Une fois de plus, le général de brigade Yitzhak Brick, officier supérieur et l’ancien commandant de l’armée israélienne, a sévèrement mis en garde contre l'incapacité de l'armée sioniste à se déployer sur plusieurs fronts, si une prochaine guerre venait à éclater. Énumérant les faiblesses de l'armée, en particulier celles de la force terrestre, il a qualifié de “canular” le système antimissile américain appelé Dôme de fer.
Sur fond de la montée des tensions aux frontières nord et sud des territoires occupés, le régime sioniste, n’ayant pas oublié les expériences du passé, continue à appeler à une solution au dangereux défi militaire que posent les missiles de la Résistance. Les milieux politiques sionistes ont d’ores et déjà exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité d'une guerre de missiles sur divers fronts, affirmant qu'une telle guerre est un cauchemar. D’autant plus qu’il est désormais clair que le Dôme de fer n'est pas en mesure d’assurer la couverture complète de toute la Palestine occupée.
Les demandes font suite aux tensions militaires avec la bande de Gaza en mai dernier, mais aussi au tir d'un certain nombre de missiles depuis le sud du Liban sur les colonies sionistes situées à la frontière nord de la Palestine occupée à la fin de la semaine dernière.
Le général de brigade Yitzhak Brick est un membre haut placé de l'armée sioniste et une figure qui avertit depuis des années qu’Israël est incapable d’entrer en guerre sur divers fronts, ni militairement ni politiquement. Brick est aussi le commissaire aux plaintes des forces armées depuis dix ans et prête l’oreille aux voix qui montent au sein de l’armée israélienne et parmi les soldats et les commandants.
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S’adressant aux membres du comité de contrôle d’État composé de représentants et d'un certain nombre d'officiers supérieurs de l'armée, Brick qui s’approchait de l'âge de la retraite, a critiqué dans un rapport l’état déplorable dans lequel se trouve l’armée israélienne: ses critiques se sont concentrées sur la détérioration du niveau de l'armée et l'existence d'une série de problèmes, en particulier parmi les forces terrestres.
Dans son rapport de 270 pages qui date de la fin 2018, il a déclaré avoir visité 1 400 unités militaires et parlé à des dizaines de milliers de commandants et de soldats au cours de sa carrière, affirmant qu'il a découvert des problèmes complexes aux niveaux logistique, technologique et exécutif, mais surtout une mauvaise organisation qui est un problème profond et non résolu.
Le rapport, l’un des plus exhaustifs jamais rédigé par Brick, précise que l’armée n’utilise pas les équipements technologiques dernier cri dont elle dispose et qu’il ne faut pas croire les officiers qui disent les avoir utilisées. En outre, la communication interne dans l'armée se fait par courrier électronique, et de nombreux officiers et commandants ont informé Brick qu'ils ignoraient ces messages et les supprimaient; “imaginez envoyer un e-mail au milieu d'une guerre, sans savoir si le destinataire le lira ou non! Dans quelle guerre serons-nous alors impliqués ? Comment la gagnerons-nous ?”, s'interroge Brick.
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En raison de la détérioration de la situation militaire, Brick a demandé à l’époque qu'un comité d'enquête officiel soit mis en place pour faire face à la politique du silence menée par les officiers de toutes les unités. Brick a de nouveau critiqué les militaires après la fin de la guerre en mai dernier, écrivant dans un article publié par le journal Haaretz qu’Israël avait été témoin d'un scénario très effrayant en mai, et les idées reçues selon lesquelles Israël pourrait gagner des guerres en s'appuyant sur la puissance aérienne ont volé en éclats. Selon lui, il s'agit d'une idée que l'armée a tenté de faire revivre lors de l'opération connue sous le nom d’Epée de Qods en mai dernier à l’aide d’un certain nombre d'anciens commandants militaires qui travaillent maintenant comme analystes dans les médias.
Brick a également noté que lors de la récente guerre, l'armée avait déployé presque tous ses combattants et a bombardé les infrastructures militaires du Hamas et du Jihad islamique à Gaza jour et nuit; des centaines de vols ont été effectués et des centaines d'avions ont largué des milliers de bombes ponctuelles coûtant des milliards, dans une petite zone, cependant, ils n'ont réussi à mettre fin aux tirs de missiles et de roquettes qu’à l’établissement du cessez-le-feu.
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Il a souligné que les combattants du Hamas et du Jihad islamique ont continué à tirer des roquettes et des obus de mortier, comme si de rien n'était, et qu'ils semblaient capables de poursuivre l’opération pour encore longtemps. Dans une interview avec Channel 7 de la télévision israélienne, Brick a mis en garde contre le fait de se fier uniquement à l'armée de l'air pendant la guerre, affirmant que les groupes de résistance à Gaza avaient gagné la récente confrontation.
Brick estime que ce sont les positions souterraines des commandants du Hamas à Gaza qui devraient être attaquées, car, ce sont eux qui prennent les décisions et les missiles sont construits dans ces mêmes endroits que l'armée de l'air ne peut attaquer. Etant donnée qu’un grand nombre de soldats pourraient être tués, poursuit l’ancien responsable, Israël craint surtout une guerre terrestre c'est pourquoi il s'appuie sur les forces de l’air.
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L'expert israélien de haut rang a déclaré que les groupes palestiniens avaient réussi à paralyser la moitié d'Israël lors de la récente guerre et à neutraliser le système antimissile Dôme de fer et des bombes intelligentes, amenant à une situation où une guerre totale aurait pu éclater à tout moment.
Ce qui a commencé à Qods, affirme-t-il, s'est propagé à la Cisjordanie et aux Palestiniens en territoire occupé; Israël risque d’être confronté à une offensive d’envergure qui l’oblige à faire la guerre sur plusieurs fronts et entraîne la mort des milliers de personnes.
Loin d’être prêt à sous-estimer le Dôme de fer, Brick décrit ce système comme une “tromperie” alors que 250 000 missiles pourraient être tirés en direction des territoires occupés. Parmi les missiles, un grand nombre sont des missiles de précision qui d’ une portée de centaines de kilomètres, peuvent chacun transporter des centaines de kilogrammes d’explosifs. Brick affirme qu'Israël est incapable de trouver une solution ou une réponse efficace à la nouvelle équation qui vient d’être créée.
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Le front intérieur est un point faible majeur
Plus tôt, des responsables israéliens des ministères de la Sécurité et de la Santé avaient averti que le système de santé en Israël s'effondrerait à bien des égards, si la guerre éclatait. Ils ont également averti que l'armée aurait des difficultés à évacuer les soldats blessés des champs de bataille.
Citant ces mêmes responsables, le journal Haaretz avait averti en 2019, que les deux ministères ne seraient pas en mesure de traiter un grand nombre de blessés lors d'une future confrontation militaire sur plusieurs fronts, d'autant plus que les ennemis avaient amélioré leurs armes alors que l'armée israélienne ne s’était pas adaptée à ces évolutions.
Le général de brigade Yitzhak Brick a par ailleurs indiqué que l'armée israélienne était confrontée à une pénurie de 30% d'ambulances militaires et à une pénurie de 20% de personnel médical dans les installations médicales militaires. Estimant qu'en cas d’une guerre multi-front, les forces de secours seraient obligées de renoncer à aider aussi bien les soldats sur le champ de bataille que les civils dans les bâtiments détruits par les tirs de roquettes, Brick a affirmé: "Je ne veux pas faire partie de ceux qui prennent de telles décisions à ce moment-là.”