Que fait la Turquie dans le nord de l'Irak? Servir de la manière la plus perfide les intérêts d'Israël. Comment? L'opération militaire turque dans le nord de l'Irak a le feu vert de Washington. Ankara envisage un scénario similaire à celui qu'il a réalisé à Idlib où son action militaire est parfaitement coordonnée avec Israël. En Irak, l'offensive aérienne et terrestre de l'armée turque a servi de paravent à des négociations de "l'autorité autonome du Kurdistan irakien" et "le Conseil national kurde de Syrie" d'une part et le PKK turc et le YPG syrien de l'autre, comme si le Sultan, sous le masque de susceptibilité anti-kurde cherchait à aider à l'émergence d'un Etat kurde indépendant.
« La région du Kurdistan irakien et le Conseil national kurde de Syrie ont signé en effet il y a quelques jours un accord de coopération avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple (YGP), et ce, sous les auspices des États-Unis et de la France, souligne le politologue Ali Qaem Maqami :
« L'opération baptisée Griffe-Aigle que la Turquie a déclenchée contre le PKK, ses réserves en eau potable et en nourriture et ses dépôts de munitions et qu'elle dit s'être soldée par la liquidation des dizaines de combattants kurdes dont un haut commandant installé en Europe, a impliqué des F-16 mais aussi des drones et a eu comme le théâtre les monts de Qandil. Or les forces de renseignement turques, ont agi en collusion avec les forces locales du Kurdistan irakien, mais aussi les Américains et les Français. »
Qaem Maqami fait également référence à une autre opération turque dite "Opération Griffe-Tigre" au cours de laquelle "les forces terrestres, avec un soutien aérien, ont détruit les positions du PKK en Irak".
« Ankara dit avoir frappé 81 cibles du PKK et il l'a fait sous prétexte que l'Etat irakien ne le pourrait ni ne le voudrait. Il s'agit évidemment d'un prétexte que s'est inventée la Turquie dans le strict objectif de créer une zone de désescalade dans le nord de l'Irak comme elle l’a fait en Syrie et y cantonner ses troupes militaires. Les Turcs détiennent quelque 28 bases et postes militaires dans le nord de l'Irak et entendent les multiplier à Sinjar ou dans le mont Qandil. Tout au long de l'opération, les drones turcs ont sillonné le ciel irakien, en violation de la souveraineté de l'Irak et en coordination totale avec l'OTAN et surtout des USA. A quoi rime cette opération? c'est simple. La Turquie agit en soutien à la présence US dans le nord irakien où les USA pourraient installer l'une de leurs principales bases aériennes après une période de tension avec la Résistance irakienne.
« Tout comme l'est de l'Euphrate où l'action turque consiste à consolider la présence américaine puisque M4 ne saurait lui profiter qu'en présence des USA, la Turquie soutient aussi le déploiement des forces américaines dans le nord de l'Irak. Au fait il s'agit d'un schéma très clair : certes les Kurdes ne tiennent pas la Turquie dans leur cœur mais ils sont amis des Américains qui, eux, sont amis des Turcs et donc ami de mon ami est mon ami. L’autorité autonome du Kurdistan irakien et le Conseil national kurde de Syrie avec ses 10 000 forces armées, ont signé il y a quelques jours un accord de coopération avec le PKK et les YPG sous la supervision américaine et française. L'accord aurait dû provoquer l'ire d'Ankara mais rien de tout cela, il semble s'y conformer sans broncher. Certains milieux révèlent aussi le rôle axial que jouent les intérêts d'Israël dans cet espace de marchandage. Qu'il y ait davantage de coordination entre le Kurdistan irakien et les Kurdes de Syrie cela ne pourrait qu'assurer les intérêts de Tel-Aviv qui a depuis toujours vu dans les kurdes ses alliés. Davantage de bases turques dans le nord de l'Irak, cela signifie que l'axe USA/OTAN compte créer une prolongation géographique allant du nord de la Syrie au nord de l'Irak où déployer bases, radars, missiles et DCA, quitte à créer une ceinture évidemment anti-Iran et anti-Résistance mais aussi anti-Russie. La Russie a tout intérêt à prendre cet élément en compte, elle qui dispose d'une base stratégique à Qamichli au nord de la Syrie".