L'administration américaine a cessé de soutenir ses alliés puisqu'elle a compris qu'ils lui imposent des coûts stratégiques très cher.
Que les pays arabes ne se fient pas aux États-Unis puisque cela revient à un suicide! C'est ce que l'analyste de Raï al-Youm conseille aux États arabes, arguant que les USA ont perdu leur "majesté" d'antan.
L'administration américaine a cessé de soutenir ses alliés puisqu'elle a compris que cette alliance leur coûtait chère. L'éditorialiste de Raï al-Youm, Abdelbari Atwan se penche ensuite sur les récents développements dans la région qui ont conduit le gouvernement américain à revenir sur ses décisions.
"Le président américain Donald Trump a annoncé à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qu'ils ne fourniraient plus aucune nouvelle arme aux YPG, Unités de protection du peuple (alliés kurdes des USA, NDRL). Le deuxième virage américain a eu lieu lorsque la Maison Blanche a changé d'avis et permis au bureau de l'OLP de poursuivre ses activités à Washington alors qu'elle avait menacé le président de l'Autorité autonome palestinienne Mahmoud Abbas, de fermer ce bureau si ce dernier ne revenait pas à la table de négociations sans pré-conditions avec Tel-Aviv.
Ces revirements "humiliants" révèlent, pour l'analyste Atwan, trois points qui méritent réflexion:
Primo, "les États-Unis ont perdu une grande partie de leur majesté au Moyen-Orient voire dans le monde et leurs menaces ne font craindre plus qu'un nombre limité de pays et en occurrence, des régimes arabes de la région".
Secundo, "les pays puissants et faibles ont trouvé un remplacement digne de ce nom en lequel ils peuvent faire confiance. Ce substitut a pour nom la Russie suivi de près par la Chine".
Tertio, "les États-Unis renoncent désormais à soutenir leurs alliés puisqu'ils se sont rendus compte des coûts et des impacts stratégiques qu'un tel soutien leur imposaient".
Pour rappel, le président turc a obligé Trump de choisir entre deux options: ou bien il continue à coopérer avec la Turquie en tant qu'allié à l'Otan ou bien il poursuit son soutien aux Kurdes YPG et renonce à son allié turc dans la mesure où ce soutien constitue, pour Erdogan, une menace pour l'unité, la sécurité et la stabilité de son pays.
Le choix du président américain n'était pas toutefois au goût d'Erdogan. Avec son orgueil naturel, Trump a choisi de continuer à soutenir les Kurdes et les armer. Qu'a fait donc le président turc? Il n'est pas resté les bras croisés. Il s'est envolé pour Moscou et a établi une "coalition stratégique avec l'homme puissant qu'est Vladimir Poutine". Un contrat d'achat de missiles S-400 a été aussi signé entre les deux hommes.
"Ce rapprochement de la Russie avec la Turquie sans oublier la réunion tripartie Iran/Turquie/Russie à Sotchi sur la Syrie ont de plus en plus éclipsé la présence des États-Unis au Moyen-Orient, commente Abdebari Atwan.
Quant à la fermeture du bureau de l'OLP à Washington, la protestation en bloc des Palestiniens a fini par contraindre le gouvernement américain à revenir sur sa position.
L'analyste s'adresse ainsi aux pays arabes "qui ont toujours peur", les avertissant qu'une coalition avec les États-Unis et Israël ne serait qu'un suicide: Washington les abandonnerait à leur sort tout comme ce qu'il a fait avec les Kurdes en Syrie et en Irak. Les Américains ont déjà fait le même coup envers leurs alliés aux Philippines et au Vietnam. "L'ère des États-Unis et d'Israël est bel et bien révolu, conclut Atwan.