Et si les tergiversations US à faire place nette dans la région, tergiversations qui a valu au Pentagone la mise en garde catégorique du commandant en chef de la Force Qods, jeudi, général Qaani lequel commandant a menacé des États-Unis d’une défaite encore pire que celle qu’ils ont subie en Afghanistan s’ils ne débarrassent pas les environs de l’Iran avait quelque chose avec les « corridors ». D’une ceinture et d’une Route, tout le monde parle, mais d’autres routes on n’entend que très peu parler.
Après l'effondrement de l'Union soviétique et l'union des deux Allemagnes, alors que certains parlaient de la possibilité de relancer une route reliant l’Allemagne au Moyen Orient dit le chemin ferré Berlin-Bagdad, les Américains se sont précipités pour en édtruire une grosse partie, composée de voie ferrée et de pont via la première guerre du Golfe persique. Vint cette fatidique année de 2014 et la montée en puissance de Daech, projet éminemment américain et israélien. Curieusement Daech s’intéressait aux voies ferrées irakiennes et c’était là qu’il focalisait ses efforts de destruction. A présent, l’Allemagne d’antan et désormais soumise s’est fait remplacer par la Chine. Cette fois, à la place du chemin de fer Berlin-Bagdad, c’est le corridor « une route, une ceinture » qui inquiète les Anglo-saxons.
Le corridor est censé en effet être une route terrestre entre les deux points focaux de l'économie mondiale, à savoir la Chine et l'Europe, et en attendant, différents pays et différentes zones y sont connectés. Le corridor cherche à développer des routes terrestres pour contourner les voies maritimes exclusivement contrôlés par les USA qui contrôlent aussi les compagnies maritimes. Prenons l’exemple du Pakistan : une partie du corridor de la région de Kashgar dans l'ouest de la Chine se lien au port de Gwadar au Pakistan ce qui fournira un accès aux marchés africains et une ligne de chemin de fer vers l'État de Rakhine au Myanmar et ce, jusqu'au golfe d'Andaman et à l’océan et ce sans traverser le détroit de Malacca.
Une autre partie de ce corridor est traversé par le chemin de fer sibérien lequel sillonne de l’est à l’ouest le territoire russe, en permettant aux marchandises chinoises d'atteindre la mer Baltique, car les pays d'Europe de l'Est hésitent à emprunter le couloir depuis la Russie. Parce qu'il est presque impossible d'arrêter le couloir dans la situation actuelle, les Américains s’obstinent à ce que cette méga route ne traverse que les pays qui sont à leur solde. Du point de vue américain, la priorité consiste à ce que ce passage de nouveaux corridors ait lieu à travers des pays sur lesquels ils ont une domination civile, militaire ou économique.
Que fait là-dedans l’Iran ?
Deux corridors distincts sont actuellement en cours d'aménagement. Le premier corridor, appelé Azure Path , est suivi par la Turquie et relie les pays turcophones. L'achèvement d'une partie importante de ce corridor nécessite la connexion de la République d'Azerbaïdjan au Nakhitchevan et de là à la Turquie ; C'est ce qui a conduit à de nombreux heurts et frictions liés aux récentes batailles dans le Caucase sud. La partie la plus négligée de ce corridor est le « corridor Zangezur » qui s’étend dans le sud de l'Arménie.
Plus au sud, c’est le corridor méditerranéen arabo-méditerranéen vers l'Europe qui est sur le point de se développer. Grâce à ce corridor qui commence depuis Mumbai, les marchandises indiennes transitent vers le continent européen dans un délai record de moins de 10 jours, soit 40 % plus rapidement que la route maritime qui transite par le canal de Suez.
Rappelons que la normalisation Israël/golfiens est axé autour de cette guerre des corridors. Une partie importante de la nouvelle architecture des routes maritimes est influencée par l'Accord Ibrahim, qui permet aux marchandises indiennes d'être transportées vers la Jordanie via le port de Jabal Ali ou encore par l’entremise de chemins de fer, depuis les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite vers la Palestine occupée.
Pendant ce temps, il y a eu l’apparition de Néom, projet phare de Ben Salmane, dans le nord-est de l'Arabie saoudite qui servira également de point focal reliant l'Afrique et l'Asie occidentale ; Une région qui sera le principal hub de coopération économique entre les pays riverains du golfe Persique, l'Egypte et le régime sioniste. Or il est naturel que l'Iran soit un concurrent important pour les deux corridors en raison de sa situation géographique. L'Iran peut à la fois servir dans le cadre de la route reliant l'Asie centrale et la Chine à la Turquie et constitue le début du couloir iranien vers le port de Beyrouth. Ce dernier itinéraire part d’ailleurs de l'Iran et atteint la mer Méditerranée via la connexion des chemins de fer irakiens et syriens dans le port de Beyrouth. Une telle route est pratiquement plus courte que les autres routes et est située le long des principaux gisements de pétrole et de gaz d'Iran et d'Irak.
Les inquiétudes concernant le lancement de ce corridor ont peut-être amené la Syrie et l'Irak à traverser l'une de leurs périodes historiques les plus turbulentes ces dix dernières années ; Un processus qui s'est poursuivi avec l'explosion « « massive de nitrate d'ammonium » » dans le port de Beyrouth ; Un port qui pourrait servir de concurrent sérieux au port de Tel-Aviv en Palestine occupée.
Les États-Unis, en tant que puissance navale, feront tout leur possible pour empêcher le développement de corridors terrestres au Moyen-Orient. En fait, cetet stratégie de chaos organisé et de destruction dans les pays se trouvant sur l'axe de ce corridor devrait s’interpréter en ce sens .
Certes, cette politique inclura l' Afghanistan après l'ère Ashraf Ghani afin que le possible passage Wakhan-Herat vers l'Iran ne se concrétise pas ; Tout comme les Américains et les Saoudiens encouragent le Pakistan à acheter du gaz via l'Afghanistan et le gazoduc Tapi, pour que l’Iran continue de se voir interdire de toute possibilité de connecter son réseau gazier au Pakistan. C'est avec une telle analyse que l'on peut voir la présence continue des États-Unis dans la région d'Al-Tanf ainsi que dans le nord-ouest de la Syrie ; C'est précisément là que les Américains, avec leur présence militaire directe, cherchent à surveiller le corridor Téhéran-Beyrouth et à empêcher tout transfert contre les intérêts américains. Avec tout ce qui précède, il est clair que les Américains ne finiront jamais par lever les sanctions contre l'Iran de façon à ce que les investissements arrivent sur le marché iranien. C'est pourquoi l'accord de 25 ans entre l'Iran et la Chine a immédiatement suscité un tollé chez les Yankee et qu’à Vienne, le fait de brandir la perspective d’une coopération Iran-Chine a créé la totale confusion au sein du camp pro-US. Alors un deal USA/Iran, est-ce possible ?