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Equilibre de dissuasion 7: Aramco pris pour cible

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les Yéménites résistent aux agressions de la coalition saoudienne. (Illustration)

Menée par les forces armées yéménites et les combattants d’Ansarallah, la septième série des opérations dites "Équilibre de dissuasion" contre les installations pétrolières dans les profondeurs de l'Arabie saoudite s'adresse à l’ennemi saoudien et ses alliés dont les Etats-Unis.

Ce lundi 6 septembre, Yahay Saree, porte-parole des forces armées yéménites, a annoncé le début de la septième série d’opérations connues sous le nom d'Équilibre de dissuasion. L’annonce fait suite aux rapports sporadiques faisant état de frappes de roquettes et de drones lancés par les forces yéménites contre les positions saoudiennes en riposte à l’intensification des attaques de la coalition dirigée par Riyad sur les zones civiles au Yémen, mais aussi à la violation de l’accord sur le cessez-le-feu dans la province de Hudaydah.

Au cours de la septième opération de l’Equilibre de dissuasion, les installations affiliées au géant pétrolier saoudien Aramco dans la région de Damdam, dans l'est de l'Arabie saoudite, ont été prises pour cible par huit drones Samad-3 et un missile Zolfaghar. De même, les installations de Saudi Aramco à Djeddah, Jizan et Najran ont été visées par cinq missiles de type Badr-2 et deux drones Samad-3, a rapporté l’agence de presse iranienne Tasnim, citant Yahya Saree.

Opérations de dissuasion d’Ansarallah: des fins économiques et militaires

La première opération de dissuasion a eu lieu le 17 août 2019 ; lorsque des drones de l'armée yéménite et des comités populaires ont pris pour cible le champ pétrolier d'Aramco dans le sud-est de l'Arabie saoudite, à environ 10 kilomètres de la frontière des Émirats arabes unis. Le champ a une capacité de stockage de plus d'un milliard de barils de pétrole. 

Le 14 septembre 2019, la deuxième opération a été menée, au cours de laquelle les installations pétrolières d'Aramco à Abqaiq et Khurais dans l'est de l'Arabie saoudite ont été ciblées avec 10 drones. L’attaque a engendré une chute de la production de 5,7 millions de barils par jour, soit 6% de l’approvisionnement mondial et 50% de la production de Saudi Aramco, conduisant à une augmentation d’environ 18% du cours de pétrole.

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Cinq mois plus tard, en février 2020, la troisième opération de dissuasion a été menée, cette fois deux missiles balistiques Qods, 12 drones Samad-3 et des missiles balistiques à longue portée de type Zolfaghar ont été déployés lors des frappes contre les installations d’Aramco et d’autres cibles vitales à Yanbu, à l’ouest de l’Arabie saoudite.

La quatrième opération d’Equilibre de dissuasion a eu lieu le 4 juin 2020. Elle a été menée de manière calculée et avec un ensemble de drones Samad-3, de missiles de croisière et de missiles balistiques : les emplacements militaires et de renseignement sensibles dans la capitale saoudienne ont été pris pour cible à quatre reprises consécutives. Cette quatrième série d’opérations a notamment montré que le champ des attaques d’Ansarallah s’était élargi et que dorénavant les cibles non économiques faisaient partie de l’ordre du jour de la Résistance yéménite.

Visant à nouveau Riyad, la capitale saoudienne, et les deux villes d'Abha et de Khamis Mushait, dans le sud du pays, la cinquième opération d’Equilibre de dissuasion a eu lieu le 28 février 2021, huit mois après la quatrième.

Au cours de la sixième opération, menée une vingtaine de jours plus tard, le 17 mars 2021, dix drones Samad-3 et un missile Zolfaghar ont frappé les installations d’Aramco dans le port pétrolier de Ras al-Tanura et des positions militaires dans la ville de Dammam, dans l’est de l'Arabie saoudite. De plus, quatre drones Qasef-K2 et sept missiles Badr ont ciblé des zones situées dans les provinces d’Asir et de Jizan, dans le sud de l'Arabie saoudite.

