité, de qualité, d’expérience et de capacité afin de faire parvenir la précision de leurs frappes au missile à un niveau très élevé. Le Hezbollah a franchi la barre de 130 000 missiles, avec des portées différentes, et en possède maintenant un nombre beaucoup plus important que les chiffres répétés par les services de renseignement israéliens. »
Selon lui, les dommages qui se produiront en Israël à la suite des attaques de missiles seront très graves, ce qui pourra entraîner des démolitions et pertes en vies humaines. Les missiles seront de différents types et cela leur fournit la capacité à causer des pertes matérielles et humaines jamais connues par le régime israélien, précise l’ancien commandant de la DCA israélienne, ajoutant qu’« en plus de développer la doctrine militaire susmentionnée, les ennemis persistent à dissimuler les emplacements des lanceurs de missiles afin de surprendre Israël ».
Le général israélien affirme qu’une étude sur toutes les guerres, qu’a menées le régime israélien depuis sa création, mène à la conclusion que « les tactiques utilisées par les ennemis consistent en deux éléments : le premier est de transformer la profondeur israélienne en champ de bataille, et le second, augmenter le nombre de lanceurs de missiles dirigés vers des centres surpeuplés pour infliger un plus grand nombre de victimes et compliquer la tâche aux équipes de secours ».
Une nouvelle équation s’instaure entre Israël et la Résistance alors même que la guerre en Ukraine où les unités Golani de l’armée israélienne se battent aux côtés des Ukrainiens a d’ores et déjà porté au grand jour de nouvelles failles systémiques au sein de l'armée sioniste.
Le correspondant militaire et analyste israélien Yossi Yehoshua a déclaré, dans un rapport analytique publié lundi 28 février par le journal Yediot Aharonot que « la guerre russe contre l’Ukraine a mis en lumière la fausse idée de réduire le volume des armées, en contrepartie d’un renforcement des capacités en termes d’armements, de missiles de précision et de systèmes de défense ».
Yehoshua a estimé que la décision du Premier ministre Naftali Bennett de renforcer les capacités de l’armée israélienne en termes d’armements, de missiles de précision et de systèmes de défense, bien qu’elle soit une décision stratégique, n’est pourtant pas une décision suffisante [pour assurer la survie de l’entité]. « Le volume de nos forces armées est petit par rapport à une guerre future qui pourrait éclater sur plusieurs fronts », a-t-il indiqué.
Il a fait référence aux propos du chef d’état-major adjoint sortant de l’armée israélienne, Eyal Zamir, qui a déclaré dans son discours d’adieu que « si nous voulons la vie et la prospérité, nous devons être préparés à tous les scénarios », appelant à la nécessité de maintenir une large marge de manœuvre, en termes de sécurité et de pouvoir, et évoquant l’importance vitale de ce qu’il a appelé « l’efficacité des forces armées israéliennes dans des guerres futures ». « Et pour ce faire, ce n’est pas que les capacités technologiques avancées qui comptent ; posséder une main d’œuvre de bonne qualité et en bonne quantité sera aussi une nécessité importante », a-t-il ajouté.
L’analyste israélien a fait allusion à l’opération Épée de Qods, « lorsqu’en mai 2021, une confrontation militaire a éclaté avec la bande de Gaza, et s’est propagée à la Cisjordanie et au front intérieur » ; « si une confrontation éclate avec le Hezbollah, Israël se verra impliqué sur plusieurs fronts à la fois : Gaza, la Cisjordanie, le front intérieur, en plus du front Nord ».
Et il a indiqué qu’une guerre se faisant sur multiples fronts nécessite plus de forces régulières et de réserve, compte tenu les défis considérablement plus complexes que ceux d’auparavant ; « d’autant plus que l’armée israélienne pourrait se voir obligée de pénétrer dans les frontières de Gaza, du Liban ou d’autres champs de bataille, pour essayer d’empêcher les tirs de missiles, ce qui signifie qu’elle aura besoin d’une grande armée particulièrement qualifiée et entraînée ».
D’après Yossi Yehoshua, les événements en Ukraine ont montré aux armées de la région, à l’OTAN et à d’autres, que réduire le nombre de militaires en s’appuyant uniquement sur la technologie militaire