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France/manifestations du 1er Mai : 291 interpellations, 108 policiers et gendarmes blessés

Des policiers français et des manifestants s'affrontent à Paris, lors de la marche annuelle du 1er Mai. ©EPA

La France a connu ce 1er Mai une mobilisation « historique ». Plus qu’une fête du travail traditionnelle c’était surtout une treizième journée de contestation dirigée par les syndicats, à la suite des modifications extrêmement impopulaires du système de retraite français promulguées le mois dernier.

2,3 millions de manifestants ont défilé dans les rues selon la CGT tandis que le ministère de l’Intérieur parle de 782 000 manifestants. Des heurts ont été observés à Paris, Lyon, ou encore Nantes. Au moins 291 personnes ont été interpellées.

550 000 personnes étaient présentes dans le cortège parisien, selon les chiffres de la CGT. La préfecture, elle, en dénombre 112 000. Le cabinet indépendant Occurrence compte quant à lui 94 000 manifestants. Il s’agit du deuxième taux de participation le plus élevé depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites cette année.

Des scènes chaotiques montrent des feux d’artifice et d’autres projectiles lancés sur la police qui a répondu avec des gaz lacrymogènes alors que les manifestants se retiraient et se regroupaient.

Pas moins de 12 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés, dont 5 000 à Paris. Nouveauté sur cette journée de mobilisation : les forces de l’ordre pouvaient utiliser des drones pour encadrer les manifestations.

Un immeuble a pris feu place de la Nation alors que la capitale se transformait en une bataille rangée entre manifestants et policiers anti-émeutes. Des gaz lacrymogènes ont étouffé l’air place de la Nation alors que les affrontements se poursuivaient et que les manifestants ne montraient aucun signe de dispersion plus tard lundi.

Vers 19 h 30, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a rapporté 291 interpellations. « Ce chiffre va continuer à augmenter », a-t-il ajouté.

Au total, 108 gendarmes et policiers ont été blessés, selon Gérald Darmanin. Des manifestants ont aussi été blessés, comme à Nantes.

Voitures incendiées, vitrines brisées, violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, des scènes de violences ont touché tout le territoire.

Laurent Berget, le leader du syndicat de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), le plus grand syndicat du pays, a considéré cette manifestation comme un moyen de poursuivre la lutte contre le projet de révision du système de retraite français. Il a déclaré dimanche : « Je n’accepte pas 64 ans comme âge de la retraite et je ne l’accepterai jamais. »

La défiance de Berget montre une vérité plus complète face à Macron. Bien qu’il ait pu faire passer le plan de réforme des retraites en faisant appel à une clause de la constitution et en contournant le vote du Parlement, ces manifestations peuvent montrer la colère et la contestation restantes contre Macron.

Le Conseil constitutionnel français a approuvé en avril la partie la plus controversée de la réforme - le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Malgré la décision, certains des puissants syndicats français disent qu’ils continueront à se battre.

Pour les Français, « il n’a jamais été question de l’âge de la retraite, précise le politologue Dominique Moïsi, mais de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ».

La réforme des retraites est depuis longtemps un sujet épineux en France. En 1995, des manifestations de masse qui ont duré des semaines ont forcé le gouvernement en place à abandonner son projet de réforme des retraites du secteur public. En 2010, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour s’opposer à l’augmentation de l’âge de la retraite de deux ans à 62 ans et en 2014, de nouvelles réformes ont suscité de nombreuses manifestations.

« À chaque fois qu’il y a une opposition de l’opinion publique, puis petit à petit le projet passe et au fond, l’opinion publique s’y résigne », a déclaré Pascal Perrineau de l’université de Sciences Po.

Pour beaucoup en France, le système des retraites, comme l’aide sociale plus généralement, est considéré comme le fondement des responsabilités de l’État et de la relation avec ses citoyens.

Les experts disent que l’augmentation de l’âge de la retraite maintiendrait toujours la France en dessous de la norme en Europe et dans de nombreuses autres économies développées.

Les retraites de l’État en France sont aussi plus généreuses qu’ailleurs. À près de 14 % du PIB en 2018, les dépenses du pays en matière de retraites publiques sont plus importantes que dans la plupart des autres pays, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

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SOURCE: FRENCH PRESS TV