Une dizaine de jours après avoir accusé implicitement la Résistance irakienne d'être à l'origine des tirs de roquettes contre la zone verte où se trouve leur ambassade et d'avoir visé les sites pétroliers occidentaux, les Etats-Unis d'Amérique, quasi militairement neutralisés par la présence d'une force armée nationale irakienne, récidivent. Cette fois, ils accusent les Hachd al-Chaabi d'être à l'origine de la spectaculaire attaque au drone du 14 mai dernier menée par Ansarallah contre le pipeline saoudien Ouest-est. L'accusation est bien grave dans la mesure où l'Irak ne se trouve pas en guerre contre l'Arabie saoudite et le fait de rendre responsable une partie de ses forces armées d'une attaque visant les intérêts saoudiens pourraient parfaitement déclencher un face-à-face militaire entre les deux Etats.
Le 14 mai dernier, les forces yéménites ont lancé sept drones armés à l'assaut des installations pétrolières saoudiennes situées dans les provinces d’al-Duwadimi et d’Afif avec à la clé, l'interruption pendant plusieurs jours de flux pétrolier saoudien en direction du port de Yanbu. Depuis cette date, la puissance de feu d'Ansarallah n'a cessé d'accroître, la Résistance yéménite multipliant des frappes au drone et au missile contre les sites sensibles en Arabie saoudite. Cette évolution semble avoir totalement désarmé les Américains qui, s'obstinant à ignorer les capacités militaires des Yéménites, pointent de doigt les forces irakiennes.
Dans son numéro publié le vendredi 28 juin, Wall Street Journal y revient et évoque la possible ouverture d’un nouveau front USA/Résistance, cette fois en Irak où les Etats-Unis sont de moins en moins tolérés et leurs projets et plans, de plus en plus neutralisés. L'accusation américaine contre les Hachd al-Chaabi que reprend le journal n'est évidemment étayée par aucune preuve, l'article la mettant en avant, in nihilo. Selon le journal qui cite les sources de renseignement anonyme US, "cette attaque aurait été lancée depuis le sud de l'Irak dont la distance par a rapport aux points cibles n'est qu'entre 230 et 390 kilomètres tandis que cette même distance est de 800 kilomètres à compter à partir du Yémen".
L'article n'explique pas toutefois comment se fait-il que les systèmes radars saoudiens largement déployés tout autour du territoire saoudien ou encore dans des bases US dans la région n'aient pas signalé cette soi disant attaque.
Faute de capacités militaires à faire face à la Résistance irakienne, les Etats-Unis viennent de déclencher un jeu dangereux qui pourrait s'avérer aussi un moyen de chantage en direction de Bagdad. Ils ont agi de la même manière après des attaques sous fausse bannière contre leur ambassade ou encore visant les bureaux des pétroliers occidentaux, souligne une source irakienne, commentant cette info.
L'article de Wall Street journal fait suite à un communiqué publié mercredi soir, dans lequel les brigades des Kataeb Hezbollah confirment la cyberattaque américaine contre leurs sites tout en soulignant "les capacités du mouvement à contrer le coup ennemi".
« La cyberattaque américaine a échoué à atteindre ses objectifs et a contribué à nous ouvrir surtout la possibilité d'une cinglante riposte », dit le Hezbolah d'Irak citée par Al-Mayadeen.
Parus sur l’antenne de CNN, deux responsables du renseignement américain, avaient prétendu que l’armée américaine avait organisé le lendemain de la destruction du drone RQ-4, une attaque cybernétiques contre les réseaux de télécommunication des brigades du Hezbollah en Irak et en Syrie pour perturber la communication entre les différentes composantes de la Résistance.
Remuant ciel et terre pour justifier auprès de l’opinion publique américaine le refus de riposte de l’administration de Donald Trump à la destruction du drone espion RQ-4 US dans le ciel du Sud iranien, Washington ne cesse de considérer l'Irak comme une base arrière potentielle dans toute confrontation militaire à venir avec l'Iran, indique Wall Street Journal.
« Ceci étant, les responsables irakiens remettent en question l’évaluation américaine et ont demandé à l’administration Trump de disposer de plus de preuves pour étayer ses affirmations selon lesquelles les drones seraient originaires de leur territoire, mais ils n'ont toujours pas vu de preuves concluantes, selon des personnes informées en Irak », indiqué un analyste à Téhéran. Adel Abdul-Mahdi, Premier ministre saoudien a déclaré cette semaine que les agences de renseignement de son pays n’avaient trouvé aucune preuve étayant l'allégation US et qu'il convient que les Américains se précisent là-dessus.
« Les attaques de drones du 14 mai, particulièrement spectaculaire, a marqué un tournant dans la guerre des forces yéménites contre la coalition d'agression Riyad-Abu Dhabi. Depuis le 14 mai, aucun jour ne passe sans qu'Ansarallah ne revendique une nouvelle frappe au drone ou missile contre les aéroports saoudiens. Reuters affirmait même que les Emirats, par crainte d'avoir à faire face aux raids d'Ansarallah, se seraient à réduire leurs forces au Yémen. "Les Etats-Unis ont passé à l'offensive face aux Hachd al-Chaabi et à l'Etat irakien. Par ce genre d’allégation ils cherchent à obtenir la dissolution des Hachd, ce qui ne serait pas facile du tout, vu l’extension des opérations militaires des Hachd sur les frontières avec la Syrie ou encore la multiplication des attentats terroristes commis par Daech. C'est la façon trop américaine pour impliquer l'Irak dans une guerre contre l'Iran », ajoute l'analyste.