Une série de facteurs donnent à l'équipe iranienne l'avantage dans les négociations de Vienne et lui permettent de se rapprocher de plus en plus de son véritable objectif, à savoir une levée réelle et durable des sanctions.
La déception et le désarroi du camp occidental, qui émanent de la perte de tous les leviers de pression contre l'Iran, l'ont conduit à recourir à une campagne d'intoxication et de désinformation concernant le texte de l'accord. À cet égard, l'agence de presse Reuters a annoncé jeudi avoir "eu accès au texte de l'accord", composé d'une vingtaine de pages, ajoutant que les deux parties " auraient déjà précisé les mesures à prendre ".
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Reuters fait référence aux ressortissants américains et européens détenus en Iran, et affirme qu'ils "seront libérés dans le cadre du nouvel accord". Il convient de noter que la question de l'échange de prisonniers n'a rien à voir avec les négociations en cours à Vienne. L'Iran avait précédemment déclaré que ce sont les Américains qui se sont retirés de l'accord d'échange de prisonniers et que Téhéran est disposé à agir conformément aux dispositions prévues par l'ancien accord.
Après la publication de ce rapport par Reuters, une source proche des négociations a déclaré à l'agence de presse iranienne Tasnim que les allégations de Reuters n'étaient rien d'autre qu'"une campagne psychologique déconnectée de la réalité". La source, qui a préféré garder l'anonymat, a ajouté que l'Iran n'accepterait jamais un gel de l'enrichissement à plus de 5 % tant que les sanctions, notamment celles visant le secteur pétrolier, ne seront pas levées et que les avoirs de l'Iran ne seront pas libérés et remis par les canaux officiels.
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Mais pourquoi le camp occidental a-t-il décidé de lancer une campagne médiatique sans fondement avant que les accords ne soient finalisés ?
Premièrement, après avoir survécu à une ère de "pression maximale", où l'inefficacité des sanctions a été prouvée, l'Iran a actuellement le dessus dans les négociations de Vienne.
Deuxièmement, le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, a à son programme non seulement des efforts pour faire lever les sanctions mais aussi pour neutraliser leur impact afin de ne pas permettre aux ennemis de cibler facilement les intérêts de la nation iranienne. Dans cette optique, depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement actuel a défini une annexe économique pour chaque question de politique étrangère. L'adhésion à l'Organisation de coopération de Shanghai et à l'Union économique eurasienne, ainsi que la signature de traités et d'accords économiques bilatéraux et multilatéraux dans le cadre de la politique étrangère de l'Iran, viennent étayer cette affirmation.
Troisièmement, le boom pétrolier de l'Iran au cours des derniers mois, malgré les tentatives incessantes des États-Unis de freiner les exportations iraniennes, démontre que l'Iran a trouvé un moyen efficace de contourner les sanctions. Selon un rapport de Bloomberg, la Chine a augmenté ses importations de pétrole en provenance d'Iran et du Venezuela en 2021.
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Quatrièmement, de nombreux analystes estiment que les États-Unis n'ont pas d'autre option pour remplacer l'accord nucléaire, car tout plan B serait plus difficile, voire impossible, pour le camp occidental.
Tous les facteurs susmentionnés ont convaincu les Américains d'interagir avec l'Iran en tant que partie en position de force.