Dans les circonstances actuelles où la région traverse une période plus que délicate, le lancement des opérations d'une telle ampleur contre le fin fond de l’Arabie saoudite et en un laps de temps pas si court, mérite d’être examiné à bien des égards:

- Après que le nouveau président américain Joe Biden a annoncé avoir suspendu les ventes d'armes à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis et a appelé à une solution politique à la crise yéménite, Mohammed Ali al-Houthi, membre du Conseil politique suprême du Yémen, a souligné que les déclarations de Biden ne sont que des paroles et que “nous attendons la fin de la guerre et du siège et n’accepterons ni arrogance ni humiliation”, exigeant que toute négociation doit mettre en avant les intérêts du Yémen.

Cependant, près de neuf mois après que les États-Unis ont prétendu vouloir mettre fin à la guerre au Yémen, les avions de chasse de la coalition saoudienne continuent de cibler les civils yéménites dont des femmes et des enfants, alors que la levée du siège du Yémen n’est pas au rendez-vous. D’où la poursuite des attaques de l’armée yéménite et des combattants d’Ansarallah en riposte aux agressions de l’ennemi.

- Quant à la récente opération, elle constitue principalement un message à l’adresse de l'ennemi saoudien selon lequel, les forces d’Ansarallah ne sont pas seulement capables de riposter, mais ont aussi une capacité de dissuasion. Ainsi, les forces yéménites sont plus que jamais prêtes à résister à la poursuite des agressions ennemies et du siège contre le Yémen.

L'opération a également envoyé un message à la nouvelle administration américaine indiquant que les Yéménites ne seraient pas influencés par les complots et les scénarios occidentaux pour arrêter leurs progressions militaires, et que la Résistance yéménite se poursuivrait jusqu'à ce que les promesses de Washington sur la fin à la guerre au Yémen se concrétisent.

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En outre, l'opération coïncide avec l'avancée continue des forces yéménites dans la ville stratégique de Maarib: les sources sur le terrain faisant état de l’encerclement de Maarib par les combattants d’Ansarallah qui viennent de libérer plusieurs points stratégiques en direction du centre-ville. Maarib est le bastion le plus important de la coalition saoudienne et regorge de ressources financières.

- L'Arabie saoudite, qui considère Maarib comme perdue, a tenté ces derniers mois d'empêcher la victoire des forces du gouvernement de salut national par divers moyens, notamment par le transfert d'éléments extrémistes d’autres régions du Yémen et des terroristes de Daech. Alors que ces projets ont fini par échouer, l'Arabie saoudite a cherché à montrer son ardeur à un accord politique en faisant de nouvelles revendications et en recourant à la médiation occidentale pour parvenir à un accord tel que le mémorandum de Stockholm sur le cessez-le-feu dans le port de Hudaydah, avec pour objectif d’entraver la libération du centre de Maarib. L’accord de Stockholm ayant été violé par les Saoudiens, le gouvernement yéménite de salut national à Sanaa, a souligné qu'aucun nouvel accord ne sera trouvé tant que le siège n’aura pas complètement été levé et que l'affaire des crimes commis contre les civils yéménites ne sera résolue.

- Le retour de Maarib au gouvernement de Sanaa prive la coalition saoudienne de sa plus importante source de revenus au Yémen. La source sur laquelle l’Arabie saoudite s’appuie en grande partie pour équiper les forces et poursuivre la guerre. La perte de Maarib constituera donc un grand pas vers la fin de la guerre en cours pour la septième année et un retour à la normale pour les citoyens yéménites qui espèrent obtenir des salaires corrects.

Les évolutions laissent deviner que toute nouvelle intensification des agressions contre les civils yéménites sera suivie par les huitième et neuvième opérations d’Equilibre de la dissuasion : Yahya Saree ayant souligné que le peuple et les combattants yéménites continueront à résister jusqu’à la libération de tout le pays du joug de l’Arabie saoudite et de ses mercenaires. Le Yémen semble connaître des développements plus importants à l'avenir, notamment le renforcement de la position du gouvernement de salut national à Sanaa, et de l’insécurité à l’intérieur de l'Arabie saoudite.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV