Les forces aériennes turques ont lancé une série de frappes sur le nord de l'Irak, a rapporté vendredi Sky News Arabia TV, citant des sources kurdes.
Selon les sources, la province de Dahok (qui fait partie de la région du Kurdistan irakien) a été attaquée par l’armée turque. L’agence de presse russe, TASS a précisé qu'Ankara poursuivrait l'opération terrestre et que les forces turques construiraient 24 bases militaires dans le nord de l'Irak. La Turquie a annoncé, mercredi 17 juin, le déploiement de forces spéciales dans le nord de l'Irak, dans le cadre d'une opération terrestre contre les éléments du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) appuyée par son aviation et son artillerie.
« L'opération 'Griffes du tigre' a commencé. Nos héros des forces spéciales sont à Haftanin" » a déclaré Hulusi Akar, le ministère turc de la Défense, sur Twitter, sans préciser le nombre de militaires déployés.
Cette opération risque de créer des frictions entre Ankara et Bagdad, qui a convoqué mardi l’ambassadeur turc pour protester contre des frappes menées par l’aviation turque sur des positions du PKK sur le sol irakien cette semaine.
Ankara avait en effet annoncé avoir mené dans la nuit de dimanche à lundi 15 juin des frappes à Kandil, Sinjar et Hakurk, des localités du nord de l’Irak.
Lire plus: Mésopotamie: la méga erreur du Sultan Erdogan
La Turquie mène régulièrement des raids aériens contre les bases arrière du PKK dans ce pays voisin.
Le PKK est qualifié de groupe « terroriste » par la Turquie, les États-Unis et l’Union européenne.
L’Irak menace de recourir à l’arme de sanction
L'Irak menace de rompre ses relations commerciales avec la Turquie dans le cadre d'une opération transfrontalière.
Le porte-parole du ministère irakien des Affaires étrangères a menacé d'utiliser des moyens économiques et commerciaux pour arrêter les attaques turques contre le nord de l'Irak.
« La Turquie a des intérêts en Irak, car la balance commerciale annuelle entre Bagdad et Ankara s'élève à plus de 16 milliards de dollars. Le gouvernement irakien prendra des mesures contre tous ces intérêts si un besoin urgent se fait sentir », a déclaré jeudi soir le porte-parole du ministère irakien des Affaires étrangères, Ahmed al-Sahaf, dans une interview exclusive avec la chaîne de télévision locale Rudaw en kurde.
Sahaf a en outre noté que le gouvernement irakien avait un large éventail d'options pour arrêter l'offensive turque et exiger une compensation pour la perte de vies civiles.
« Nous avons énuméré ces options lorsque l'ambassadeur turc, Fatih Yildiz a été convoqué au ministère irakien des Affaires étrangères, le 18 juin », a-t-il réaffirmé. L'Irak a déclaré vendredi qu'il pourrait déposer une plainte officielle auprès du Conseil de sécurité des Nations unies si la Turquie n'arrêtait pas ses opérations militaires contre les combattants kurdes dans le Nord.
« Nous rejetons toute action unilatérale qui porterait atteinte à notre souveraineté. Nous avons commencé par une déclaration de condamnation et pouvons avoir recours au soutien de la Ligue arabe et de l'Organisation de coopération islamique et pourrions déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU. L'action "unilatérale" prise par la Turquie "n'améliorera pas la sécurité et n'entraînera pas d'efforts conjoints pour lutter contre le terrorisme. Bagdad a demandé une réunion d'urgence de la Ligue arabe pour discuter de la question », a-t-il ajouté.
Sahaf a souligné que des actions unilatérales ne feront qu'exacerber les tensions frontalières, appelant les autorités turques à rester attachées à la sécurité bilatérale et à la coordination du renseignement.
Ankara cherche-t-il à répéter le scénario syrien dans le nord de l'Irak?
Le ministère turc de la Défense a justifié le lancement de l'opération par la «recrudescence récente des attaques contre les commissariats et les bases militaires» situés près de la frontière irakienne. Il a ajouté que le déploiement des militaires avait été précédé d'un intense bombardement d'artillerie.
Comme certaines sources sur le terrain l'avaient prédit, les opérations militaires turques dans la partie nord de l'Irak n'étaient pas provisoires et Ankara a intensifié ses attaques et enregistré des succès considérables ces derniers jours.
Le processus des évolutions sur le terrain montre qu'Ankara tente d'exploiter la lutte contre « les groupes terroristes » et prétexter la sécurité des zones frontalières, pour occuper d'autres parties des régions septentrionales des provinces de Dahok et Erbil. Il cherche à répéter le scénario mis en œuvre dans les provinces syriennes de Hassaké, Alep et Raqqa.