Après l'échec c'est le temps du déni : dimanche 28 juin, soit 48 heures après la tentative de prise d'otage menée par l'ambassade américaine via des relais locaux, au siège de la 45e division des Hachd al-Chaabi, le commandant en chef de la coalition dite anti-Daech a rejeté toute implication dans cette tentative. "C'est une rumeur. Nos forces n'ont pas pris part à ce raid que seules ont mené les unités anti-terroristes irakiennes. C'est uniquement l'Etat irakien qui décide et le contingent américain ne s'est absolument pas ingéré dans cette opération". A quoi joue le général Miles Coggins?
Au fait, l'incident du jeudi soir est sur le point de se transformer en un vrai piège à double fermeture, non seulement pour le PM Kazemi à qui les Irakiens reprochent désormais sa position "médiane" légèrement penchée vers l'Ouest mais encore pour les troupes US, qui vu l'ampleur de la réaction des Irakiens au raid de jeudi soir, commencent à avoir réellement peur de perdre totalement le contrôle de la situation. Des informations font état de menaces formulées contre le PM qui s'ajoutent à une série de pressions commencées depuis un bon bout de temps et qui tendent toutes à pousser Kazemi à "finir le travail avant sa visite prochaine à Washington". Cogging renie mais les diplomates US le reconnaissent!
La chaîne de télévision irakienne Al-Hurra a partagé sur Twitter une interview accordée par une "source de sécurité américaine" qui reconnait "les tractations en coulisse US" juste avant l’opération de jeudi soir contre le siège de Kataëb Hezbollah en Irak. Cette source sécuritaire va jusqu'à menacer le Premier ministre Kazemi, en affirmant que si "les opérations anti-Hachd cessent, cela veut dire que le Premier ministre ne veut pas devenir un partenaire stratégique des États-Unis".
L'expert est un certain "Michael Bridget" présenté comme étant un chercheur du think tank américain "Hudson". Et pourtant sa rhétorique particulièrement "affirmative" teintée de "menace et intimidation", surtout quand elle s'adresse au Premier ministre d'un Etat souverain en l’occurrence l'Irak qui négocie en ce moment un accord stratégique avec les USA, en dit long sur ce qui a été le préparatif US avant le raid et surtout les pressions que le gouvernement a subies pour s'en prendre à une des plus performantes des composantes des forces armées dans la lutte contre le terrorisme de Daech à savoir Kataëb Hezbollah.
Bridget parle ouvertement de l'implication des forces américaines dans l'attaque de jeudi soir contre le quartier général de Kataëb Hezbollah et au mépris du statut du Premier ministre irakien, il lui "déconseille" de prendre toute mesure pour que ce genre d'acte ne se reproduise pas. Est-ce un élément de la CIA, largement actif à l'ambassade US à Bagdad qui menace de la sorte le chef du gouvernement irakien? Une chose est sûre : les USA ont commencé un jeu particulièrement dangereux qui consiste à placer le PM Kazemi face à son propre peuple car les Hachd al-Chaabi que Kazemi commande à titre de commandant en chef ne pourraient par définition faire l'objet d'actes punitifs s'ils ont durement rempli leur devoir lequel consiste à protéger la sécurité irakienne, empêcher les opérations d'infiltration des terroristes surtout veiller à ce que l'Etat souverain reste souverain, et dispose totalement de son autorité, qu'il puisse décider avec qui commercer ou avec qui refuser de commercer.
L'Amérique est sur le point d'acculer Kazemi au mur, de faire de lui un otage, comme elle a cherché à en faire parmi les combattants de Kataëb. Cette attitude pourrait même la pousser à éliminer le PM ne serait-ce que pour provoquer un méga crise.
Lire : Comment la CIA et le Mossad ont été pris de court par Kataëb Hezbollah?
Reste que Kazemi se trouve face à un choix : se retourner contre ses propres effectifs ou se faire aider par ces derniers pour encadrer l'Amérique. Il en a encore le temps.