Le président russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel ont discuté des conflits en Ukraine et en Syrie, ainsi que de l'accord nucléaire iranien et d’un projet de gazoduc qui s'est attiré les foudres des États-Unis. Engagée dans une dynamique de rapprochement avec la Russie, l'Allemagne osera-t-elle aller jusqu'au bout de sa logique? Sur le dossier nucléaire iranien, l'attitude de Berlin, bien que différente de celle de Paris, est décevant, les autorités allemandes affirmant respecter l'accord nucléaire mais exigent dans le même temps, sa dénaturation en proposant son extension aux questions balistiques. Mais sur d'autres questions, l'Allemagne est-elle prête à couper les ponts avec Washington et à se rapprocher de l'Eurasie?
Sur tous ces points, Merkel et Poutine affichent un front commun face à l'hostilité de Donald Trump. « Je pense que les questions controversées ne peuvent être réglées que par le dialogue », rappelle Angela Merkel, avant l'entretien de trois heures.
Cependant le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la presse qu'aucun accord n'avait été conclu, mais que la réunion avait simplement pour but de "vérifier les montres" après la rencontre de Mme Merkel avec Poutine en mai à Sotchi.
Au début des pourparlers, Mme Merkel a souligné qu'elle s'attendait à ce que l'Ukraine continue à jouer un rôle dans le transit du gaz vers l'Europe et s'est félicitée du début des discussions entre l'Union européenne, l'Ukraine et la Russie sur cette question.
« L’essentiel est que le transit ukrainien - qui est traditionnel pour nous - réponde aux exigences économiques », a souligné pour sa part le président russe Vladimir Poutine qui s’exprimait au château de Mesebourg du gouvernement allemand. « Nord Stream 2 est exclusivement un projet économique », a-t-il dit.
Les États-Unis font pression sur Berlin pour que les Allemands suspendent leur coopération avec les Russes pour la construction du gazoduc Nord Stream 2 qui acheminera le gaz de la Russie sous la mer Baltique. Dans ce contexte, la présidente du Parti social-démocrate allemand (SPD) a déclaré, samedi 18 août, que Berlin n’avait pas à céder à Washington sur ce sujet.
Lors d’une interview accordée au groupe de média Funke Mediengruppe, la présidente du Parti social-démocrate d'Allemagne Andrea Nahles a déclaré qu’en dépit de l’opposition de Washington, Berlin ne doit pas renoncer au projet Nord Stream 2.
« L’Allemagne reçoit des livraisons énergétiques en provenance de plusieurs pays. Un gazoduc de plus ne va pas renforcer notre dépendance à la Russie », a-t-elle expliqué.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a, par ailleurs, déclaré que la menace de possibles sanctions américaines contre les entreprises impliquées dans le projet Nord Stream 2 n'a pas été discutée samedi.
Mme Merkel a déclaré que les deux pays - mais surtout la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité- avaient la responsabilité d’essayer de résoudre les combats en cours en Ukraine et en Syrie.
Les deux dirigeants ont fait part de leurs préoccupations à propos de la Syrie et du sort de nombreux réfugiés menacés par la guerre qui a débuté il ya sept ans.
Poutine a déclaré aux journalistes que tout devait être fait pour aider les réfugiés syriens à retourner dans leur pays et que la Syrie avait besoin d'aide pour se reconstruire.
Vladimir Poutine est arrivé en Allemagne samedi soir après une escale en Autriche.