C’est significatif : à la veille du premier anniversaire de la mort en martyr du savant atomiste iranien Fakhrizadeh par une arme « satellitaire » israélienne et alors que l'Iran s'apprête à aller à Vienne exiger la levée des sanctions US sinon annoncer la fin de sa coopération avec l'AIEA, le président iranien a tenu à exiger l'accélération du programme spatial iranien avec en toile de fond la mise en orbite GEO des satellites iraniens. Est-ce un ICBM en préparation ?
Selon l’agence de presse iranienne Fars, s’exprimant lors de la première réunion du Conseil supérieur de l'espace du 13e gouvernement, qui s'est tenue après une décennie de suspension, le président iranien a souligné le rôle de ce conseil dans l'élaboration des politiques et la rédaction d'une feuille de route pour le développement de l'industrie spatiale du pays avant d’ajouter : « Le fait que la première réunion du Conseil supérieur de l'espace ait eu lieu après 11 ans, témoigne de la détermination de ce gouvernement à donner de l’essor à l'industrie spatiale. »
Le président Raïssi a remercié les activités du ministère des Communications et des Technologies de l'information, du ministère de la Défense, du CGRI et de l'Armée dans le domaine spatial. « Grâce aux activités de nos jeunes spécialistes et professionnels, de bons efforts ont été faits dans le domaine de l'industrie spatiale », a-t-il indiqué.
Aujourd'hui, les sociétés de la connaissance (knowledge society), l'industrie, le commerce, l'agriculture et le tourisme peuvent utiliser les services spatiaux pour se développer et résoudre les problèmes liés au changement climatique, notamment la pénurie d'eau.
« Bien sûr, pour atteindre cet objectif, il nous faut un programme d'au moins 10 ans. Dans le cadre d’un plan précis et cohérent, nous devons avoir accès à une technologie développée pour LEO [low Earth orbit, orbite terrestre basse ou OTB en français], et dans la prochaine étape, nous devons passer rapidement au circuit de 36 000 km, ou l'orbite géostationnaire abrégée GEO, à la lumière d’une planification minutieuse et d’un travail acharné », a-t-il précisé.
Selon le président iranien, « si nous ne sommes pas présents dans l'industrie spatiale et le cyberespace, nous devrons nous déplacer sur la voie tracée par les autres. L'industrie spatiale est capable de générer une forme de dissuasion pour le cas où certains souhaiteraient attaquer le pays ».
Le 22 avril 2020, le CGRI est officiellement entré dans une nouvelle arène de capacité spatiale avec le lancement réussi de la fusée-sonde Ghased-1 à trois étages dans l’espace et l'injection réussie du satellite Nour-1 en tant que premier satellite militaire iranien.
Selon les informations disponibles, la fusée Ghased est capable de transporter 20 kg de fret en orbite. Mais le poids et les dimensions du satellite Nour-1 ne sont toujours pas clairs. En ce qui concerne la route du lancement de Ghased-1, elle a été lancée depuis la base spatiale du CGRI vers les côtes de Makran.
Le premier étage de Ghased-1 possède le propulseur du missile balistique « Qadr » et dans son deuxième, elle utilise le propulseur spatial à combustible solide « Salman ». Dans le troisième étage, un autre propulseur à combustible liquide est chargé de livrer le satellite à la vitesse requise et de l'injecter en orbite.
Ce que l'on peut déduire des propos du commandant de la Force aérospatiale du CGRI et du commandant de l'unité spatiale de cette force dans les jours qui ont suivi le lancement de la fusée Ghased, c'est que la feuille de route pour le développement de la technologie spatiale militaire a été rédigée et que les plans seront suivis conformément à cette feuille de route.
Le satellite Nour-1 est équipé de capteurs qui détectent, reçoivent et envoient des signaux qui testent plusieurs technologies importantes et sous-systèmes majeurs et ouvrent la voie au lancement d’autres satellites.