La tension qui est apparue, depuis quelque temps, entre les États-Unis et la Turquie ne cesse de s’aggraver dans la mesure où Ankara a accusé l’administration américaine de fournir des efforts pour un démembrement de la Turquie, situation similaire qu’a connue l’ex-Union soviétique avant son effondrement. Mais quelle en est la raison ?
La simple interpellation d’un employé local de l’ambassade US à Ankara, accusé de lien avec Fettulah Gülen, ne semble pas être à l’origine d’une telle détérioration de relations turco-américaines. Plutôt, elle en pouvait être un catalyseur.
Les deux gouvernements se divergent surtout sur le soutien militaire accru qu’apportent les États-Unis aux Kurdes séparatistes que ce soit dans le nord de la Syrie ou en Irak. Les Turcs croient dur comme fer qu’au contraire de ce que prétendent les autorités américaines, l’objectif de tous ces soutiens en armes et en équipements militaires, n’est absolument pas en faveur de la lutte contre Daech.
Ankara s’inquiète des agissements suspects de son allié américain et son inquiétude s’aggrave de plus en plus, après que le commandement militaire US s’est opposé à la vente de missiles Patriot à la Turquie et qu’il a refusé la contribution de ce pays dans l’opération de Mossoul et de Raqqa, préférant donner ce rôle clé aux Kurdes en leur fournissant un appui aérien et terrestre.
Pour le président turc Recep Tayyib Erdogan, ce soutien américain aux Kurdes est un coup de poignard dans le dos de la part de l’allié américain. Or, il a décidé de retourner vers la Russie à laquelle il voulait acheter le système de défense S-400. Cette décision d’Ankara, qui a provoqué une colère dissimulée de Washington, n’a tout de même pas convaincu de vendre ses missiles Patriot à son ancien ami turc.
Ce n’est pourtant pas le cas de Riyad qui se voyait plus chanceux : Washington a levé l’interdiction de la vente du système de défense THAAD à Riyad, quelques jours seulement après le déplacement en Russie du roi Salman pour la négociation de l’achat des missiles S-400.
Il est clair que les États-Unis sont très en colère contre la Turquie. Pourquoi ? Rien que le rapprochement Iran/Turquie/Russie qui a débouché sur la création de quelques zones de désescalade, dont à Idlib, et donc le rétablissement d’un calme relatif, et qui est considérée par Washington comme une action contre les Kurdes.
Du côté turc, les accusations ont été proférées par le journal Sabah, proche d’Erdogan et du Parti de la justice et du développement (AKP), accusant les États-Unis d’avoir encerclé le pays par leurs bases militaires et des armements lourds, déployés en Roumanie, en Bulgarie et en Syrie. Une accusation très dangereuse qui met en garde Washington contre des efforts visant à démembrer la Turquie tout comme ce qu’elle avait déjà fait vis-à-vis de l’ex-Union soviétique.
La question qui se pose est de savoir pourquoi est-ce que les États-Unis n’abandonnent pas la Turquie au profit de leurs nouveaux alliés kurdes ?