« Les relations entre la Jordanie et la Syrie s’améliorent rapidement et la position officielle d’Amman vis-à-vis de la crise en Syrie a récemment changé, étant donné les victoires que l’armée syrienne vient d’enregistrer sur les champs de bataille contre les terroristes ».
Le rédacteur en chef et l’éditorialiste du quotidien Raï al-Youm, Abdel Bari al-Atwan, a fait paraître un article au sujet des relations Damas-Amman.
« La reprise officielle du post-frontière Nassib par l’armée syrienne, grâce à un accord dont la conclusion doit, en grande partie, à la Russie, compte parmi les résultats du relâchement de 100 éléments de l’Armée syrienne libre (ASL). Le retour de l’armée syrienne à ce poste-frontière ne signifie pas seulement une ouverture dans les relations Damas-Amman, mais promet, en plus, la réactivation d’une source de revenu, profitant à la Syrie et à la Jordanie aussi bien qu’à la Turquie et qu’au Liban, car ce poste-frontière constitue une artère terrestre vitale, permettant le transfert des marchandises des dits pays vers la région du golfe Persique et de ses marchés rentables.
La reprise par l’armée syrienne du poste-frontière Nassib signifie que tous les postes-frontières séparant la Syrie d’un côté, l’Irak et la Jordanie de l’autre ont été sécurisés. Les seuls postes-frontières qui restent dominés par les groupes armés sont ceux séparant la Syrie de la Turquie. À ne pas oublier le poste-frontière Bab al-Hawa qui est actuellement contrôlé par le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham. Cependant, il existe des informations laissant espérer que Bab al-Hawa ne serait plus longtemps contrôlé par les terroristes, dans le cadre des accords, scellés entre l’Iran, la Turquie et la Russie, au cours des négociations d’Astana.
Suffoquée par une crise économique, alimentée par les promesses creuses des pétromonarchies du golfe Persique, la Jordanie a un grand besoin de la réouverture du poste-frontière Nassib via lequel elle pourrait faire passer plus de 6.000 cargaisons, d’autant plus que la réouverture de ce poste-frontière sera en mesure de renforcer et de consolider les liens commerciaux entre la Syrie, la Jordanie et le Liban. Ce qui permettra à la Jordanie d’empocher des millions de dollars qu’elle pourrait recevoir en tant que taxe.
Interviewé par l’agence de presse russe Sputnik, le chargé d’affaires auprès de l’ambassade de Syrie en Jordanie, Ayman Allouche, a affirmé que les relations entre la Syrie et la Jordanie étaient en pleine croissance, surtout rapide. Il a également confirmé avoir constaté un changement de position majeur chez les autorités jordaniennes quant au dossier syrien, un changement en faveur de Damas qui puise dans les récents acquis de l’armée syrienne dans la lutte contre les terroristes.
Pour donner un coup de pouce à cette amélioration, il faut que la Jordanie mette un terme aux activités de la cellule d’opération d’al-Mouk dont la mission est de favoriser une intervention militaire étrangère en Syrie et qu’elle rompe ses relations avec les groupes armés anti-syriens.
Les responsables jordaniens ont subi des pressions pesantes de la part des États-Unis et de leurs alliés arabes du golfe Persique. Des pressions qui visaient à les rallier aux projets destinés à partitionner la Syrie, mais ce n’est pas tous les projets anti-syriens qui ont bénéficié du soutien d’Amman, car ce dernier voyait un grand danger, non seulement pour la Syrie, mais en plus pour la Jordanie, dans certains de ces projets.
D’autre part, les Jordaniens savaient bel et bien qu’une colère à la Syrienne serait assortie des conséquences néfastes pour leur pays. C’est la raison pour laquelle ils ont autorisé le déplacement des délégations populaires à Damas pour rencontrer, en pleine crise, les responsables syriens, voire le président Bachar Assad en personne d’autant plus que les dirigeants jordaniens ont décidé de ne pas fermer l’ambassade syrienne à Amman bien qu’ils aient demandé à l’ambassadeur de quitter le pays.
Le gouvernement jordanien a fini par conclure que ses plans, fondés sur les aides financières des pétromonarchies du golfe Persique, n’étaient que des rêves irréalisables et que le temps est venu pour lui de compter que sur ses capacités et sur celles de ses citoyens.
Le gouvernement jordanien sait finalement qu’il devra cesser de suivre les diktats des pays arabes du golfe Persique qui sont pleinement en contradiction avec ses intérêts et ceux de sa nation.
Il sait également qu’il devra opter pour des politiques plus ouvertes envers ses voisins, notamment l’Irak et la Syrie qui ont toujours soutenu la Jordanie.