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Une version asiatique de l’OTAN, pour défier Moscou, Pékin, Pyongyang

De gauche à droite : le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, le président américain Joe Biden et le Premier ministre Fumio Kishida se rencontrent lors d'un sommet de l'OTAN à Madrid en juin (Photo via Reuters)

Le bloc occidental, qui poursuit ses ambitions au-delà des frontières transatlantiques, tente de défier la Chine, la Russie et la Corée du Nord en impliquant le Japon et la Corée du Sud, les deux concurrents de la Russie et de la Chine, dans la guerre en Ukraine.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, poursuivant son périple en Asie de l’Est, s’est rendu ce mardi 31 janvier à Tokyo, capitale japonaise après la fin de son voyage en Corée du Sud. Il dit que la nécessité de développer des relations de l’OTAN avec le Japon était la principale raison de ce voyage.

Stoltenberg a déclaré dans un bref discours au Japon : « La guerre en Ukraine est importante pour nous tous, et nous sommes donc très reconnaissants du soutien que le Japon a apporté à l’OTAN, en utilisant ses avions et son potentiel de transport en faveur de l’organisation occidentale. »

Lors de son voyage à Séoul, le secrétaire général de l’OTAN a essayé de consolider davantage les relations entre les alliés américains et les concurrents asiatiques de la Chine, de la Corée du Nord de la Russie.

Il semble que la visite du secrétaire général de l’OTAN en Corée du Sud et au Japon soit un prélude à la création de la version asiatique de l’OTAN avec pour objectif de pousser vers une nouvelle confrontation dans la région Asie-Pacifique.

Dans son discours au sein de l’Institut CHEY, Stoltenberg a décrit une série de « menaces » communes à Séoul et au bloc occidental, comme les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord, la guerre par procuration OTAN-Russie en Ukraine et la relation de plus en plus conflictuelle de l’OTAN avec la Chine, en partie en raison de la coopération croissante de Pékin avec Moscou en matière de sécurité.

« À l’avenir, nous pouvons faire plus ensemble... y compris pour renforcer nos efforts en matière de contrôle mondial des armements, aborder le désarmement et la non-prolifération, travailler sur les nouvelles technologies, améliorer nos cyberdéfenses et maintenir l’ordre international fondé sur des règles », a dit Stoltenberg.

Lire aussi : Neuf pays de l’OTAN promettent une nouvelle aide militaire à l’Ukraine

Les derniers mots du chef de l’OTAN sont essentiels. L’ordre international fondé sur des règles est une expression dont les responsables américains ont parlé jusqu’à la nausée tout au long de 2022 en référence aux changements tectoniques de l’ordre mondial qui ont commencé dans les années 2000 et se sont accélérés de façon spectaculaire en février dernier après que la Russie a déclenché son opération spéciale en Ukraine.

Mais Moscou met en cause la conception de « l’ordre international » avec ses règles à l’occidentale. L’idée de la construction annoncée par les États-Unis à la fin de la guerre froide n’a vraiment qu’une seule règle : que ceux au pouvoir… puissent vivre sans suivre aucune règle et s’en tirer avec n’importe quoi, tout en imposant leur volonté à d’autres nations. 

L’universitaire Camilleri cité par l’agence de presse russe Spoutnik estime : « La visite de Stoltenberg au Japon et en Corée du Sud a un triple objectif : faire pression sur ces deux pays, qui se trouvent être les principaux alliés de l’Amérique en Asie, pour qu’ils fournissent une aide militaire létale à l’Ukraine ; réitérer la position standard des États-Unis selon laquelle la Chine constitue une menace pour les valeurs, les intérêts et la sécurité occidentaux, et de poursuivre la poussée vers la mondialisation de l’OTAN en développant des partenariats plus étroits en Asie. »

Certains experts estiment que la stratégie de l’OTAN s’inscrit dans le prolongement pour faire avancer les intérêts de Washington en Asie et en particulier pour contenir la Chine, la Russie et la Corée du Nord dans la région asiatique.

Les tentatives de l’OTAN pour accroître la coopération avec l’Asie se sont accrues alors que « le général quatre étoiles de l’Air Force a envoyé vendredi 27 janvier aux officiers qu’il commande, une note de service qui prédit que les États-Unis seront en guerre avec la Chine dans deux ans et appelle donc ses troupes à s’entraîner au combat et au tir, les invitant à « viser les têtes ». « J’espère me tromper. Mon instinct me dit que nous combattrons en 2025 », dit le commandant de l’US Army.

Réagissant à la visite du secrétaire général de l’OTAN en Corée du Sud et au Japon, la Corée du Nord a fustigé lundi cette tournée dans la région d’Extrême-Orient au cours de laquelle Stoltenberg a soutenu la « dissuasion nucléaire étendue » à Séoul contre Pyongyang.

Le chercheur Kim Tong Myong cité par l’agence officielle nord-coréenne KCNA indique : « Il est évident que l’OTAN tente depuis longtemps d’étendre sa sphère d’influence limitée aux frontières européennes, à la région Asie-Pacifique, qui est devenue le centre stratégique du monde. »

« L’OTAN a donné des impulsions sans précédent au renforcement des relations bilatérales avec la Corée du Sud et le Japon ces dernières années, les considérant comme un maillon clé dans la réalisation de son ambition d’hégémonie », a ajouté Kim.

Les récents agissements de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique surviennent à un moment où le législateur américain Michael McCaul a prétendu dimanche 29 janvier sur Fox News que l’armée américaine n’était pas prête à mener une guerre avec la Chine et qu’elle pourrait se trouver en manque de missiles de précision et de technologies de pointe en moins d’une semaine, si la guerre éclatait. 

Dans la même rubrique, écoutez Jacob Cohen, écrivain franco-marocain, ancien universitaire, résidant à Paris, qui s’exprime sur le sujet.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV