Le rédacteur en chef du journal Rai al-Youm Abdel Bari Atwan a estimé que le sommet tripartite des dirigeants iranien, russe et turc à Sotchi allait au-delà d’une simple fête de la fin de Daech, disant que ces trois pays, après les accords Sykes-Picot, élaboreraient le nouveau plan du Moyen-Orient.
Dans un article intitulé « Quel est le nom de code qui a fait changer toutes les équations? », l’écrivain estime qu'après l'échec américain dans la région, une nouvelle optique va être planifiée par la Russie, la Syrie et l'Iran.
« Le grand sourire sur le visage du président syrien Bachar al-Assad lors d'une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi résume bel et bien le présent et l’avenir de la Syrie et prouve le fait que Bachar al-Assad plus fort que jamais restera au pouvoir », a ajouté l’expert arabe.
Le choix de la date du sommet Russie-Syrie après la libération du dernier fief de Daech en Syrie, Abou Kamal, est significatif et marque la fête de la fin d’une étape et du début de la phase de la reconstruction de la Syrie.
Abdel Bari Atwan qualifie Vladimir Poutine d’ « homme intelligent » qui a conduit « le bateau de la crise syrienne » vers une fin déterminante pour son allié syrien (Bachar al-Assad) et lui-même, ajoutant que son leadership et sa vision stratégique avaient prouvé que ses ennemis notamment le front américain ne sont rien.
Rai al-Youm ajoute que Poutine a efficacement géré la crise syrienne, fait preuve de patience, formé des coalitions régionale et internationale, n’a jamais cédé face aux grandes puissances, n’ayant fait aucun cas des jeux et des déclarations futiles des petits.
« Ce n’est pas du tout accidentel que le deuxième sommet des dirigeants vainqueurs de la crise syrienne ait réuni Erdogan, Rohani et Poutine à Sotchi », a-t-il ajouté.
Atwan poursuit que ce sommet qui se tiendra ce mercredi 22 novembre ne sera certainement pas une simple fête et visera surtout à changer les équations et à reconstruire la région dans sa totalité, en vertu d’une vision commune irano-turco-russe, loin de tout rôle américain et européen.
Les opposants syriens qui auraient pensé n’être qu’à quelques pas du palais des réfugiés de Damas, se réuniront aussi ce mercredi à Riyad, mais en l’absence de Riad Hijab qui n’a pas été invité à cette réunion.
« Nous n’avons pas l’intention d’entrer dans les détails de certaines prises de position, parce que nous réalisons très bien qu’il existe une feuille de route unique et fiable pour le règlement de la crise syrienne, préparée par Poutine et son équipe avec l’aval de la troïka Iran/Syrie/Turquie ; le rôle des autres est donc secondaire, il faut les laisser faire ce qu’ils veulent faire », a-t-il écrit.
Le rédacteur en chef du journal Rai al-Youm a noté : « La nouvelle Syrie s’est levée des ruines de la guerre en vue de retrouver son rôle régional que certains voulaient détruire et marginaliser. Elle a résisté avec force aux complots américano-israéliens et su l’emporter sur eux grâce à de grands dévouements et sacrifices. La Syrie n’était pas le déclencheur de la guerre, mais la vivtime d’une guerre imposée par un complot fomenté par le tandem Washington/Tel-Aviv. »
L’auteur de l’article a noté qu’Américains et Israéliens cherchaient à éliminer les centres de pouvoir arabes notamment l’Irak et la Syrie pour que l’Oumma arabe soit transformée en protecteurs d’Israël. La volonté des peuples syrien et irakien et la vigilance de leurs dirigeants ont pourtant faussé les calculs des conspirateurs.
Selon l’auteur de l’article, le grand acquis de Poutine c'est d'avoir réussi à sécuriser l’Irak et la Syrie et de leur créer une nouvelle identité, loin de la présence des Américains, de faire associer la Turquie et son leader Erdogan à l’axe de la Russie et de les faire éloigner de l’Europe, des États-Unis et de l’OTAN et d’insister sur le fait que leurs intérêts étaient indissociablement liés à ceux de l’Iran, la Syrie, la Russie, l’Irak et l’Égypte et non pas à ceux de Washington, Londres, Paris et Bruxelles.
Après avoir supporté les grands problèmes provenant de la part d’Erdogan, Poutine est arrivé à le convaincre sur quatre points : « Primo, Assad ne partira pas. Secundo, le départ d’Assad aura des résultats inverses sur la Turquie et sa cohésion géographique et humaine. Tertio, la préservation du rôle efficace d’Ankara dans les politiques du futur de la région est beaucoup plus importante et efficace que le renversement du gouvernement syrien et la transformation de la Syrie en une base de chaos et d’extrémisme et le quarto, dans l’étape suivante, la question des Kurdes est beaucoup plus dangereuse que la Syrie pour la Turquie. »
Le journal Rai al-Youm ajoute que le sommet trilatéral qui ouvrira ses portes ce mercredi à Sotchi en présence des présidents russe, iranien et turc peut être comme un exemple de la réunion des principaux responsables de l’Union soviétique, du Royaume-Uni et des États-Unis qui ont eu lieu après la Seconde Guerre mondiale à Yalta et tracé à nouveau le plan de la région. Il est clair qu’Assad n’y sera pas, mais sa chaise sera là et participera avec force dans tous les plans et discussions, puisqu’il est le principal partenaire.
« Le sommet de Sotchi sera, dans l’étape suivante, une réunion quadrilatérale et nous affirmons à la fin de cet article que le président syrien Bachar al-Assad a le droit de sourire et d’être repéré souriant après sept ans de chagrin et tristesse. Qui est-ce qui aurait pu imaginer pour un seul instant qu’Assad puisse rester dans son palais alors que les États-Unis avaient mis en place une forte coalition pour le renverser ?»