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Est de l'Euphrate: les Kurdes soutenus par les USA cibles de l'armée turque et de Daech

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Véhicules blindés de l'armée turque en Syrie. ©EPA

Le président turc a tenu sa promesse. Est-ce au mépris de ses engagements pris envers la Russie? Alors qu'à Idlib, les terroristes se réarment d'armes lourdes et que des centaines de véhicules arrivent à Hassaka dans le cadre du plan US destiné à construire une base aérienne pour contrer la base russe de Hmeimim, des attaques ont été menées par les militaires turcs contre les positions des Unités de protection du peuple situées la rive orientale de l’Euphrate en Syrie. Dans le même temps, la Turquie ne cesse de rapporter la reprise imminente des patrouilles de policiers à Manbij aux côtés des Américains.

Des analystes politiques estiment que l'affaire Khashoggi, ce journaliste dissident saoudien assassiné par Riyad, laquelle a largement dominé l'actualité internationale, a été intelligemment mise à profit par Ankara pour qu'il puisse faire avancer ses plans en Syrie. Outre que cette affaire a été de peu précédée par la libération du pasteur-espion Andrew Brunson, boostant la position de Trump à l'approche des élections de mi-mandat, elle a servi de mobile pour un dégel des liens Turquie/Ankara : Au plus fort de la campagne médiatique autour de Khashoggi, les FDS ont été bombardées par les Américains. Evidemment il s'agissait d'une erreur. À peine quelques jours après, Daech a lancé une très lourde offensive contre les FDS qui a coûté à ces dernières des dizaines de morts sans que les USA ne bougent leur petit doigt. 

Les analystes estiment que le prix de la libération du pasteur-agent américain Andrew Brunson, que la Turquie qualifiait de cerveau du coup d'État de 2016, aura été le blanc sein à la liquidation des forces kurdes pro-US. Que celle-ci fasse partie aux FDS ou de YPG. Car les Américains commencent même à en avoir assez de ces "Kurdes" qui tendent à la moindre occasion à renouer le dialogue avec Damas. La Turquie participe ainsi au projet américain pour l'est de l'Euphrate : la partie située plus au nord à savoir Manbij c'est la Turquie qui s'en charge contre la partie située plus au sud, (Deir ez-Zor) dont la prise reviendra aux USA et leurs différents supplétifs (Daech, FDS...) 

Les forces de l’armée turque ont ainsi visé, dimanche 28 octobre, les positions des Unités de protection du peuple (YPG) sur la rive orientale de l’Euphrate en Syrie, et ce, deux jours après que le président turc Recep Tayyip Erdogan a tiré la sonnette d’alarme, le vendredi 26 octobre, avertissant que l’armée turque allait déloger « les terroristes de l’est de l’Euphrate et qu’elle rendrait cette région à ses principaux propriétaires ».

La rive orientale de l’Euphrate, en Syrie, est sous le contrôle des YPG, soutenues par les États-Unis et Erdogan n'aurait jamais pu les avoir pris pour cible sans le feu vert des Américains. Le président turc a d'ailleurs affirmé toujours ce 26 octobre que les YPG n’avaient pas encore quitté Manbij et que la Turquie allait entreprendre des mesures nécessaires pour les déloger. Ankara n'innove pas. Elle a lancé, en janvier 2018, une première opération militaire dite « Rameau d’olivier » à Afrin, avec comme objectif de déloger les miliciens YPG des frontières turco-syriennes. En mars 2018, la Turquie a même annoncé avoir repris  le contrôle total d’Afrin qu'elle ne compte pas quitter même si, à chaque rencontre avec les dirigeants russes, elle annonce respecter l'intégrité territoriale syrienne. Et c’est donc la deuxième fois que le président turc avance un tel prétexte pour mener de nouvelles attaques contre le territoire syrien, en violation flagrante de la souveraineté et l’intégrité territoriale syrienne.

Cette nouvelle intervention militaire turque s’explique dans le cadre d’un accord «implicite » USA/Turquie, après la libération par Ankara du pasteur-agent américain Andrew Brunson, qui a d’ailleurs été décidé, selon certaines sources bien informées, par Washington.

« Les États-Unis œuvrent pour que la situation reste tendue sur la rive orientale de l’Euphrate. Ils cherchent à y mettre en place un pseudo-État. Ils y créent des organes de pouvoir alternatifs aux organes syriens et œuvrent activement pour le retour des déplacés », l’a déjà averti le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Attaques de Daech sur les positions des FDS

Le reporter d’Al-Mayadeen a annoncé que les terroristes de Daech ont enlevé une centaine d'éléments des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui sont soutenues par les États-Unis.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme, vitrine médiatique de l’opposition pro-occidentale, a annoncé que le groupe terroriste Daech a fini, au terme d’une opération d’envergure menée depuis vendredi jusqu’à dimanche matin, par prendre aux FDS toutes les régions à Hajin que ces dernières avaient investies, à l’aide des troupes américaines, au cours de leur avancée à Deir ez-Zor, province orientale syrienne. Parmi les villes importantes réinvesties par Daech figurent Baghouz et al-Soussa. Et ceci dans le contexte où les forces de l'armée syrienne et leurs alliés de la Résistance ont réussi à  reprendre le contrôle de la quasi totalité de Soueïda, les USA font avancer leurs troupes takfiristes dans la région d'Abou-Kamal. Ils cherchent par FDS et Daech interposés, d’acculer la ligne de front de l’armée syrienne et de ses alliés sur la rive où entendent éterniser leur présence. 

Les résidus de Daech servent, tout autant que les FDS, le projet américain sur la rive est de l’Euphrate, ils ont en fait abandonné leurs positions au bénéfice des miliciens kurdes et à présent ils sont entrain de les reprendre aux dépens des kurdes. L'OSDH a précisé que 68 forces démocratiques syriennes avaient été tuées ces derniers jours par les daechistes qui, eux, avaient perdu 24 de leurs hommes. Le projet US dans l'est de l'Euphrate vient d'avoir un souffle nouveau : pour éloigner la Turquie de l'axe de la Résistance et de la Russie, les USA sacrifieront les Kurdes syriens tout en faisant avancer leurs positions aussi loin que possible sur la rive est, parallèlement à leur agissement en Irak, soit dans la province d'Al-Anbar. Une question se pose : jusqu’où ira la Turquie? Ira-t-elle en découdre un jour avec l'armée syrienne et ses alliés sur la rive est de l'Euphrate? 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV