Au cours des dernières semaines, le mouvement d’Ansarallah du Yémen a ciblé l’économie des pays membres de la coalition saoudienne. À cet égard, l’armée yéménite a employé son drone Samad-2, le mercredi 18 juillet, pour viser la raffinerie d’Aramco à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite.
Un porte-parole des forces armées yéménites a récemment mis en garde les entreprises étrangères de ne pas investir aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite avant de leur recommander de quitter immédiatement ces pays.
Une attaque au drone contre la raffinerie d’Aramco à Riyad a porté un coup dur au plan « vision 2030 » du prince héritier Mohammad ben Salmane qui cherche à transférer jusqu’à 5 % des actions de la compagnie Aramco au secteur privé. Si la sécurité des raffineries est en péril, le rêve de Ben Salmane tombe à l’eau.
L’armée yéménite a également frappé avec son drone Samad-3 l’aéroport international d’Abou Dhabi.
Dans cette conjoncture, l’économie émiratie est à mal et plusieurs rapports font état du retrait des investisseurs de Dubaï, le pôle économique des EAU.
Les indicateurs économiques et financiers, selon Reuters, montrent que Dubaï se heurte à une récession économique majeure. La fermeture de nombreuses installations et sites touristiques en aurait fait une ville fantôme. Le souk de Dubaï, témoignent ses habitants, était également vide pour la première fois depuis plus de 40 ans.
Or, le 25 juillet dernier, le drone Samad-3 a atteint sa cible avant de parcourir environ 1 500 kilomètres sans être intercepté par la défense antiaérienne des Émirats.
La nouvelle génération des drones yéménites est en mesure de frapper Dubaï. L’intensification des attaques balistiques d’Ansarallah contre les Émirats ne fait donc qu’aggraver leur situation économique et déstabiliser les investisseurs étrangers. Les défis sont nombreux pour quiconque attise la guerre contre le Yémen.
Dans une telle conjoncture, la coalition pro-Riyad est contrainte de recourir à une nouvelle machination, vu le renforcement de la capacité balistique et de l’unité de drones d’Ansarallah.
Lors de la bataille de Hudaydah sur le littoral occidental du Yémen, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France sont entrés sur la scène du conflit en faveur de l’Arabie saoudite et des Émirats. Malgré leur statut de grandes puissances, l’offensive a été tuée dans l’œuf.
Désormais, la sécurité énergétique est au centre de l’attention du régime saoudien qui tente d’engager le plus de pays occidentaux dans la crise au Yémen pour contrer Ansarallah.
Pour ce faire, l’Arabie saoudite a reconnu pour la première fois qu’un de ses navires de guerre avait été pris pour cible par les révolutionnaires yéménites. Cette reconnaissance des faits, quelque peu dénaturée, était, aux yeux des analystes, un moyen délibéré d’accuser les forces yéménites pour mieux les lessiver et favoriser leur condamnation générale.
Le ministre saoudien de l’Énergie Khalid al-Falih avait prétendu que les transferts pétroliers via le détroit de Bab el-Mandeb avaient été suspendus faute de sécurité. Riyad avait annoncé le 25 juillet qu’il suspendait provisoirement ses exportations de brut jusqu’à ce que la situation soit clarifiée et la sécurité rétablie dans le détroit.
Pourtant, aucun autre pays n’avait parlé d’insécurité dans le détroit de Bab el-Mandeb par où circulent quotidiennement plus de 50 navires.
La suspension des transferts intervient alors que l’armée yéménite avait officiellement annoncé par communiqué une frappe contre un navire de guerre de la coalition saoudienne. Les alliés du régime saoudien ont aussitôt lancé une campagne de désinformation en prétendant qu’il ne s’agissait pas d’un navire de guerre, mais d’un tanker. Par ailleurs, Ben Salmane qui persiste à nier la puissance d’Ansarallah a déclaré que le navire ciblé était un pétrolier.
Dans un tweet posté le jeudi 26 juillet, le célèbre blogueur saoudien Mujtahid confirmait la destruction de deux navires de guerre saoudiens par les commandos marins d’Ansarallah. Il a aussi qualifié le prince héritier d’« idiot » qui ne peut pas comprendre qu’il est pire de reconnaître l’impuissance de Riyad à assurer la sécurité de ses pétroliers sur le détroit de Bab el-Mandeb après trois années de guerre que de reconnaître une attaque contre un navire de guerre.
En mars 2015, l’Arabie saoudite a lancé une campagne militaire contre le Yémen pour faire revenir au pouvoir le président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi. Depuis, le pays fait aussi l’objet d’un blocus tous azimuts. Le bilan des victimes est alarmant : plus de 36 000 civils ont été tués et blessés. 80 % des infrastructures du Yémen ont été réduits à néant.