TV

Comment l’Iran a-t-il joué la carte sino-russe contre les USA?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les participants aux discussions sur l'accord sur le nucléaire iranien, le 6 avril 2021 à Vienne en Autriche. ©AFP

Selon le bimestriel américain, The Foreign Affairs, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’accord nucléaire iranien de 2015 en mai 2018.

L’administration de l’ancien président US Donald Trump a commencé à renforcer les sanctions, au grand dam des autres signataires de l’accord ; mais l’Iran n’a pas annulé le Plan global d’action commun (PGAC). Au contraire, Téhéran a régulièrement accru la pression, directement sur Washington et indirectement par le biais d’autres pays signataires, pour rétablir l’accord. Au fait, le retrait US a servi bien la cause iranienne en plaçant Russie-Chine en face des USA. 

Un accord nucléaire bis permettra à l’Iran de gagner économiquement et géopolitiquement tout en abandonnant peu tactiquement.

L’Iran a insisté pour que « l’accord nucléaire conclu » en 2015, soit rétabli et « mis en œuvre mot par mot ». Mais dans la pratique, l’Iran a en fait preuve d’une flexibilité considérable. 

L’accord sur le nucléaire iranien était un accord de contrôle des armements destiné à réduire les « ambitions nucléaires » de Téhéran. Ses termes ont peut-être semblé restrictifs en 2015, mais les conditions ont changé, et l’Iran a aujourd’hui beaucoup plus à gagner qu’il ne perdrait en adhérant aux contraintes de l’accord ou même en acceptant des modifications.

Pour commencer, l’Iran a considérablement avancé son programme nucléaire. Le retrait de Washington de l’accord a permis à l’Iran de rechercher des niveaux plus élevés d’enrichissement d’uranium. Téhéran a dépassé la limite des stocks d’uranium faiblement enrichi en juillet 2019 et a complètement cessé de se conformer à l’enrichissement en janvier 2020. Maintenant, le pays a atteint 63 % d’enrichissement - encore moins que les 90 % nécessaires pour la capacité d’armes que l’Iran affirme fermement qu’il ne le cherche pas. 

En continuant à s’enrichir, l’Iran a démontré à lui-même et au monde qu’il pouvait surmonter les frappes contre ses installations nucléaires et les assassinats de ses scientifiques. L’embargo sur les armes classiques de l’accord a pris fin en octobre 2020, et l’embargo sur les missiles balistiques a expiré en octobre 2023. L’Iran perdrait peu en capacité militaire conventionnelle en retournant au respect total pour le reste de ces délais ou même pour des délais plus longs. Téhéran a probablement calculé que la reprise de ses obligations dans le cadre de l’accord nucléaire coûterait très peu à ses programmes militaires.

Pendant la période de pression accrue de Washington, la Russie est devenue le principal garant de la sécurité, le collaborateur militaire et le fournisseur de matériel de l’Iran. La Chine a également rapidement élargi sa coopération dans ces secteurs. La Russie et la Chine ont exercé leurs vetos au Conseil de sécurité de l’ONU et leurs capacités de persuasion pour protéger l’Iran des demandes américaines. Plus récemment, Moscou et Pékin se sont publiquement opposés à l’insistance de Washington pour que l’Iran accepte les changements de l’accord sur le nucléaire comme condition de la réentrée des États-Unis. Ce n’est pas faux de dire que la perspective d’un accord avec les Américains a même poussé la Russie et surtout la Chine à signer des accords stratégiques et de poids en l’Iran. Les récents succès balistiques des Iraniens et de leurs alliés ne feront que les prévaloir auprès des Russes et des Chinois. Au fait, Téhéran joue à fond la carte de l’Est tout en sachant que l’Occident finira d’une manière ou d’une autre par céder.  

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV