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Le triangle Jordanie-USA-Russie prêt à changer le jeu en Syrie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président Assad(archives)

Vu de loin, ce pipeline Arabe devant transiter du gaz égyptien à la Jordanie et de là au Liban par territoire syriens interposés,  pas tant à l'effet d'alléger les souffrances des Libanais que les Américains continuent à sanctionner puisque même "atomiquement attaqués", terriblement affamés et dépouillés de tout, ils n'ont pas livré le Hezbollah aux Yankees et à leurs soldats de l'OTAN, mais surtout pour que le corridor maritime anti-sanction Iran-Syrie-Liban, symbole de l'impuissance des bluffeurs sionistes à mettre à exécution leur menace de guerre, cesse d'exister, et que le monde cesse, avec un rictus affiché, de reprocher aux USA de trainer comme un fardeau une entité israélienne qui même alimentée en flot de dollars n'est pas foutue de de de tirer ne serait-ce qu' un seul missile antinavire contre un tanker, du moment que ce dernier est passé sous la couleur du Hezbollah,  et bien ce pipeline Arabe a plus ou moins  réussi la première partie de sa mission. Et Comment?

Après dix ans le président Assad s'est entretenu hier au téléphone avec le roi de Jordanie, Abdellah II. certes  Amman et Damas n'ont jamais rompu totalement leurs liens et que m^me au plus fort de la guerre, le point de passage Nassib/Jaber, artère stratégique du commerce golfo-syrien fonctionnait cahin caha,  n'empêche que le QG de MOK a pendant très longtemps réuni officiers US, israéliens, otaniens et golfiens pour tirer des plans contre l'armée et l'Etat syriens, et même que le ciel jordanien offrait jusqu'à très récemment, disons début septembre date à laquelle l'armée de l'air israélienne a perdu la bataille  dans le ciel syrien,  une base arrière aux F-16 israéliens pour qu'ils bombardent les "positions iraniennes" en Syrie. Disons que le roi Abdellah qui vient d'interdire aux médias jordaniens d'utiliser le mot "régime Assad" et qui par la reprise de ses liens avec Damas, a déjà ouvert grand les portes de la Syrie aux Emirats et aux autres pays du golfe Persique pour qu'ils viennent eux aussi investir en Syrie à la faveur d'une levée partielle de la loi Cesar n'a pas encore abordé la question "Iran-Hezbollah".

Une toute dernière localité à Deraa, province stratégique longeant le Golan occupé et la Jordanie, qui a été pendant très longtemps une "zone tampon" israélienne, vient de tomber sous contrôle de l’armée syrienne, et si le pipeline Arabe devrait un jour passer la Syrie, c'est d'abord par Deraa qu'il faut qu'il passe. Evidemment c'est l'armée syrienne qui prend la contrôle de cette province du sud mais cela ne règle du tout le problème puis entre la Syrie et le Liban encore le pipeline devra transiter par le sud libanais, bastion avéré du Hezbollah. D'une manière ou d'une autre donc la place de la Syrie au sein de l'axe de la Résistance ne peut être éternellement esquivée. Surtout que le coup de Quneitra, que l'armée syrienne a repris avant de le remettre au Hezbollah et aux conseillers militaires iraniens pour qu'ils en fassent une base balistique anti Israël de façon à ce que des missiles M-600 aillent jusqu'au Néguev ( avril),  la mer Morte '(20 août) voire Gush Dan près de Tel-Aviv (1er septembre) est largement présent à l'esprit d'Abdellah II et que vu ses liens privilégié avec Tel-Aviv il ne peut éternellement ne pas en parler à Assad. 

Bref, la Jordanie aime la Syrie mais elle a des engagement envers les Etats Unis qui moyennant 800 millions de dollars de rente annuelle a totalement occupé le nord jordanien pour être tout près de la Résistance en Syrie et en Irak en vue des clashs à venir. Relevons toute de même qu'alors du rapprochement Surie/Jordanie, le Pentagone continue à envoyer troupes et camions citernes dans l'est de l'Euphrate détourner le pétrole syrien et ce ne sera pas une possible levée partielle de César qui l’empêchera à détourner cette grosse manne qui à l'aide de la Turquie d'Erdogan va jusqu'à Ashkelon en Israël.  

 Le journal Al-Sharq Al-Awsat, pro Riyad et basé à Londres, croit savoir plus de ce volet "anti Hezbollah" de la mission d'Abdellah II de Jordanie : il dit être au courant de l'existence d'un « document secret » concernant le changement de cap de Damas soit de sa normalisation" comme condition de son retour au concert des Arabes.

Ce document proposerait une nouvelle approche pour traiter avec le gouvernement de Bachar Assad qui mettrait fin à des décennies de politique dit du renversement de gouvernement en Syrie, et ce, en proposant des mesures visant à « changer progressivement le comportement de Damas » et à conduire "au retrait de toutes les troupes étrangères de Syrie qui y ont été déployées depuis 2011, un document qui  reconnaîtrait également les « intérêts légitimes » de la Russie en Syrie. En termes plus clair, la Jordanie demanderait la mise à la porte de la Résistance en Syrie en échange d'une normalisation et elle le ferait en sorte que les Russes y trouvent eux aussi leurs comptes. 

Le journal poursuit : " Un haut responsable occidental a déclaré que le contenu du document avait auparavant été examiné par des dirigeants arabes, dont le roi Abdallah II de Jordanie, le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine, et en marge de l'Assemblée générale des Nations-Unis et du sommet international de Bagdad. Il met en relief l'échec de l'interaction avec Damas au cours des 10 dernières années, puisque 6,7 millions de Syriens sont des réfugiés, 6,6 millions sont déplacés et 13 millions ont besoin de l'aide humanitaire. De plus, 80 % des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté et 2,5 millions d'enfants n'ont pas accès à l'école.

Or une nouvelle approche s'impose, appelant à un recentrage sur la solution politique en Syrie conformément à la résolution 2254 de l'ONU et abordant la crise humanitaire et ses conséquences sécuritaires en Syrie et chez ses voisins, et comprenant diverses mesures. Et sa mesure phare?  "la lutte contre le terrorisme daechiste certes mais surtout la restriction de l'influence croissante de l'Iran et de ses alliés dans ce pays arabeAl-Sharq Al-Awsat affirme surtout  que "le retrait de tous les éléments non syriens des lignes de contact", puis" le retrait de toutes les forces étrangères", en échange du "retrait des forces américaines et du démantèlement de la base d'al-Tanf sur la frontière syro-jordano-irakienne, ainsi que l'ouverture de canaux de coordination entre l'armée syrienne et les forces de sécurité ( US) d'une part, et leurs homologues des pays voisins (golfiens) pour assurer la sécurité des frontières communes de l'autre, sont les autres propositions stipulées dans le document.

Et puis tout ceci sur fond de cette axiale mesure : « Il est nécessaire de retenir le soutien de Moscou à la nouvelle approche, et d’accepter en contrepartie les intérêts légitimes de la Russie et la coopération avec elle pour identifier un terrain d'entente dans l'espoir de faire avancer une solution politique et de mettre en œuvre la résolution 2254 du Conseil de sécurité »

L'observateur averti l'aura compris, Abdellah II de Jordanie  a pour mission délicate de se servir de la Russie contre la Résistance, de convaincre Assad de jeter la "proie iranienne" pour l'ombre "golfien", de repartir à zéro,   puisque cette clause du plan dit "lutte contre le terrorisme", cela veut dire très clairement que le plan Daech, l'axe US/Israël/golfiens n,'y renoncerait pas puisque c'est là une caution de présence éternelle. Assad acceptera-t-il ce deal même si la Russie, comme le prétend le journal saoudien, le lui demanderait? 

Très significativement un communiqué conjoint syro-russe a été publié ce lundi où  les délégations de coordination syro-russes déclarent que la présence illégale des États-Unis et de leurs alliés en Syrie était le principal obstacle au développement du pays et au retour à la normale. Le texte indique que le gouvernement syrien continuera ses efforts pour rapatrier les citoyens syriens dans le pays. 2 306 584 Syriens sont jusqu'à présent rentrés chez eux.

On croit y voir un début de réponse ou alors un délicat jeu russo syrien qui cherche à donner du temps au temps, à jouer le jeu, a aller en avant en attendant le moment propice à refaire le coup de Deraa. Alors même qu'Abdellah II continue toujours à esquiver intelligemment la question Hezbollah Iran dans ses dicussions avec la Syrie, cette dernier est sur le point de refaire le coup de Deraa à Idlib om le Sultan et ses mercenaires copieusement bombardé par Iskandar, Grad, drones, MiG-29, voient défiler dans le ciel le spectre des drones de la Résistance. Quant à la Syrie est, tout porte à croire qu'Assad ne croit pas trop à la fable d'un retrait à l'amiable des USA , à une restitution d'al Tanf à l'Etat syrien en échange d'une rupture avec l'Iran et le Hezbollah. Le site d’information South Front rapporte que les conseillers militaires du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) ont commencé à former des militaires syriens dans la province syrien oriental de Deir ez-Zor à l'utilisation de drones contre Daech et les terroristes. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), vitrine du MI6, 25 officiers syriens participeraitt au stage de formation qui se déroulerait dans une ferme située dans la banlieue de la ville d'al-Mayadeen, dans le sud de Deir ez-Zor.

L’OSDH n'a fourni aucune information sur le type de drones. Mais il s'agirait de petits drones à voilure fixe ou quadricoptères couramment utilisés pour la reconnaissance de première ligne. Ce n'est évidemment pas son genre à l'OSDH de  synthétiser ce genre informations, mais Deir ez-Zor n'est pas si loin du nord de la Jordanie et de ces bases aériennes qu'Amman a loué aux troupes US que tout porte à croire  ne pas être  éternelles ni en Irak ni en Syrie. Assad le sait mieux que quiconque Daech ne compte que des kamikazes, ce sont les officiers US qui agissent sous sa couverture et ce sont eux qui savent manier les drones. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV