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La Jordanie transformée en bouclier d’Israël face à la Résistance…

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les forces américaines prennent refuge en Jordanie pour éviter les missiles et drones de la Résistance. (Photo à titre d'illustration de Mashregh News)

La Jordanie va-t-elle devenir le bouclier d’Israël face à la Résistance? Le mois dernier, la Maison-Blanche a fait part de l’évacuation de bases militaires américaines dans certains pays de la région et leur centralisation en Jordanie. Un article publié par le site d'information et d'analyse politiques Mashregh News nous révèle les détails du pari risqué d'Amman.

Presque 65% des quelque 70 000 militaires américains déployés dans la région ont commencé pendant la première semaine de juin 2021 leurs redéploiement et répartition suivant une nouvelle approche politico-militaire des États-Unis de Biden qui comprenait entre autres la levée complète de la base militaire d’al-Sailiya au Qatar et son transfert à la Jordanie. À cela s’ajoute le transfert d’environ 12 000 militaires américains d’Afghanistan dont une moitié va être transférée aux pays voisins comme le Tadjikistan, le Pakistan, le Turkménistan et aussi la Jordanie ; sans oublier de petites bases militaires américaines au Koweït, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis qui devront eux aussi être transférées en Jordanie.

En effet, la mise en œuvre de l’accord militaire américano-jordanien avait commencé en février dernier, avec à l’horizon l’octroi de vastes concessions sur une durée de 15 ans aux militaires américains en Jordanie. 12 bases aériennes ou maritimes devront être confiées aux Américains, dont quatre seront utilisées conjointement par les forces américaines et jordaniennes à des fins multiples y compris les entraînements militaires.

La 470th Brigade de renseignement militaire de l’armée américaine recevra l’autorisation d’utiliser la base aérienne d’Azraq, connue sous le nom de Muwaffaq Salti, en plein centre du désert de la Jordanie dans un endroit situé à 200 km de la frontière irakienne. Cette base multifonctionnelle deviendra ainsi la principale base militaire américaine dans la région pour accueillir des avions sans pilote, une nouvelle cellule d’opérations pour assumer toutes les missions de commandement, de contrôle et d’opérations militaires. De même, les bandes d'atterrissage de la base d’Azraq devront être rénovées afin de pouvoir accueillir les géants transporteurs C-17, ainsi que les avions de chasse F-15, F-16 et F-35.

Quelles sont exactement les concessions accordées aux USA ?

L’accord prévoit le début des activités américaines au principal complexe de formation militaire de la Force aérienne royale jordanienne (RJAF), où sont installés des simulateurs d’avions de combat. Les forces américaines seront aussi actives dans la base d’entraînement des forces armées jordaniennes à Humaima, une base située à 65 km de la base navale d’Aqaba.

L’accord jordano-américain permettra aussi l’activité militaire américaine dans la base aérienne Roi Abdallah à Amman qui est aussi le centre de commandement de la force aérienne jordanienne, ainsi que dans la base aérienne Roi Abdallah II à Zarqa, sans oublier d’autres bases militaires qui devront recevoir les forces américaines ; la liste qui suit nous en dit plus en détail :

La base navale de la marine royale jordanienne à Aqaba qui recèle l’Académie navale de la Jordanie, la base d’entraînement militaire de Quweira au sud de la Jordanie ; le Centre de formation aux opérations spéciales Roi Abdallah II est une installation située à Amman, spécialisée dans les dernières tactiques, techniques et procédures de lutte contre le terrorisme, d’opérations spéciales et de guerre irrégulière ; la base aérienne Prince Hassan, la base aérienne Al-Jafr (Roi Faisal), le camp d’entraînement militaire d’al-Tatn ; et pour finir la liste, les 15 postes-frontières le long des frontières avec l’Irak et la Syrie, dont chacun est une petite caserne.

Des mesures qui méritent réflexion

Simultanément aux vastes activités militaires dans certains pays, certaines mesures ont été prises en Jordanie dont on pourrait dire qu’elles ne sont pas sans rapport les uns avec les autres.

Le nombre des soldats américains en Jordanie est passé de 3000 à 6000 au cours du dernier mois et pourrait toujours accroître. De même, tous les équipements militaires de la base d’al-Sailiya du Qatar, plus 2000 effectifs militaires ayant quitté le sol afghan, ont été transférés vers la Jordanie.

Lire aussi : "Amman trahit Israël et veut un pipeline chiite" (Begin-Sadat)

Le Congrès américain a approuvé en juillet des révisions sur les relations avec la Jordanie, y compris l’activation d’un traité militaire bilatéral. De même, de nouvelles informations ont été ajoutées aux documents dont dispose le Congrès américain sur le coup d’État du mois d’avril, tentative de coup d’État effectué avec l’appui américain, par le Prince Hamza à l’aide de certaines tribus de Jordanie.

Des bases aériennes et navales en Jordanie s’apprêtent à accueillir des officiers américains, avec, entre autres, des annonces de recrutement pour embaucher traducteurs, chefs cuisiniers, chauffeurs ou livreurs ayant une maîtrise de la langue anglaise.

Quels sont les vrais objectifs de toutes ces accélérations façon américaine en Jordanie ?

- Se maintenir aussi loin que possible de la ligne de tir des missiles iraniens qui peuvent couvrir la région du golfe Persique, de l’Ouest irakien et de l’Est syrien, sur fond de menaces croissantes des drones de la Résistance pour les bases militaires et les intérêts des États-Unis en Irak ;

- profiter des infrastructures aérienne et navale de la Jordanie, à quoi s’ajoutent les forces armées jordaniennes et leurs unités spéciales ;

- se réserver, pour eux-mêmes et leurs alliés, la possibilité d’action et de réaction sur une superficie équivalant 75% de toute la région de l’Asie de l’Ouest, étant donné l’emplacement des bases aériennes jordaniennes en plein milieu de la région ;

- profiter de la situation et des moyens particuliers des bases militaires du Sud jordanien pour agir en mer Rouge et écarter des menaces maritimes dans cette zone ;

- profiter des forces, armement et équipements militaires de la Jordanie pour protéger Israël, situé pas très loin de la Jordanie ;

- faire réunir les conditions pour constituer une plus grande force militaire dans la base d’al-Tanf [en Syrie tout près de la frontière irakienne] afin de pouvoir observer les activités des forces de la Résistance dans les provinces syriennes de Deir ez-Zor, Deraa et Soueïda ;

- se fournir une force terrestre plus performante capable d’entraver le bon fonctionnement du corridor terrestre de la Résistance qui commence depuis l’Iran, et continue son chemin jusqu’au Liban, en passant par l’Irak et la Syrie.

Bref, si les États-Unis vont mettre la main sur plus de 14 bases ou camps militaires en Jordanie, c’est parce qu’ils ont affaire à un adversaire redoutable. C’est ainsi que les Américains ont choisi particulièrement le Nord jordanien pour le nouveau fief de tous ces renforts militaires, dans le vain espoir de gérer leurs agissements contre l’axe de la Résistance, depuis un endroit limitrophe avec l’Irak et la Syrie. À travers ces arrangements militaires, les Américains comptent certainement fortifier leurs positions militaires actuelles dans l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, afin de couper la liaison entre les composants de l’axe de la résistance, depuis l’Iran jusqu’au Liban, passant par l’Irak et la Syrie, quitte à miner le territoire jordanien, face aux actes de représailles des forces de la Résistance. Amman pourrait devoir payer cher ce « deal » avec l’axe USA-Israël…

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SOURCE: FRENCH PRESS TV