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Une regèle d'engagement anti Israël extensive aux mers : à quoi rime le discours de Nasrallah sur un "Liban indépendant"?

Le drone Shahed-181 de l'Iran. (Photo d'illustration)

Ce discours-éclair que Nasrallah a tenu le vendredi 26 novembre dans la soirée et qu’il a placé d’emblée sous le signe « de l’indépendance », alors même que le Hezbollah domine totalement la bataille anti Israël-anti US au Levant, ce que prouve pour le reste, la riposte terrorisée anglo-saxonne à la première opération commando anti sioniste, en pleine Palestine historique, laquelle riposte a consisté, faute de mieux, à blacklister tour à tour Hamas et Hezbollah à Londres et à Canberra, façon de répondre sans trop prendre de risque, aux cris d’effroi du couple Bennett-Gantz qui reconnaissait de concert, il y a trois jours que ce sont « les formateurs du Hezbollah qui entraînent les commandos palestiniens en Cisjordanie… avant de les envoyer liquider les soldats sionistes à Qods, et ce « à l’aide des Arabes palestiniens que nous avons bien peur de voir passer bientôt le stade de « Carl Gustave » et devenir, soudain des « opérateurs de drones » car, « les drones made in Iran sont désormais capables de décoller à Homs pour venir atterrir à Jenin », et bien, ce discours a étonné plus d’un analyste. Pourquoi ?

Pour la simple et bonne raison que le commandant Nasrallah, architecte de l’une des règles d’engagement militaires, les plus solides, les plus extensives qui soit, à savoir celle qui a mis au pas l’axe US-Israël, par palier et chaque fois avec plus de succès, en 1985, en 2000, en 2006 puis dès 2011, via la présence du Hezbollah aux côtés d l’armée syrienne et enfin en mai, par "Epée de Qods" interposée qui a été la matérialisation la plus parfaite de « guerre asymétrique en réseau », en a reconnu les failles. Hier soir, il a dit :

« Nul doute qu’en 1943 le Liban est entré dans une nouvelle étape, celle de la construction de l’état. Certains qualifient cette indépendance d’incomplète, d’autres de semi-indépendance en raison de l’ingérence des certaines puissances, mais il faut reconnaître que le Liban a formé un état. Le plus important est que les Libanais doivent assumer leur responsabilité envers cette indépendance, ainsi si elle est formelle, ils doivent la rendre réelle, ils doivent préserver sa souveraineté. Et pour ce faire, il faut lutter pour cette indépendance, durant notre période contemporaine, les Libanais se sont battus pour défendre leur indépendance face à l’ennemi israélien en 1982 qui a occupé la capitale Beyrouth, tout le monde se souvient les images des soldats israéliens dans le palais présidentiel. Cette période du Liban était la plus dangereuse qu’a connue le Liban car elle a failli entraîner le Liban dans l’ère israélienne, d’en faire un état assujetti ».

Et d’ajouter :

« Or les Libanais se sont regroupés dans la résistance jusqu’à 1985 pour remporte une importante victoire contre l’occupation israélienne la repoussant jusqu’au sud du Liban, puis en l’an 2000, sous les coups de la Résistance islamique, les forces de l’occupation israélienne ont déguerpis … Or cette indépendance est incomplète tant que les hameaux de Chebaa sont toujours occupés, tant que les usa s’ingèrent dans le système judiciaire, sécuritaire, politique, dans les prochaines élections. On peut qualifier que l’indépendance du Liban est incomplète. Tant que les Israéliens nous menacent, nous sommes toujours engagés dans la bataille de l’indépendance et nous sommes convaincus que si nous poursuivons cette voie, celle de la lutte pour l’indépendance totale du Liban, nous réaliserons ce dessein en entier. »

N’est-ce pas là une manière de reconnaître que la règle d’engagement telle qu’établie jusqu’ici face à l’entité sioniste, est imparfaite et que partant, la dissuasion de la Résistance demanderait à être « consolidée» et « complétée » par l’intrusion de « nouveaux paramètres de force» ?

Pour ceux et celles des observateurs qui insistent depuis le mois d’août au transit libre, parfaitement libre et sans accroc des pétroliers iraniens qui une fois partis de Bandar Abbas, traversent des milliers de km via Mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb, le Canal de Suez avant d’atteindre Baniyas et enfin le Sud du Liban, les propos de Nasrallah sont d’autant peu habituels que tout au long de ces mois, aucun pétrolier iranien n’a été visé et que le simple spectre des missiles tactiques que le Hezbollah a brandi un certain juin 2021, quand la Galilée fut pilonnée par une salve de 21 roquettes en réponse à un raid osé d’Israël contre le sud du Liban, a suffi de dissuader la VI flotte US en Méditerranée plus les unités israéliennes de Shayetet 13 de commettre le moindre agissement. A quoi joue donc Nasrallah?

La réponse est incluse dans son discours dont une grosse partie, identique à une vraie plaidoirie en faveur d’un Liban souverain, s’est focalisée ce vendredi soir sur cette énorme victoire géostratégique qu’a été et qu’est toujours l’extension au Liban du corridor maritime anti sanction Iran-Syrie, un corridor qui, émergé en pleine tension Russie/USA-OTAN en Méditerranée, fait indubitablement de la Résistance l’incontournable acteur de toute transaction énergétique à venir entre l’Orient d’une part et l’Europe de l’autre et ce, au détriment d’Israël:  

« Il y a quelques mois, a dit Nasrallah ce 26 novembre, nous avons lancé notre plan de sauvetage du peuple libanais pour faire face à la pénurie en essence et en mazout, et mettre un terme aux interminables files d’attente devant les stations d’essence, files d’humiliations. Cela dit, la soi-disant pénurie n’était en fait qu’un sale jeu entre des forces politiques, des cartels corrompus, car ces matières premières étaient bloquées en mer… A l’époque, nous avons annoncé notre intention de demander le soutien d’un ami, l’Iran qui a accepté de nous assurer ces matières, dans le but de briser l’hégémonie des cartels d’essence et de mazout. Aujourd’hui l’essence est accessible à tous, et les files d’attente ont disparus, et notre promesse d’assurer au peuple libanais de l’essence a été tenue. Nous réitérons ici même notre volonté et détermination à continuer à alléger la souffrance des gens (...) à l’approche de l’hiver. »

Et de souligner : « Notre espoir était de faire parvenir les navires iraniens au port de Tripoli mais, selon nos informations, les USA ont menacé le gouvernement. Et nous ne voulions gère affaiblir un gouvernement fraîchement formé, nous avons donc détourné le parcours des navires vers le port de Baniyas, et nous avons transporté le mazout et l’essence dans des camions citernes, depuis Baniyas vers Baalbek, en dépit de tous les dangers du trajet… Nous avons engagé trois navires. Nous avons clôturé la première étape de notre projet, et nous allons recommencer la seconde étape en engageant encore davantage de navires. »

C’est clair et net comme l’eau de la roche, le corridor maritime de la Résistance est censé s’inscrire dans la durée, contre vents et marées et quitte à déplacer le théâtre de toute confrontation à venir du ciel vers la mer, à grossir des rangs des « missiles tactiques sol-sol » ciblant Galilée, Golan occupé, Haïfa, Tel-Aviv, de « missiles antinavires » ou mieux de « drones navals ». Et c’est là, et à travers le prisme de cette évolution majeure que les événements éparses de la semaine qui s’achève, se contextualisent et prennent sens ensemble :

Le 20 novembre, l’armée sioniste a saigné en Palestine historique par un commando qui cherchait à faire prendre conscience à l’entité de l’état ultra explosif du front intérieur lequel s’embrasera parallèlement au Sud et au Nord, au moindre déclic ; le 22, la méga base US-terminal "Kharab al-Jir" à Hassaké, terminal par où l’Amérique contrebande le pétrole syrien vers Ashkelon en Israël a été pris frappé à coup de missiles tactiques, cinq en tout, ce qui a poussé les Yankee à lever 48 heures plus tard et partiellement la loi César et ce, avec en toile de fond cette riposte tonitruante de la DCA syrienne à la frappe aérienne des F-16 d’Israël contre Homs, réponse qui a dépassé l’espace aérien de la Syrie pour atteindre droit le ciel de Haïfa.

Nasrallah n’en a évidemment pas parlé vendredi soir, mais ce missile pourrait bien avoir été après tout, non pas un SA-5 comme l’espère encore Israël mais bien un "Antinavire hezbollahi" en mal de "ports israéliens". Surtout que le ciel de l’entité se montre trop permissive ces jours-ci à toute sorte de feu et de flammes qui se déclarent tantôt à Haïfa ou Nahariya tantôt au Néguev, non loin de Dimona. Après tout, cette base aérienne à T4 qui selon Gantz dit s’être transformée en base de drones anti-Israël, pourrait compter plus que cela n’a l’air, les « opérateurs de drones de la Résistance ».

Certains disent même que Gantz aurait perdu de vue, un autre site de drones syriens, Shayetat, aéroport situé toujours à Homs soit à 67 km de T4. C’est plus près d’Eilat, cœur pétro-gazier de l’entité sioniste, soit à 590 km, ce qui l’expose d’emblée aux drones de 1000 km de portée. Cette portée est idéal pour des UAV naval ou aérien. Le discours sur l’indépendance de Nasrallah n’y est pas revenu mais il y a eu comme un vague parfum de « Shahed-191 » et de « Simorgh » dans l’air car posons l’hypothèse sans façon : Qui empêcherait désormais Hamas, Cisjordanie et Hezbollah et Syrie d’engager ensemble une superbe « Epée de drones » synchronisée avec des centaines d’UAV contre Haïfa et Eilat ensemble ?… Ce sera à coup sûr l’an I de la vraie indépendance du Liban, celle de la disparition d’Israël au moins dans sa forme actuelle et celle surtout de la Renaissance de la Palestine.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV