Le massacre potentiel des civils alors que nous essayons de reprendre le dernier bastion important des groupes de l’opposition en Syrie — à savoir la province d’Idlib — est une ligne rouge pour l’Iran, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères et principal négociateur iranien dans le processus de paix pour la Syrie.
Hossein Jaberi Ansari a déclaré mercredi dans une interview exclusive avec Press TV qu’« Idlib a un statut spécial et doit être traitée en conséquence ».
Des groupes armés et terroristes s’intègrent dans une population civile nombreuse, ce qui complique la reprise de la région et, selon l’Iran, élimine la possibilité d’une « solution miracle ».
M. Jaberi Ansari a estimé que la situation à Idlib incarnait à elle seule les complexités du conflit syrien : « D’une part, trois millions de personnes sont actuellement installées à Idlib. Environ la moitié de cette population est originaire de la région et l’autre moitié comprend des personnes déplacées d’autres régions. »
Cette seconde moitié est normalement composée de personnes déplacées par la guerre et des proches des opposants armés qui ont été évacués des zones de désescalade dans le cadre d’accords précédents.
« D’autre part, Idlib est le point de concentration de nombreux groupes armés et terroristes et, en tant que tel, la ville ne peut être livrée à elle-même », a-t-il expliqué.
Un conflit a éclaté en Syrie en 2011, lorsqu’un petit groupe de l’opposition a pris les armes contre Damas. Rapidement, des groupes terroristes internationaux et des mercenaires rémunérés se sont mêlés aux groupes de l’opposition syrienne et les ont largement contournés, transformant ainsi le pays arabe en un champ de bataille de plusieurs États occidentaux opposés au président syrien Bachar al-Assad.
Mais l’armée syrienne, avec l’aide des conseillers militaire de l’Iran et de l’aviation de la Russie, a repris le contrôle de la majeure partie du pays et le conflit est en passe de prendre fin.
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Idlib reste instable
Au cours des deux dernières années, en vertu d’accords avec Damas, les terroristes qui se sont rendus à l’armée syrienne ont été évacués par bus vers Idlib.
M. Jaberi Ansari a déclaré que le nombre de terroristes présents à Idlib variait d’une source à l’autre, mais il y en avait environ des dizaines de milliers. « Ils ont des orientations très différentes, ce qui rend encore plus difficile le traitement de la situation. Alors que le retour d’Idlib dans le giron du gouvernement syrien pourrait théoriquement avoir lieu rapidement au terme d’un ultime assaut militaire, une telle offensive ne ferait que causer des dommages collatéraux massifs. C’est, sans équivoque, une ligne rouge pour l’Iran », a-t-il précisé.
Un tel massacre aurait également « de graves conséquences humanitaires et morales, ainsi que politiques, ce qui est inacceptable », a-t-il souligné.
Compte tenu de la complexité des problèmes à Idlib, l’Iran a cherché, dans le cadre de négociations avec ses partenaires du processus d’Astana — une initiative de paix pour la Syrie lancée conjointement avec la Russie et la Turquie — à plaider en faveur d’une solution exclusive.
Première résistance de la Russie et la Turquie
M. Jaberi Ansari a déclaré que la proposition iranienne faisait face à une « résistance initiale » de la part de la Russie et de la Turquie, les deux partenaires de l’Iran dans le processus d’Astana qui soutiennent respectivement le gouvernement syrien et l’opposition. La Russie était plus encline à résoudre l’affaire Idlib rapidement, tandis que la Turquie cherchait à retarder indéfiniment toute résolution du problème.
Alors que l’on craignait une guerre totale et une crise humanitaire potentielle à Idlib, la Russie et la Turquie ont conclu un accord pour éviter un désastre. À l’issue d’un sommet à Sotchi, le 17 septembre dernier, Moscou et Ankara ont convenu, entre autres, d’établir une « zone démilitarisée » à Idlib de 15-20 km de large, d’ici le 15 octobre.
L’accord a été salué non seulement par le gouvernement syrien et l’opposition, mais également par les observateurs internationaux. Pour Téhéran, il prouve que « la diplomatie fonctionne ».