TV
Infos   /   A La Une   /   Iran   /   L’INFO EN CONTINU

Pourquoi les USA ont-ils dispensé le méga projet de Tchabahar de leurs nouvelles sanctions ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le port de Tchabahar au sud-est de l'Iran. (Archives)

L’Inde s’est procuré des S-400 russes tandis que la Chine, plus forte que les USA, rivalise de plus en plus avec l’Occident. Lequel de ces deux pays choisira Washington pour préserver ses intérêts aussi bien au Moyen-Orient qu’en Asie ?

Après avoir exempté les clients traditionnels du pétrole iranien, l'administration américaine a également décidé de dispenser le méga projet irano-indien de Tchabahar du nouveau volet de sanctions imposées illégalement à l'Iran.

La décision "la plus difficile", selon le secrétaire d’État Mike Pompeo, consiste "au développement économique de l’Afghanistan". Mais qui pourrait croire cette justification alors que les États-Unis occupent depuis 17 ans l'Afghanistan, quitte à en provoquer la ruine ? Le projet de développement du port stratégique de Tchabahar au sud-est de l'Iran implique à la fois l'Inde, mais aussi l'Afghanistan. L'agence de presse Sputnik est revenue sur le sujet pour étudier la véritable raison de cette exemption de l’Inde par les États-Unis qui est, selon elle, la volonté prudente de la Chine de contribuer à ce projet.

La contribution des Chinois à ce projet est un signe très alarmant pour leurs rivaux dans la région d’autant plus que les investisseurs chinois se sont déjà installés au port de Tchabahar. Washington et ses alliés s’inquiètent de voir l’Inde céder le projet à la Chine surtout qu’ils se souviennent des propos du ministre iranien des Affaires étrangères lors de sa visite, en mars dernier, à Islamabad, où il a parlé d’une association de la Chine à ce projet. Ils craignent même que le Japon, allié de l’Inde et ennemi de la Chine, ne rejoigne le projet.

Il est vrai que la Chine souhaite donner de l’essor à ses coopérations en investissant dans la construction des infrastructures portuaires en Iran. Et le développement du port de Tchabahar, outre ses bénéfiques économiques pour l’Iran, peut aussi renforcer l’importance stratégique de l’Iran en Asie du Sud et en Asie centrale.

Le point important est que la part de la Chine dans le projet de développement de Tchabahar est plus grande que celle de l’Inde. Les Chinois ont octroyé près de 50 milliards de dollars à Islamabad pour la mise à exécution du projet tandis que les Indiens ont déboursé 500 millions de dollars. Ceci dit, si la Chine remplace l’Inde, deux des plus grands projets commerciaux dans cette zone stratégique tomberont entre les mains des Chinois: la position de la Chine dans l'océan Indien et la mer d’Arabie aussi bien qu’à proximité du détroit d’Hormuz par où transitent la plupart des réserves pétrolières mondiales, se verrait renforcer. Un scénario terrible qui inquiète, véritablement, les stratèges américains.

Pour rappel, le même scénario aurait pu se produire, vers la fin des années 70, lors de la guerre de l’ex-Union soviétique contre l’Afghanistan. A l'époque, l'administration de Jimmy Carter en avait pâti. L’armée russe allait s’approcher du détroit d’Hormuz lorsque Washington a décidé d’aider le Pakistan pour contrer l’avancée de la Russie en Afghanistan et ainsi préserver ses intérêts énergétiques dans le bassin du golfe Persique.

Autre préoccupation, le rapprochement entre le Pakistan et la Chine qui pourrait aboutir à une lutte conjointe contre les terroristes que les Américains instrumentalisent pour déstabiliser la région au nom de leur expansionnisme.

Entre l’Inde et la Chine, les États-Unis préfèrent indubitablement l’Inde bien qu'ils aient été déçus par cet ancien allié qui s'est dernièrement procuré des S-400 russes.

Il est vrai que Washington craint cette Inde, plus renforcée que jamais, d’où la dérogation qui lui a été octroyée pour continuer à importer du pétrole iranien et contribuer au projet de développement du port de Tchabahar. Il ne peut toutefois pas oublier "le danger croissant d’une Chine forte qui s’impose, de plus en plus, en tant que superpuissance mondiale et qui avance rapidement vers l’Occident".

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV