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La carte "kurde" de Washington et de Paris peine à servir leurs intérêts

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un officier américain parle à un militaire des YPG en Syrie. (Photo d'archives)

En Syrie, des habitants de Hassaké sont descendus dans la rue afin d’exprimer leur colère contre les miliciens kurdes de l’Organisation Asayesh, proche du Parti démocratique du Kurdistan (d'Irak).

Selon l’Agence de presse officielle syrienne SANA, « un grand nombre d’habitants de Hassaké ont maifesté, vendredi 12 octobre,  contre les miliciens kurdes d’Asayesh dont les actes, largement dictés par leurs commanditaires visent les civils ». 

« Les miliciens d’Asayesh continuent de terroriser les populations dans les villes de Hassaké et de Qamichli ainsi que dans une grande partie de la campagne de la province de Hassaké. Les miliciens d’Asayesh entendent imposer aux écoles de ces régions des méthodes d’enseignement qui contredisent les méthodes officielles dans les écoles syriennes. Ils interpellent des jeunes avant de les embarquer de force et de les  transférer dans des centres de formation militaire où ils sont forcés à rejoindre la milice kurde. La vague d’arrestation des jeunes, pousse les familles vivant à Hassaké à interdire l'école à leurs enfants et à les empêcher de quitter la maison », a-t-on appris de SANA.

Hassaké est le chef-lieu d’une province syrienne éponyme qui se trouve dans le nord de la Syrie. Cette province n'a cessé d'être,  ces dernières années, le théâtre d’intenses affrontements opposant l’armée syrienne aux Forces démocratiques syriennes (FDS) et aux terroristes de Daec, soit deux supplétifs des forces US/OTAN. 

Bases US/France 

La province de Hassaké est d’une superficie de 23 334 kilomètres carrés et elle abritait en 2010 presque 1 500 000 habitants. Hassaké, Qamichli, Ras al-Aïn et al-Malikiyah comptent parmi les villes importantes de la province de Hassaké, une province pétrolifère qui nourrit une majeure partie de l’économie syrienne et qui suscitent les convoitises américaines, françaises et britanniques.

En 2012, les terroristes du Front al-Nosra et de Daech se sont emparés des parties de la province de Hassaké, dont al-Chaddadeh. L’armée syrienne est donc passée à l’acte pour les repousser et a finalement réussi à y rétablir un calme relatif. Or la présence croissante des Américains et des Français, la multiplication de leurs bases dans cette région l'ont largement déstabilisée.

Le Pentagone a implanté, en novembre 2015, une base militaire à Ramilan, une localité appartenant à la province de Hassaké, sous prétexte de lutter contre les terroristes de Daech et dans le vrai objectif de contrer l’armée syrienne.

Alors que la base des forces kurdes de Syrie est pour un dialogue franc avec Damas et un retour au sein de l'État, les Américains, eux, tentent de tout faire pour contrer cette tendance via le commandement des FDS, infiltrés par de nombreux ex-daechistes. Ce que cherchent les États-Unis est clair : lancer une offensive militaire d'envergure contre l'État syrien via les miliciens kurdes, et éviter ainsi à avoir un face-à-face direct, maintenant que Daech est agonisant. Pour le reste, ce face-à-face kurdes/Damas accélérerait aussi le démembrement de la Syrie. S'inscrivent dans ce cadre les récents agissements des miliciens kurdes d’Asayesh à savoir la mise à feu des dépôts de coton, l’enlèvement de civils ou encore l’attaque contre des centres et des bâtiments publics.

Ce faisant, les Américains suivent aussi la mise en place d’un gouvernement fédéral kurde. Mais le projet a visiblement du plomb dans l'aile : les Américains n'auraient jamais eu à recourir à Asayeh si les Kurdes de Syrie cherchaient spontanément l'autonomie ou l'indépendance.  

Il y a peu, les États-Unis comptaient encore sur la milice "Asayesh" pour établir une zone d’exclusion aérienne en Syrie et empêcher l’aviation russe de bombarder les positions des terroristes de Daech. Le plan est désormais relayé au second plan depuis la livraison à l'armée syrienne des systèmes de défense antiaérienne russes S-300. Mais par-dessus tout, Washington espère pouvoir provoquer un conflit impliquant d'une part les Kurdes et de l'autre l'État syrien et ses alliés. 

Au cas où des affrontements éclateraient entre les Kurdes et l’armée syrienne dans le nord et l’est de la Syrie, c’est Washington qui serait le principal gagnant, car tout ce qu’il cherche, depuis longtemps, c'est l’affaiblissement, voire la chute du gouvernement central syrien auquel objectif s'ajoute désormais la paralysie de la Russie en Syrie, et la rupture du corridor terrestre reliant l'Irak à la Syrie. Une telle perspective est-elle possible? En tout cas, une offensive turque contre l'est de l'Euphrate, ainsi que l'a laissé entendre Erdogan, pourrait bien arranger les USA et les aider dans le sens d'une réalisation de leurs plans.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV