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La Chine vient d'avoir le gros lot ; fin de Pax Americana

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le ministre chinois des Affaires étrangères, à gauche, et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif se serrent les coudes à l’issue de la signature du Pacte stratégique global, le 27 mars 2021, à Téhéran. ©AP

L’Iran et la Chine ont signé samedi un accord de coopération stratégique de 25 ans, dans un contexte de sanctions américaines paralysantes contre Téhéran. L’accord, baptisé Partenariat stratégique global, couvre une variété d’activités économiques allant du pétrole et des mines à la promotion de l’activité industrielle en Iran, ainsi que les collaborations dans les transports et l’agriculture. Le New York Times cité par The Times of Israel a rapporté que dans le cadre de cet accord, la Chine investirait quelque 400 milliards de dollars en Iran en échange de pétrole. Les deux pays intensifieront également la coopération militaire avec des formations conjointes, des recherches et des échanges de renseignements.

La Chine est le principal partenaire commercial de l’Iran et était l’un des plus gros acheteurs de pétrole iranien avant que l’ex-président américain Donald Trump ne réimpose des sanctions unilatérales radicales en 2018 suite à son retrait unilatéral du PGAC (accord de 2015 sur le nucléaire iranien).

L’accord signé ce samedi 27 mars est susceptible de saper l’influence des États-Unis au Moyen-Orient. Les sanctions américaines en cours contre l’Iran pourraient toutefois entraver son commerce avec la Chine malgré le nouveau pacte entre les deux pays.

Il s’agit du premier accord jamais signé par l’Iran avec une puissance mondiale sur une aussi longue durée. Cela dit, en 2001, l’Iran et la Russie ont signé un accord de coopération de 10 ans, principalement dans le domaine nucléaire, qui a été prolongé à 20 ans grâce à deux prolongations de cinq ans.

Pour plus d’informations : L’Iran se tourne définitivement vers l’Est

Dans les semaines qui ont suivi l’investiture du président américain Joe Biden en janvier, des diplomates britanniques, français et allemands sous couvert de l’anonymat ont contacté la nouvelle administration lui proposant un plan de relance de l’accord nucléaire de 2015 et de suppression de certaines sanctions, qui avaient été levées par le président Barack Obama puis réimposées par Donald Trump, lit-on dans l’édition du 26 mars du Foreign Policy.

« Les Européens ont conseillé aux Américains de le faire rapidement, car tous les signaux envoyés du côté iranien faisaient état du respect de leurs engagements à condition que les États-Unis reviennent dans l’accord », a déclaré Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis puis auprès de l’ONU qui avait dirigé les négociations nucléaires de la France avec l’Iran et les autres puissances concernées. « La meilleure façon d’avancer aurait été de revenir immédiatement au [pacte nucléaire] avec un décret, et ils ne l’ont pas fait. »

« Le défi de conclure un accord, a ajouté Araud, pourrait s’avérer insurmontable, compte tenu de l’opposition croissante des États-Unis à un pacte qui laisserait l’Iran avec plus d’argent et sans nouvelles contraintes sur son programme de missiles balistiques. « Ce sera compliqué, cela prendra des mois et cela risque d’échouer », a-t-il déclaré.

Biden a plutôt insisté sur le fait que l’Iran devrait faire le premier pas en annulant un ensemble d’activités nucléaires qu’il a redémarré en réponse au rejet de l’accord par Trump.

« Les Européens, selon Ali Vaez, un expert de l’Iran au sein de l’International Crisis Group, ont estimé qu’ils devaient faire le premier pas. Les Européens, les Russes et les Chinois ont tous estimé que les États-Unis se sont retirés de l’accord en premier et qu’ils devaient donc faire le premier pas. »

Si l’Europe s’attendait à une action rapide sur les sanctions, c’est parce que Biden l’avait promis lors de la campagne électorale, note Foreign Policy.

Mais les Européens ont sous-estimé l’opposition politique nationale généralisée à l’accord, qui a été menée par de puissants législateurs démocrates et républicains, notamment le sénateur Bob Menendez, président démocrate de la commission des affaires étrangères du Sénat, et le sénateur Lindsey Graham.

Dans une lettre du 8 mars au président, les deux législateurs ont exhorté Biden à travailler avec des alliés clés, y compris des critiques du pacte nucléaire en Israël et dans les États du golfe Persique, pour forger un « nouvel accord qui non seulement limite les perspectives de l’Iran d’acquérir une bombe nucléaire, mais vérifie également sa capacité à déstabiliser la région et à faire progresser son programme de missiles balistiques ».

Le débat sur le réengagement avec l’Iran a ouvert des fissures au sein du Parti démocrate. Les progressistes craignent que la Maison-Blanche cède à la pression politique de Menendez, même si « ses opinions bellicistes sont en décalage avec son caucus et avec la grande majorité des électeurs qui soutiennent la diplomatie contre la guerre”, a déclaré un assistant du Congrès, s’exprimant sous couvert de l’anonymat. « C’est un calcul politique, a ajouté l’assistant. Pire, c’est un mauvais calcul politique. »

L’assistant du Congrès s’est dit préoccupé par le fait que Biden ait peut-être déjà raté une occasion de tenir sa promesse de rejoindre l’accord sur le nucléaire iranien. « C’est l’un des engagements les plus clairs du président Biden. En tant que candidat, Biden avait souligné le besoin urgent de rejoindre le PGAC. Je ne ressens pas cette urgence-là, a-t-il affirmé. Ils auraient dû agir les premiers jours de sa présidence. Au lieu de cela, on voit que l’opportunité diplomatique leur glisse entre les doigts et que la probabilité d’une aggravation du conflit augmente. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV