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Nasrallah a rompu le silence stratégique, rappelant qu’Israël est plus faible qu’une toile d’araignée

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Shabbir Rizvi

Des millions de personnes à travers le monde ont écouté vendredi le discours très attendu de Seyyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du mouvement de résistance libanais, Hezbollah, après près d'un mois de silence stratégique au milieu de l'opération Tempête d'Al-Aqsa. 

Le secrétaire général du Hezbollah, dans son style caractéristique, a évoqué les événements qui se déroulent dans la bande de Gaza assiégée et a promis que toutes les options étaient sur la table si le régime israélien et ses protecteurs à Washington persistaient dans leur agression cynique contre l'enclave palestinienne de 2,2 millions d’habitants.

Le discours très attendu de Nasrallah a été retransmis en direct dans le monde entier et a réuni des milliers de personnes à Beyrouth, la capitale libanaise, où les militants de la cause palestinienne s'étaient rassemblés bien plus tôt.

Le discours du secrétaire général du Hezbollah libanais, mesuré et calculé comme toujours, a déjà suscité l’inquiétude dans les capitales occidentales alors que le mouvement de résistance libanais a porté des coups dévastateurs aux forces israéliennes à la frontière nord de la Palestine occupée.

Le leader charismatique du Hezbollah a commencé son discours par une réflexion sur les horribles pertes en vies humaines dues à la campagne génocidaire du régime usurpateur israélien à Gaza qui a débuté le 7 octobre et qui a jusqu’à présent tué plus de 9 000 Palestiniens, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants.

Il a présenté ses condoléances aux familles endeuillées, en citant le Saint Coran : « Ceux qui sont tombés en martyr pour la cause d'Allah ne sont pas morts, en fait, ils sont vivants et heureux auprès de leur Seigneur. »

Après avoir rendu hommage aux combattants de la Résistance, qui étaient tombés en martyr, il a résumé les événements de l'opération Tempête d’Al-Aqsa (également connue sous le nom du Déluge d’Al-Aqsa) jusqu’à présent.

Le secrétaire général du Hezbollah a réaffirmé que l’opération en cours contre le régime occupant est « 100 % palestinienne » et qu’elle a été planifiée dans le plus grand secret, sans qu’aucun autre groupe de résistance régional n’en soit au courant.

Depuis le début de l’opération le 7 octobre, les responsables sionistes accusent en particulier l’Iran et le Hezbollah de collaborer avec le Hamas dans la planification de l’opération.

Ce jeu de reproches a été conçu pour diluer le fait que l’opération a révélé l’échec des services de renseignement israéliens et brisé le mythe de l’invincibilité militaire du régime israélien.

« La communauté internationale ne cesse d'évoquer l'Iran et ses projets militaires, mais l'attaque du 7 octobre était une opération 100% palestinienne, planifiée et exécutée par des Palestiniens pour la cause palestinienne, elle n'a aucun rapport avec des questions internationales ou régionales », a-t-il réitéré.

La réalité est que, comme l’a simplement expliqué Nasrallah dans son discours du vendredi 3 novembre, le Hamas et la Résistance palestinienne ont à eux seuls humilié le régime israélien.

« La Tempête d’Al-Aqsa a davantage dévoilé au grand jour la faiblesse et la fragilité de l’entité sioniste », s’est-il félicité, invoquant sa description emblématique du régime israélien comme étant « plus faible qu’une toile d’araignée ».

Nasrallah a condamné les États-Unis, qui sont selon ses propres termes, à l’origine des souffrances et de calvaire de la nation palestinienne.

Washington est entièrement responsable de la guerre en cours à Gaza, tandis qu’« Israël » n’est qu’un outil pour l’exécuter, a-t-il dénoncé.

Israël a intensifié ses atrocités contre les Palestiniens depuis des décennies à cause des soutiens politico-militaires des États-Unis, qui allouent toute l'année une tranche d’aide de plus de trois milliards de dollars au régime usurpateur.

Nasrallah a précisé que dès le premier jour de l’opération, Israël a exigé de nouvelles armes des Etats-Unis : le premier jour il a demandé 10 milliards de dollars aux Etats-Unis. « Est-ce vraiment un gouvernement fort qui a besoin d'un tel soutien de la part des Etats-Unis ? », a-t-il ironisé.

Il a souligné que la survie du régime occupant est directement liée à la volonté de Washington de le maintenir à flot financièrement – ainsi que politiquement.

Depuis le début de la campagne de bombardements aveugles sur Gaza, les médias mainstream et les branches politiques des États-Unis ont propagé des récits sionistes malgré la condamnation publique généralisée du régime d’occupation aux États-Unis.

Nasrallah a également noté que les Etats-Unis en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies ont également empêché l'arrêt de l'agression israélienne.

Ce cadre est important : appeler à un « cessez-le-feu » implique que les deux parties déposent les armes comme s’il s’agissait d’un match égal. Le secrétaire général du Hezbollah a souligné qu’il s’agissait d’une agression asymétrique menée contre Gaza et a imputé la responsabilité à l’insistance de Washington à soutenir l’agression israélienne.

Nasrallah a également souligné que cette agression est une lâche punition collective infligée aux Gazaouïs. « Le régime usurpateur n'a pas réussi à vaincre le Hamas et les autres groupes de résistance dans les combats face à face », a-t-il réjoui.

En allusion au rôle direct des États-Unis dans le soutien aux massacres cruels du régime israélien, Nasrallah a fait allusion aux groupes de résistance irakiens – qui ont ciblé des bases américaines en Irak et en Syrie – considérant leurs efforts comme des actes légitimes et courageux en solidarité avec la cause palestinienne.

Il a salué les efforts de la Résistance yéménite – qui a souligné ouvertement et sans équivoque son soutien militaire à la Palestine, allant jusqu’à lancer directement des roquettes et des drones sur des cibles israéliennes.

Le secrétaire général du Hezbollah a également appelé les autres États arabes qui ont traîné les pieds à prendre des mesures pratiques pour punir Israël, affirmant que les condamnations à elles seules ne suffisent pas à soutenir la Palestine.

Pour le régime israélien, ces liens révèlent leur humiliation : sans le soutien américain, le régime sioniste illégitime serait complètement isolé et laissé pour mort.

Son incompétence a atteint un niveau d’humiliation qui a contraint les États-Unis à envoyer des porte-avions et des conseillers militaires pour l’aider à contrôler la situation désastreuse. Ce sont là les signes d’un régime fallacieux.

Nasrallah a été clair en décrivant les objectifs intrinsèques : la fin de l'agression contre la bande de Gaza assiégée et une victoire décisive du Hamas sur le régime d'occupation.

Par cette déclaration, Nasrallah a affirmé l’engagement du Hezbollah à soutenir la Résistance palestinienne. Il a déclaré que l’implication officielle du mouvement libanais dans la guerre a commencé immédiatement après le lancement de l’opération Tempête d'Al-Aqsa, créant ainsi un front stratégique dans le nord de la Palestine.

Ce front jouera un rôle clé car il détournera d’importantes ressources militaires du régime sioniste des opérations terrestres à Gaza et en Cisjordanie vers la frontière nord – une zone où Israël a été vaincu à plusieurs reprises par le Hezbollah.

Pendant des années, les troupes sionistes ont évité une confrontation directe avec le Hezbollah à la frontière sud du Liban. Aujourd’hui, ils sont contraints de s’engager – selon les propres conditions du Hezbollah.

Depuis le début de l’opération, le Hezbollah a porté des coups contre les forces israéliennes. En plus d’utiliser des missiles guidés antichars (ATGM) et des obus de mortiers pour détruire des chars et des sites israéliens, il a réussi à revendiquer la responsabilité de la mort de soldats israéliens tués au combat, ainsi qu’à détruire des drones de surveillance et des radars.

À la veille du discours, le Hezbollah a lancé une attaque coordonnée de missiles sur plusieurs sites d’occupation, le plus grand barrage de roquettes contre le régime occupant de la part de la Résistance libanaise depuis plus d’une décennie.

L’insistance de Nasrallah à mettre les forces israéliennes dans une position d’étranglement à la frontière sud du Liban n’est pas seulement un acte de solidarité avec la Résistance de Gaza, mais cela prouve son point de vue : les sionistes ont cruellement besoin des Américains.

« Vos flottes ne nous font pas peur, et elles ne nous ont jamais fait peur, et nous sommes tous prêts à y faire face », a-t-il renchéri en s'adressant aux dirigeants politiques et militaires américains.

Nasrallah a clairement indiqué que le Hezbollah était prêt à toutes les circonstances et à tous les scénarios, y compris celui d’une guerre régionale – si les États-Unis insistent pour la provoquer.

« Quiconque veut empêcher une guerre régionale doit s'empresser de mettre fin à cette agression », a-t-il martelé.

Le secrétaire général du Hezbollah a utilisé ce discours pour démontrer sa stratégie « les échecs, pas les dames ». Parfaitement conscient du rôle de Washington, il a promis des représailles décisives si Washington intervenait davantage.

Il a également mis l’accent sur la dépendance et la fragilité d’Israël – ils ne peuvent pas affronter le Hamas seuls et ont besoin de la couverture politique, militaire et financière des États-Unis.

Nasrallah sait que cette bataille exige de la persévérance et de la patience – et la longévité de la Résistance ainsi que son opiniâtreté en détiennent la clé. Le temps n’est pas un allié du régime d’occupation, car il perd son soutien politique à chaque massacre qu’il commet dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.

Le Hamas a affirmé qu’il était prêt pour « la longue bataille ». Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent rencontre après rencontre, le Hamas tendant une embuscade aux forces terrestres israéliennes – détruisant des chars avec des manœuvres éclairs. L’échec de l’opération terrestre israélienne a même coûté cher au régime sioniste ayant perdu de nombreuses unités d’élite.

Nasrallah a comparé ces combats à celui du Hezbollah contre le régime sioniste en 2006 – qui a brisé le mythe de l’invincibilité de l’entité sioniste. Nasrallah a promis que Gaza « sera victorieuse » et que la Palestine « en sortira triomphante ».

Le Hezbollah, conformément au discours, va jouer un rôle central pour garantir que le régime sioniste soit confronté à une défaite décisive à Gaza. Attirer l’attention d’Israël vers le nord tout en s’adressant directement à Washington est un calcul stratégique – un calcul selon lequel Israël sera contraint de combattre le Hamas et d’admettre sa défaite.

Nasrallah, à sa manière inimitable, a une fois de plus prouvé définitivement qu’Israël, malgré toutes ses prouesses technologiques et le soutien politique des États-Unis, est plus faible qu’une toile d’araignée.

Shabbir Rizvi est un analyste politique basé à Chicago qui se concentre sur la sécurité intérieure et la politique étrangère des États-Unis.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV