Au plus font des dissensions entre les États-Unis et l'Iran, certains se demandent jusqu'où ira la bataille? Une guerre américaine contre l'Iran ou une guerre par procuration est ce qui est de plus dangereux par le géant aux pieds d'argile qu'est l'Amérique. Le moindre déclic de guerre risque de se répercuter sur les marines US en Irak ou avoir des impacts irréversibles sur le poulain israélien de Washington. Face à de tels risques, certaines voix plaident aux États-Unis pour un compromis. Mais ce compris est-il possible?
Après l'échec de l'accord nucléaire, un dialogue peut-il être noué entre les États-Unis et l'Iran? Ces voix se réfèrent d'ailleurs au modèle chinois. "En 1949, nous, les Américains, nous avons parlé du basculement de la Chine vers le communisme et avons humilié les Chinois. Trois décennies plus tard, en 1979, nous avons établi des relations diplomatiques avec ce pays. Cela ne pourrait-il pas se reproduire avec l'Iran ? Car les choses commencent à aller dans un sens éminemment dangereux.. », se demande le International Policy Digest.
Le magazine en ligne sud-coréen vient de publier un article encourageant l’administration Trump à normaliser ses relations avec l’Iran avant de donner un bref aperçu de l'histoire du pays:
« L’Iran est un pays riche d’une culture millénaire. Ce pays est l'une des civilisations les plus anciennes du monde à côté de la Chine, Rome et l’Inde. Il est un territoire où naquit Cyrus le Grand qui libéra les Juifs et qui donna naissance à des savants comme Omar Khayyâm et Molana Rûmi.
Quarante années se sont écoulées depuis le début de la victoire de la Révolution islamique de 1979 en Iran et le torchon brûle toujours entre ce pays et les États-Unis. Le moment est venu de rétablir les relations entre Washington et Téhéran. La paix au Moyen-Orient n'a jamais été aussi inaccessible qu’aujourd’hui. Le terrorisme, les crises internationales et le pouvoir centralisé dans la région sont autant de défis pour la sécurité internationale qui nécessitent des solutions tant au niveau régional qu'international. C'est pourquoi les États-Unis doivent envoyer un rameau d'olivier à l'Iran », lit-on dans cet article.
« Le rétablissement de la paix au Moyen-Orient passe par l’amélioration des relations entre les États-Unis et l’Iran. Cela ne résoudra peut-être pas tous les problèmes du Moyen-Orient, mais contribuera à améliorer la situation. Nous ne devrions pas non plus nous attendre à ce que leurs relations redeviennent comme à la période pré-révolutionnaire. Cependant, l’Iran est un important acteur régional et on ne peut pas l’ignorer », précise encore International Policy Digest dans cet article.
« En Syrie, en Irak, au Yémen, au Liban, l'Iran jouit d'une grande influence et joue un rôle géopolitique de premier ordre dans le golfe Persique. Si vous voulez résoudre les crises au Moyen-Orient, faire avancer le processus de paix israélo-palestinien et mettre fin aux guerres internes en Syrie et au Yémen, l'Iran doit revenir à la table des négociations.
L'ancien président des États-Unis, George W. Bush, plaçait l'Iran dans l'axe du mal: une perception injuste qui perdure encore aujourd'hui. Après la conclusion de l’accord sur le nucléaire iranien en 2015, il y avait de grands espoirs d'une normalisation, mais le retrait des États-Unis par le décret de Trump a suscité la déception générale. Les accusations de soutien au terrorisme sans cesse brandies par Washington contre l'Iran ou encore le retour des sanctions économiques contre ce pays freinent toute reprise. En outre, le retrait US de l'accord a créé des divergences avec les pays européens et contraint l'Iran à se tourner davantage vers la Russie et la Chine. Est-ce vraiment ce que les nous voulions ? », s'interroge le magazine sud-coréen alors que Séoul est partiellement privé du marché iranien des suites de ces mêmes sanctions.
Et de poursuivre: « La réalité est que la paix entre Israël et la Palestine est un rêve. Le "Deal du siècle" proposé par Trump est confronté à nombreux problèmes. La suspension des aides financières américaines aux Palestiniens et la reconnaissance de Qods (Jerusalem) comme capitale d'Israël n'arrangent pas non plus la situation. L’Iran est l’un des principaux soutiens des Palestiniens. C'est un principe de politique extérieur iranienne qui ne changerait pas. Sa participation aux pourparlers de paix israélo-palestiniens sera considérée comme une mesure de confiance. Pendant les huit années de guerre en Syrie, des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie. La crise s'est transformée en une guerre par procuration opposant les puissances mondiales et régionales les unes aux autres, à savoir les États-Unis à la Russie, l’Arabie saoudite à L'Iran.
Les négociations de paix sont en cours avec l’affaiblissement de Daech. Toutefois, si les États-Unis veulent la stabilité en Syrie et dans la région, ils doivent coopérer avec tous les acteurs régionaux, y compris l'Iran. Ce n’est que par la diplomatie que l’on peut convaincre les parties en conflit dans la région de déposer les armes.
La crise humanitaire au Yémen est pire qu’en Syrie. 13 millions de Yéménites risquent de mourir de faim. Près de 1,5 million de personnes sont exposées au choléra. Tout cela se passe dans le pays le plus pauvre du Moyen-Orient. Le Yémen est devenu, comme la Syrie, le terrain de jeu des forces mondiales et des acteurs régionaux. Les pourparlers de paix ont débuté entre le gouvernement yéménite et Ansarallah en décembre dernier. La coopération entre les États-Unis et l’Iran est essentielle pour garantir le succès de ces négociations. »
Dans la dernière partie de l’article, ont peut lire: « Certaines questions portent sur la manière dont les États-Unis et l’Iran peuvent surmonter leurs dissensions. Il est vrai que les deux pays ne s'entendent pas sur la plupart des questions, mais la coopération et le dialogue sont essentiels. Le changement est possible. En 1949, nous, les Américains, nous avons parlé du basculement de la Chine vers le communisme et avons humilié les Chinois. Trois décennies plus tard, en 1979, nous avons établi des relations diplomatiques avec ce pays. Cela ne pourrait-il pas se reproduire avec l'Iran ? Il est temps de cesser les paroles provocantes et de les remplacer par un rameau d'olivier. La reprise des relations diplomatiques et la participation aux pourparlers de paix sont la solution. C’est le bon moment pour relancer les relations avec Téhéran. »