Dans un récent reportage, la chaîne libanaise Al-Mayadeen faisait remarquer à quel point la « synergie non avouée » entre la Turquie d'une part et Israël de l'autre contrait l'action libératrice de l'armée syrienne, quitte à profiter aux intérêts américains. Israël et la Turquie partagent des intérêts communs pour prolonger la crise en Syrie et affaiblir ainsi le gouvernement de Damas, chacun servant d'une manière ou d'une autre les intérêts des États-Unis d'Amérique : « Israël a utilisé le ciel dans la région d’al-Tanf, contrôlée par les États-Unis, pour lancer une frappe aérienne contre la base T-4 située près de la province de Homs au moment où la Turquie se mettait à menacer la Syrie et son armée d'une action militaire directe ». Force est de constater que cette répartition de tâche, visant jusqu'ici l'armée syrienne et ses alliés de la Résistance commence à s'étendre à la Russie avec qui, aussi bien Ankara que Tel-Aviv disent entretenir de « bonnes relations ».
Au fait, l'attaque au missile du mardi d'Israël contre l'ouest de Homs a visé l'aérodrome russe et trois avions, selon les sources militaires russes citées par Avia.pro, ont été détruits. Les S-300 n'ont pas fonctionné, ce qui a fourni à Israël l'occasion de se vanter d'avoir pu contourner le système de défense russe. À ceci s'ajoute le fait que les avions ayant mené la frappe, l'auraient fait depuis le ciel syrien, ce qui signifie que l'accord aérien Israël/Russie n'est plus. Certaines sources affirment que c'est depuis al-Tanf que les deux F-16 auraient décollé, mais cela ne change rien au fond du problème, le régime de Tel-Aviv ayant fait fi des accords passés.
Plus au nord, à savoir à Idlib où la Russie a réussi en octobre dernier à mettre de l'eau dans le vin guerrier turc, les provocations anti-russes des terroristes se multiplient et ce, sur fond d'une montée en puissance des opérations visant directement les forces russes ou leurs bases, mais aussi l'armée syrienne.
Celle-ci vient de repousser ce vendredi une attaque terroriste contre Idlib, infligeant un lourd bilan de 50 morts aux supplétifs pro-Ankara. N'empêche que l'info, annoncée ce samedi et de façon bien significative par le ministère russe de la Défense, confirme une réelle tendance. Le ministère dit que l'armée syrienne a repoussé ce vendredi 17 janvier, une attaque des terroristes contre Idlib et que les raids russo-syriens y étaient pour quelque chose, mais il semblerait que l'offensive a été bien plus qu'une attaque de peu d'intensité et improvisée. Selon la source russe, 62 raids ont eu lieu en 24 heures contre l'armée syrienne sur les quatre fronts de Lattaquié, d'Idlib, d'Alep, de Hama. Le bilan des pertes syriennes est lourd, 12 soldats tués et 24 blessés.
Il y a six jours en effet, alors qu'Ankara venait de perdre par Tripoli interposé la ville de Syrte, une trêve a été conclue entre la Turquie et la Russie sans que personne n'y croit. Le cessez-le-feu a été violé au bout de quelques heures poussant l'armée syrienne et des appareils russes à reprendre leurs opérations dans cette province. Mais l'action concertée Israël-Turquie contre la Russie n'en reste pas là.
Les FDS n’autorisent pas la Russie de lancer une base à Hassaké
La Défense russe vient de le démentir, mais l'agence de presse russe Anadolu croit savoir que les Kurdes de Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis « n'ont pas autorisé les forces russes opérant dans le nord de la Syrie d'établir une base militaire dans la périphérie nord de Hassaké : “Les FDS ont empêché un convoi russe de 60 véhicules militaires d'installer une base près des champs de pétrole de Rmelan dans le nord de Hassaké, où sont stationnées les troupes américaines”. Cette information que la partie russe ne confirme pas ajoute : “Selon ce rapport, les États-Unis ont ordonné aux FDS de forcer le convoi russe à se retirer et à retourner à l'aéroport militaire de Qamichli, dans le nord de Hassaké. ‘S'il est bien difficile de croire les Kurdes être capables de repousser un convoi de 60 véhicules militaires russes sur l'ordre US, il est en revanche bien aisé de voir à travers cette information divulguée par l'agence turque, un vrai agenda, celle des batailles à venir contre la présence russe en Syrie. Au Sud, Israël et la Jordanie travaillent à limiter l'action russe et cette même tâche revient à la Turquie au Nord. Ces derniers ont été marqués par la fulgurante avancée de l'armée syrienne à Idlib, son redéploiement à Alep. Au moins six cités de la province d’Idlib ont été reprises aux terroristes par les effectifs de l’armée syrienne. Mais la libération de Maarat al-Nouman se fait attendre.
Le vendredi 17 janvier, le commandant en chef des Armées iraniennes, l'Ayatollah Khamenei a très clairement affirmé la ligne iranienne à suivre en Syrie et dans la région : la mort de Soleimani ne fera qu'intensifier l'action de la Force Qods (Contingent extraterritorial du CGRI) face aux États-Unis et là où le besoin s'en fait ressentir : ‘Soleimani n'a pas été une personne, mais une école de pensée, une stratégie à long terme... La Force Qods compte des combattants sans frontière qui regardent avec magnanimité toutes les forces anti-US qui sont dans le besoin et leur apportant leur appui. C'est cette façon de voir qui a d'ailleurs pu éloigner de l'Iran la menace de la guerre et lui assurer sa sécurité’.
Et la Russie? Cette action militaire croissante anti-Russie en Syrie et à laquelle participent Israël et la Turquie, finira-t-elle par décider Moscou à changer de cap et opter pour une action directe? Certaines analyses évoquent la ‘patience stratégique’ de Poutine, d'autres estiment que le ‘poutinisme’, à savoir la volonté de tenir tête à l'unilatéralisme US, risque de se trouver dans une mauvaise passe, d'où les changements politiques en cours en Russie.