C'est donc fait : après moult hésitation, la Turquie d'Erdogan, largement boostée par les États-Unis passe à l'acte et après avoir occupé le nord-ouest (Idlib), met le cap sur le nord-est. S'il est vrai que l'Amérique de Donald Trump est traitée de traître par les Kurdes de Syrie qui se trouvent une nouvelle fois largués et frappent encore à la porte de Damas, et de ses alliés pour se faire soutenir face au rouleau compresseur turc, il n'en reste pas moins que la Turquie ait agi suivant une feuille de route US/OTAN. Car, on le dit pas assez quelques 8 000 terroristes takfiristes ont servi de bouclier aux forces blindées turques quand celles-ci ont franchi les frontières conjointes avant de se diriger vers Manbij, raids aériens à l'appui.
#Turkey air force bombed a convoy bringing support to #YPG via the Semalka border crossing that links #Syria to Iraq. pic.twitter.com/Z5WH23lQik
— Ali Özkök (@Ozkok_A) October 7, 2019
Lundi, des avions de combat turcs ont lancé de violentes frappes aériennes contre ce qu'ils ont qualifié de "base kurde" près d’al-Malikiyah dans la province syrienne de Hassaké, mais qui n'est enfin du compte qu'un point de passage syro-irakien. Selon la chaîne syrienne Al-Ekhbariya, les Kurdes de Syrie qu'on place pêle- mêle sous l'appellation FDS, YPG.... et qui sont tous des groupes créés et nourris par les USA à l'aide de quoi ces derniers ont occupé des pans entier de l'est de l'Euphrate, ont indiqué que les troupes américaines s’étaient retirées de la frontière turque et avait violé les accords conclus avec leurs alliés kurdes.
L'espace aérien syrien au moment de la publication des nouvelles sur la frappe de l'aviation turque dans le nord du pays, à Hassaké: pic.twitter.com/rHUVGlfP4d
— Catherine (@katesputnik) October 7, 2019
« Les forces américaines n'ont pas rempli leurs engagements et ont retiré leurs forces des zones frontalières avec la Turquie. La Turquie se prépare maintenant à une opération d'invasion du nord et de l'est de la Syrie », disent les Kurdes.
Confirmant la nouvelle, la chaîne de télévision Al-Mayadeen indique que pour l’heure, aucun bilan n’a été communiqué sur le nombre des victimes des premières frappes turques qui réalisent après plus de 7 ans les premiers rêves de l'ottomanisme émergent, pour " créer une zone no fly" dans le nord syrien.
Des images parviennent par ailleurs sur l’entrée des chars et des blindés de l’armée turque à Jarablus via le passage frontalier de Kilis. Ils se dirigent à présent vers le Rif nord de Manbij dans le nord de la Syrie. On en parle peu, mais des terroristes takfiristes sont nombreux à accompagner cette invasion turque. Al Quds al-Arabi cite l'un d'entre eux qui s'exprime sous le sceau d'anonymat :" Nous sommes 8 000 à franchir les frontières avec l'armée turque. Il s'agit d'une première opération du genre que nous menons avec Ankara".
Le 5 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu qu'Ankara lancerait une offensive à l'est de l'Euphrate pour « dégager la zone frontalière où opèrent les Kurdes et créer une zone de sécurité ».
Pendant ce temps, Washington a commencé à retirer ses troupes de la région. La Maison Blanche a déclaré qu'elle ne « soutiendrait pas » ni ne participerait à l'opération de la Turquie, le président Trump menaçant Ankara de détruire l’économie turque si la Turquie "agit" hors cadre. Les observateurs relèvent ce bout de phrase pour souligner que la Turquie applique là un plan parfaitement prémédité : il s'agit d'amputer la Syrie d'une bande frontalière de 30 à 40 kilomètres et qui inclurait à la fois le nord-est et le nord-ouest de la Syrie. C'est là que les bases américaines et otaniennes sont déployées, près d'une trentaine. Le coup de retrait US de Syrie, Trump l'a déjà fait en décembre 2018 et dans la foulée, le monde a insisté sur un renforcement de la présence militaire US.
Critiquant les opérations militaires turques dans le Nord syrien, Damas a quant à lui rejeté l'accord sur la zone de sécurité entre la Turquie et les États-Unis. Il a appelé les deux pays à retirer leurs troupes et à mettre fin à leur présence illégale en Syrie.