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Pourquoi Erdogan a-t-il boudé le sommet de Riyad ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi saoudien Salmane ben Abdelaziz (D) et le président turc Recep Tayyip Erdogan à Riyad, le 14 février 2017. ©AFP

Au cœur de tous les tapages médiatiques qu’a suscités le sommet de Riyad, une importante question reste en suspens : pourquoi Recep Tayyip Erdogan n’y a-t-il pas participé ?

Abdel Bari Atwan, journaliste de renom et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, a rédigé le mardi 23 mai un article pour répondre à cette question.

« Les relations qu’entretiennent l’Arabie saoudite et la Turquie semblent bien proches. Cependant, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne s’est pas donné la peine de prendre part au sommet de Riyad.

Là, il ne faut pas oublier que le torchon brûle toujours entre la Turquie et l’Université al-Azhar en Égypte. Cette divergence de nature politique n’a jamais été définitivement apaisée et l’accalmie reste temporaire. Elle pourrait bel et bien compter parmi les facteurs justifiant l’absence du président turc.

En jetant un coup d’œil à la composition des délégations venues de 52 pays islamiques, deux points sautent aux yeux : premièrement, le président turc Recep Tayyip Erdogan a envoyé à Riyad son ministre des Affaires étrangères au lieu de son Premier ministre et deuxièmement, le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, dont le pays jouait, pendant des années, le rôle de dirigeant du monde arabo-musulman, a participé à ce sommet aux côtés du recteur d’al-Azhar.

Abdelfattah al-Sissi semblait réticent quant à une participation au sommet de Riyad, réticence qui n’a pas échappé à l’attention du roi saoudien, lequel a finalement décidé d’envoyer en Égypte un ministre d’un niveau moindre que celui d’un chef de la diplomatie pour remettre l’invitation officielle audit sommet.

La réticence qu’éprouvait le président égyptien puisait ses origines dans trois raisons : primo, Abdelfattah al-Sissi ne veut pas voir l’Arabie saoudite prendre la direction du monde musulman. Secundo, al-Sissi ne partage pas l’envie des Saoudiens de déclencher une guerre contre l’Iran et les chiites. Et tertio, il ne souhaite pas se laisser entraîner dans les conflits que mène actuellement l’Arabie saoudite au Yémen et en Syrie et ceux qu’elle entend faire éclater demain en Irak et en Iran.

Malgré toutes ces sources d’inquiétude qui empêchaient al-Sissi de prendre part au sommet de Riyad, un coup de fil a tout changé. Quelques jours avant le début du sommet de Riyad, le président américain Donald Trump a appelé son homologue égyptien et l’a encouragé à se rendre en Arabie saoudite et il lui a promis, en contrepartie, de venir au Caire dans les prochains jours, sans toutefois en indiquer la date précise.

La vérité à ne pas négliger est que le président al-Sissi et la plupart des Égyptiens sont très fiers de la position de leur pays en tant que leader du monde musulman. C’est ce que Barack Obama avait bien compris. La preuve ? L’ex-président américain a prononcé son discours destiné au monde musulman au Caire, capitale égyptienne, mais Donald Trump a préféré la montagne de pétrodollars que lui apportait une avalanche de contrats.

En ce qui concerne Recep Tayyip Erdogan, il a boudé le sommet de Riyad en représailles à son déplacement infructueux à Washington, un déplacement qui ne lui a permis de concrétiser aucun de ses objectifs.

Dans le bureau ovale de Donald Trump, le président turc a demandé aux États-Unis de ne plus compter sur les Kurdes comme alliés stratégiques et de ne plus leur fournir d’armements. Il est même allé plus loin en exigeant de son homologue américain qu’il empêche la formation d’un État indépendant kurde dans le Nord syrien.

Mais les échecs qu’a subis Erdogan ne se sont pas bornés au dossier syrien, car sa demande d’extrader son opposant farouche Fethullah Gülen, qu’il accuse d’être à l’origine du coup d’État du 15 juillet 2016, est, de même, restée sans réponse.

À noter que la rencontre entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan à la Maison-Blanche, qui s’annonçait électrique, n’a duré que 22 minutes, d’autant plus que la conférence de presse conjointe qui l’a suivie n’a également duré que quelques minutes. Cette rencontre a été jugée par les experts politiques comme la pire rencontre des responsables turcs et américains tout au long de l’Histoire. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV