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Brutalité policière en France: vrai ou faux?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des policiers anti-émeute immobilisent un manifestant par terre, lors d'une manifestation à Rennes, le 22 mars 2023. ©AP

La façon dont la police française a traité les protestataires dont notamment les manifestants s’opposant aux réformes des retraites a fait déferler une vague de critiques.

En effet, la police française est l’une des plus armées dans toute l’Europe. Pour assurer ce qu’elle appelle « le maintien de l’ordre », elle utilise la grenade au gaz, la grenade lacrymogène et assourdissante GM2L et le Flash-Ball (lanceur de balles de défense, LBD) contre les manifestations populaires.

Sans surprise, la police française dément les accusations de brutalité policière, ce qui n’empêche les journalistes et analystes de condamner l’usage systématique d’armes et le recours régulier aux moyens répressifs et préventifs par les policiers français. Or, des chercheurs disent que l’intervention excessive de la police est la caractéristique des systèmes trop rigides envers les changements.

L’Organisation des Nations unies, le Conseil de l’Europe et Amnesty International ont tiré la sonnette d’alarme sur les méthodes violentes utilisées par la police française lors de grèves et manifestations générales de ces derniers temps contre le projet de réforme des retraites d’Emmanuel Macron.

Le chercheur des sciences sociales et auteur de « La domination policière », Mathieu Rigouste, « décrit rigoureusement dans son ouvrage l’histoire des pratiques policières dans certains quartiers populaires, qui découlent de logiques politiques, économiques et médiatiques depuis les années 1970, dénonçant ainsi “un système de ségrégation endocolonial néolibéral français” ».

De même, le politologue français spécialisé en criminologie, Sebastian Roché, estime qu’« un certain degré de brutalité est accepté au prétexte du maintien de l’ordre » en France.

« (…) Comme il n’est plus question de tirer à balles réelles sur celles et ceux qui y habitent [habitent dans les zones difficiles ou dans les banlieues, ndlr], souvent d’origine immigrée, on a recours aux LBD. Son utilisation est ainsi devenue acceptable dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, puis s’est répandue dans l’usage quotidien, et enfin lors des manifestations. Précisons qu’ailleurs en Europe, l’usage combiné de ces armes dites non létales reste exceptionnel. Dans les pays nordiques, en Allemagne et au Royaume-Uni, on n’utilise ni LBD ni grenades pour le maintien de l’ordre. »

Au cours des récentes contestations de rue contre la réforme des retraites, la question se posait de savoir si la police française obéissait elle-même « aux ordres ». À titre d’exemple, l’une des responsabilités de la police consiste à faciliter l’activité des journalistes, et ces derniers doivent pouvoir profiter d’un appui spécial de la police en pleines émeutes. Et voici qu’à Rennes, dans l’Ouest de la France, en marge des manifestations contre la réforme des retraites, des journalistes indépendantes ont été prises à partie, frappées et sommées de retirer sous la menace leurs équipements de protection, les enregistrements vidéo montrant cette scène ayant fait le tour des réseaux sociaux.

Un policier matraque un homme à terre lors d'une manifestation des Gilets jaunes. © AFP

À son tour, Eric Henry, représentant départemental du syndicat Alliance police, prétend que la police française a toujours agi dans le cadre de la loi au cours des contestations de rue. Selon lui, la police n’est en principe autorisée à recourir à la force, sauf s’il s’agit, soit, de se défendre, soit, de protéger les manifestants pacifiques. Le représentant du syndicat de la police française estime donc que la « brutalité policière » n’existe pas en France.

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Cette allégation semble pourtant ne pas tenir. Le Guardian jette un regard rétrospectif sur les débuts du mouvement des Gilets jaunes, pour dire que depuis novembre 2018, 620 cas d’utilisation de LBD ont été rapportés ; dans 29 cas, les personnes touchées ont dû subir une amputation, tandis que dans 28 cas, les victimes ont été touchées à la tête.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV