À écouter le président russe qui ayant assisté dimanche 25 juillet à la grande parade annuelle de la flotte russe sur la Néva à Saint-Pétersbourg, se félicitant que la flotte russe soit capable de détecter et de détruire «n'importe quelle cible» et qu'«aujourd'hui, elle ait tout ce qu'il faut pour défendre de manière infaillible la patrie et les intérêts nationaux russes», on croirait que c'est le parcours de la marine iranienne qu'il est en train de décrire. Poutine a assuré aussi que la Russie était capables de détecter n'importe quelle cible ennemie sous l'eau, à la surface ou dans les airs, et de lui porter un coup létal si nécessaire». Et d'ajouter : « La Russie a gagné sa place parmi les “principales puissances maritimes mondiales” en ayant développé de simples embarcations et en les transformant en “aviation navale efficace à courte et longue distances, des systèmes de défense côtière fiables et des armes hypersoniques dernier cri de haute précision”, qui n'ont pas d'équivalent dans le monde et qui continuent d'être améliorées constamment et avec succès.»
Eh bien, peu d'analyste serait enclin à se garder de faire le parallèle à cette 7ee flotte iranienne, invité d'honneur de cette grande parade navale. Arrivé à Saint-Pétersbourg samedi, le commandant de la marine iranienne Hossein Khanzadi y prenait d'ailleurs en rafale spéciale sur une invitation officielle du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.
D'ailleurs , le commandant de la marine iranienne, le contre-amiral Hossein Khanzadi, a qualifié la présence des navires iraniens Sahand et Makran dans le golfe de Finlande d'événement historique. Ce succès signifie l'ouverture des portes de la mer du Nord et de la Finlande à la flotte iranienne. Il prévoit également de rencontrer de hauts responsables de l'armée russe et ses homologues au sein des pays ayant participé au défilé de la marine russe.
Les médias américains et britanniques ont passé des mois à s'inquiéter de la cargaison et de la destination possible d'une flottille de navires de guerre iraniens à deux navires qui s'est déployée dans l'océan Atlantique ce printemps. Plus tôt ce mois-ci, le commandant de la marine iranienne s'est vanté que l'Amérique avait été «terrifiée» par la nouvelle capacité de l'Iran à projeter sa puissance. Le destroyer iranien Sahand a participé dimanche à un grand défilé naval à Saint-Pétersbourg, en Russie. Le destroyer de classe Moudge a rejoint plus de 50 autres navires dans le défilé, dédié au 325e anniversaire de la marine russe, l'Inde et le Pakistan envoyant également des navires de guerre en Russie pour l'occasion.
Le Sahand, qui est arrivé à Saint-Pétersbourg avec le navire de soutien Makran, a été vu naviguant dans le port de Kronstadt lors des festivités de dimanche, battant le drapeau national iranien alors que des officiers et des marins se tenaient au garde-à-vous.
L'armée danoise partage des photos de navires de la marine iranienne repérés dans la mer Baltique
Avant de se rendre en Russie, le Sahand et le Makran ont traversé les eaux danoises, le ministère de la Défense du pays ayant publié des photos des navires de guerre traversant ses territoires maritimes.
Les navires ont commencé leur voyage en mai, se dirigeant vers le sud à travers l'océan Indien, faisant le tour du cap de Bonne-Espérance, puis voyageant vers le nord-ouest jusqu'à la côte ouest de l'Afrique, se déployant dans l'océan Atlantique pour la première fois dans l'histoire navale de l'Iran. La destination des navires a fait l'objet de mois d'intenses débats de la part des médias américains, qui craignaient qu'ils ne transportent des armes ou du carburant vers le Venezuela, et envisageaient même la possibilité de déployer la puissance navale américaine pour tenter de les arrêter.
Cependant, la semaine dernière, au lieu de se diriger vers le Venezuela, le Sahand et le Makran ont navigué de manière inattendue sur la côte nord-ouest de la France et à travers la Manche, à travers le détroit du Danemark et dans la mer Baltique pour participer au défilé à Saint-Pétersbourg. Ce voyage a suscité de nouvelles craintes, cette fois dans la presse britannique, alors que les navires pourraient avoir tenté de recueillir des renseignements pendant leur transit. Le Sahand est un navire de guerre de la classe Moude (littéralement « Wave ») avec un déplacement de 2 500 tonnes, une longueur de 95 mètres et un effectif de 140 officiers et marins. L'équipement du navire comprend des radars à longue portée, des systèmes de guerre électronique et de leurre, des canons navals, des canons et des mitrailleuses, et des missiles sol-air et sol-sol, en plus des torpilles pour la guerre anti-sous-marine. Le navire a de la place sur sa baie d'atterrissage pour un hélicoptère, bien que le Sahand ne semble pas en avoir apporté un au cours de son long voyage transocéanique.
#Iranian ships #Makran and #Sahand to be present in today's naval parade in St. Petersburg, #Russia. https://t.co/dQCadt5mnI pic.twitter.com/uByfvnn1lU
— Yellow (@Yellow34950210) July 25, 2021
Le Sahand a dans le passé été décrit par l'Iran comme un destroyer, avec un déplacement de 2 000 tonnes, il est plus précisément catégorisé comme une frégate ou même une corvette. Le Sahand est équipé de lanceurs de missiles de croisière antinavires subsoniques Qader, ainsi que de missiles sol-air Sayyad-2, une adaptation iranienne du missile américain RIM-66 Standard-1 (SM-1). Le navire de guerre comprend également un canon principal de 76 mm et des tubes lance-torpilles, ainsi que divers canons automatiques et mitrailleuses pour une défense rapprochée.
Le Makran, du nom de la région côtière du Baloutchistan, est un type de navire de guerre fondamentalement nouveau construit par les constructeurs navals iraniens à partir d'un pétrolier reconverti. Mis en service en janvier, le navire de 230 mètres de long et de plus de 111 000 tonnes est conçu pour servir de base maritime mobile pour les opérations navales à longue portée, et peut transporter du carburant, des fournitures, des armes et une grande variété d'équipements dans sa coque et sur haut de son pont. Son effectif comprendrait des vedettes rapides et des submersibles lance-roquettes, des drones et des hélicoptères, ainsi que des missiles et radars de croisière navale Qadir et Abu-Mahdi.
Le navire peut transporter presque n'importe quel armement mobile routier développé pour l'armée iranienne, les troupes de défense côtière ou de défense aérienne, y compris le système avancé de missiles antiaériens Khordad qui a abattu un drone américain de 220 millions de dollars au-dessus du détroit d'Hormuz en juin 2019. Le déploiement côte à côte du Sahand et du Makran pour leur long voyage semble avoir démontré l'efficacité de la planification des ingénieurs iraniens, le voyage servant d'indication que la République islamique a atteint la capacité de projeter puissance mondiale à une fraction du coût et du temps nécessaires pour construire un navire de guerre conventionnel à longue portée. Bref ce fut un bon baptême de feu pour une 77e flotte au parcours si exemplaire.
