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L'ambition de l'Empire a eu raison de lui, Ankara est tombé dans le piège US

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des véhicules blindés US empruntant une route principale dans le nord-est de la Syrie, lundi 7 octobre. ©AP

En lançant ses troupes à l'assaut de Manbij dans le nord-est de la Syrie, la Turquie dit suivre deux objectifs : bénéficier du soutien militaire des USA et en finir avec les Kurdes. Mais ce faisant, la Turquie n'a-t-elle pas fini par se faire prendre au piège? L'éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan y revient, en se référant d'abord aux propos du vice-ministre syrien des A.E., Faisal Mekdad, qui, après avoir été appelé au secours par les Kurdes, est allé ainsi de son commentaire :  « Celui qui se vend à un prix bas, sera écarté de l’Histoire. Nous avons déjà mis en garde, à maintes reprises,  contre des complots tramés contre la patrie et le peuple syrien. Nous avons déjà dit que celui qui se réfugie auprès de l’ennemi, sera tôt ou tard repoussé par celui-ci. C’est justement ce qui s’est passé entre les FDS et les Américains. »

Citant toujours Mekdad, Raï al-Youm poursuit :  « Celui qui avait compté sur un démembrement de la Syrie devrait retourner dans le giron de la patrie. C’est la patrie mère qui accueille à bras ouvert tous ses enfants. Nous voulons résoudre les problèmes, de façon positive et sans violence, en veillant à préserver tout le territoire. Le gouvernement syrien ne tolérera pas de perdre 185 000 kilomètres carrés du pays. »  

En effet, que les Etats-Unis décident de se retirer du nord-est de la Syrie, cela n'est que le signe de leur échec: « les États-Unis ont échoué partout dans le monde. Leurs plans, que ce soit ceux pour le golfe Persique, l’Afrique, l’Asie, ou contre la Russie et la Chine, ont tous échoué. Le racisme qui défie les règles internationales ou la charte des Nations unies n’a aucun avenir. Aussi, conseillons-nous à la Turquie de ne pas se fier aux Américains et surtout de ne pas risquer un enlisement dans le nord syrien ».

En effet, la Turquie veut « éliminer les Kurdes et créer une zone de sécurité longue de 30 km et large de 500 km dans le nord de la Syrie pour y installer les 3.5 millions de déplacés syriens », mais ce pari est-t-il gagné d'avance? s'interroge Atwan qui estime que tout porte à croire qu'Erdogan s'est une nouvelle fois trompé d'adresse. Car le "retrait éclair" des Américains du nord de la Syrie où ils laissent toutefois des dizaines de bases et de centres de campement, n'est qu'un cadeau empoisonné fait au président turc, et ce, pour quatre raisons :

« Primo, les forces militaires turques se verront tôt ou tard confronter aux Kurdes, depuis 7 ans entraînés et armés jusqu'aux dents par les Américains. Un dernier convoi militaire US à destination de Hassaka comportait quelques 300 véhicules et des armes antichars, antiavions entre autres. Or, on sait que les combattants kurdes ne sont pas nés de la dernière pluie. Ce sont des hommes aguerris qui ont la guerre dans le sang et qui connaissent bien les points faibles de l'armée turque pour avoir été en contact avec celle-ci à Al Bab ou encore à Raqqa.

Secundo, cette équipée militaire coûtera trop chère: les frais de cette opération sont très élevés et pèseraient lourds sur les épaules d’une Turquie qui vit déjà une grave crise économique. Il est d'ailleurs étranger que l'offensive a été déclenchée dès que l'inflation a baissé en Turquie. Mais il y a aussi la question de l'administration des régions que la Turquie entendait occuper ainsi que des services qu’elle devrait fournir à des milliers, pour ne pas dire des millions, d’habitants. Notons que les autorités turques avaient, en effet, accepté la collaboration des Américains dans la création de la "zone de sécurité" pour ainsi mettre sur le dos des États-Unis une partie des frais de cette affaire, mais les Américains viennent de leur renvoyer la balle.

Tertio, il va sans dire que l’armée syrienne ne restera pas les bras croisés à regarder la Turquie s'emparer des pans entiers du territoire syrien et affrontera les forces agresseurs. Or cette action militaire anti-Turquie pourrait revêtir des formes à quoi s'attend le moins la Turquie.   

Quarto, même avec la plus faible hypothèse que l’opération de l’armée turque réussirait et que la Turquie finirait par dominer la zone, la Turquie est encore en plein piège: il existe une bombe à retardement qui n'est autre chose que la présence des milliers de daechistes, toute nationalité confondue et  détenus dans les prisons des Kurdes. Que pourrait-il faire avec ces derniers ? Seront-ils juger et garder éternellement en prison aux frais du gouvernement turc ? Et puis, où auront lieu les procès: en Syrie ou en Turquie ? La France a payé de sa poche des millions de dollars pour que l'Irak ne renvoie plus les terroristes français en France. Que fera Erdogan? »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV