Le 22 avril, le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a mis en orbite basse le premier satellite militaire iranien, baptisée Nour-1, promettant qu'il est là sur le point d'explorer un terrain aux potentiels infinis. Ce faisant, il a fait de l'Iran l'un des rares pays au monde avec la Chine et la Russie à avoir des « missiles balistiques à base de lancement mobile ».
Dans un article daté de 5 juin, News Max fait tort au général John William Raymond, commandant en chef de l’United States Space Force, pour avoir comparé « Nour-1 » à un une « webcam rotative » dans l’espace, « incapable de fournir les informations dont [l’Iran] a besoin ».« Le général a dit que tout compte fait, le premier satellite militaire iranien ne pouvait pas être pris comme une menace. Mais il est loin d'avoir raison », dit la revue dans son article signé Peter Pry, Directeur exécutif du Groupe de travail du PEM aux États-Unis:
« Si le Commandement spatial américain ne prend pas au sérieux le fait que le CGRI peut désormais mettre en orbite un satellite militaire au-dessus des États-Unis et qu’il est parfaitement en mesure de développer des armes spatiales, alors qui doit le faire ? La mise en garde contre d'éventuelles menaces d'armes spatiales devrait être la première priorité de l’U.S. Space Command. Au fait, si le satellite Nour-1, mis en orbite le 22 avril, a fait l'objet de grossières railleries, c'est qu'aux États-Unis, on a tendance à être trop réducteur quand il s'agit de capacités militaires ennemies. »
« Le satellite Nour-1 est certes minuscule, ayant un volume de seulement quelques litres et dont le poids ne dépassant pas entre 5 et 14 kilogrammes (11-30 livres) - trop petit pour un “espion dans le ciel”, mais même minuscule, il est bien efficace pour bien de choses militairement utiles. Comment, me demandez-vous?
Nour-1 est certainement trop petit pour une arme nucléaire. En effet, la troisième étage de la fusée, ou son moteur Salman qui opère à combustible mixte, pèse probablement plus de 300 kg. Nos médias se sont tous concentrés sur Qassed, le lanceur, sans trop faire attention à Salman. Ces probables 300 kilos sont significatifs. Nour-1 et ses composantes montrent que le CGRI a la capacité de mettre en orbite un appareil pesant environ 105 à 344 kg au-dessus des États-Unis, ce qui suffit pour une arme nucléaire. »
De ses remarques sur les spécificités de Nour-1, il conclut :
« Des esprits suspects, comme le mien, pensent que le CGRI pourrait délibérément essayer de nous tromper en sous-estimant leurs capacités d'armes spatiales en séparant Nour-1 de sa troisième étage, en espérant que nous finissions par ignorer l'importance du minuscule satellite militaire, et cet effet recherché, il l'a obtenu quand l'US Space Commander s'est mis à moquer de l'Iran.»
Or le Commandement spatial américain et d’autres analystes ont tort de se concentrer uniquement sur le missile Qassed et d'autres composantes de Nour. Certes Qassed fait peur pour les raisons suivantes : Il marque le succès iranien à utiliser les missiles de moteurs-fusées à propergol solide dans les deuxième et troisième étapes qui est vue comme un grand pas en avant dans la technologie des missiles iraniens. Puis, les moteurs à propergol solide permettent de lancer rapidement un missile, avec une préparation minimale, augmentant la capacité d'attaque-surprise.
Le nouveau lanceur Qassed permet également au CGRI de faire l’opération du lancement n'importe où, augmentant ainsi la capacité d'attaque-surprise. On n'oublie pas non plus que le CGRI a lancé Nour-1 à l'improviste, tentant de surprendre le monde. Et puis si l'Iran peut développer des missiles balistiques à combustible solide et un lanceur mobile pour les lancer, ils rejoindront la Russie, la Chine et la Corée du Nord en tant que seuls pays au monde à disposer de missiles balistiques mobiles : missile optimisé pour une attaque-surprise. Même les États-Unis ne disposent pas de missiles balistiques mobiles.
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N'empêche que la troisième étage de cette fusée pourrait se nucléariser et dans pas trop longtemps. Le dernier rapport de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) affirme que la production d'eau lourde de l'Iran dépasse 130 tonnes et atteint 132.6 tonnes, que l'Iran a produit déjà 1571.6 kg d'uranium enrichi à plus de 4.5%. Et bien tout ceci n'augure rien de bon. Le Commandement spatial américain s'inquiète de ce qui est l'ébauche d'un ICBM (missile intercontinental) sans voir que la satellite iranienne en elle-même est aussi menaçante.
En 2019, les Iraniens évoquait un autre moteur, lui aussi « redoutable », Arash-24, qui au bout de plusieurs testes, vise à orbiter jusqu'à 21 000 kilomètres les satellites iraniens. Les Iraniens ne cachent pas d'ailleurs qu'ils visent un orbite de 36000 kilomètres. (La vidéo ci-jointe se porte sur les étapes de conception et de fabrication du moteur Arash-24.)