Par Elijah J. Magnier
Un conseiller d'un Premier ministre d'Europe occidentale a déclaré en privé : « Lorsque les Américains veulent que les représentants du gouvernement fassent campagne pour un récit particulier, nous recevons un morceau de papier avec des instructions à suivre. Les décideurs ont pour instruction d'exécuter sans délai la volonté de Washington. Nous le faisons et évitons toute discussion ou questionnement même si les suggestions américaines sont incompatibles avec nos intérêts ou notre politique étrangère. »
Le chancelier allemand Olaf Scholz a récemment critiqué l'Iran pour ce qu'il a qualifié de « répression » contre les fauteurs de troubles soutenus par l'étranger. L'Union européenne a adopté une série de sanctions liées à des mois de troubles. C'est à propos de quoi ? Pourquoi une escalade aussi dangereuse contre la République islamique ?
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a fait campagne pour la « liberté d'expression », un récit que Washington n'utilise que contre ses ennemis ou lorsque certains de ses alliés décident de contester ou de défier ses caprices et ses fantaisies.
C'est alors que Julian Assange risque 175 ans de prison pour avoir fait son travail de journaliste indépendant et libre.
De plus, c'est alors que la chaîne d'information anglophone Press TV, diffusée depuis Téhéran, et ses hauts responsables ont fait l’objet de sanctions simplement parce qu'ils osent défier le récit dominant soutenu par l'Occident.
Le problème principal est le plan profondément sinistre visant à amener l'Iran au « tout nouvel accord nucléaire » dans un État fragile et à déstabiliser le pays. C'est aussi simple que ça.
L'autre objectif à long terme mais ambitieux est de « renverser » la République islamique, de la remplacer par un État stipendié et d'imposer une « marionnette » américaine (comme le fils du Shah).
D'un point de vue de l’Occident, l'Iran devient un « État qui créera des problèmes » en raison de sa capacité sans précédent à défier et à neutraliser les plans américano-israéliens dans la région.
De plus, il a la capacité économique nécessaire et une idéologie massivement populaire pour soutenir « l'axe de la Résistance », dont les membres agissent comme un seul corps, prêt à défendre la région contre les complots et plans vicieux et diaboliques des puissances hégémoniques occidentales.
L'Iran a récemment annoncé qu'il avait construit un missile balistique hypersonique qui ne peut être intercepté par aucun système de défense antimissile dans le monde. Le régime israélien et les dizaines de bases militaires américaines réparties à travers le Moyen-Orient, y compris la flotte américaine à Bahreïn, sont dans la ligne de mire des missiles de précision iraniens.
Il n'est pas anormal que l'Iran défie directement les États-Unis lorsque sa sécurité nationale est menacée. Nous savons tous comment l'Iran a frappé la base américaine à Aïn al-Asad en Irak au début de 2020, et comment 16 missiles de précision ont touché les locaux américains.
Si l'Iran avait alors utilisé la capacité de ces missiles pour transporter plus de 1 000 livres d'ogives explosives, ils auraient détruit 20 à 30 avions et, comme l'a fait remarquer plus tard le général américain Frank McKenzie, il auraient tué 100 à 150 soldats avant la possibilité de toute évacuation.
De plus, la coalition que l'Iran est en train d'établir avec l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS aidera la République islamique à devenir autonome et à rendre nulles et inefficaces les sanctions sévères américaines. C’est pourquoi, l'Iran est la cible préférée de l’Occident.
Cependant, l'attaque contre l'Iran ne trouve pas ses origines à l'Occident. Des pays arabes riches en pétrole qui ont pleinement coopéré avec les États occidentaux pour alimenter les troubles, utilisent leurs richesses pour soutenir les médias et les réseaux sociaux persanophones à tendance occidentale contre l'Iran.
Ce qui se passe en Iran n'est pas détaché de ce que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a déclaré le 3 mai 2017 : « Nous n'attendrons pas que la bataille soit en Arabie saoudite, mais plutôt nous travaillerons pour qu’ils (les responsables iraniens) s’occupent de d'un conflit à l’intérieur de l’Iran. »
Riyad, en collaboration avec les agences d'espionnage occidentales ainsi que le Mossad, recourra à toutes les ruses et machinations pour déstabiliser l’Iran, à l'instar de ce qu'il a fait dans le passé en soutenant des terroristes de Daech.
De plus, les médias affiliés au régime saoudien ciblent la jeunesse iranienne. Ils s’emploient parallèlement à diaboliser l'Iran et à faire suggérer que tous les Iraniens sont contre leurs dirigeants et l’Ordre islamique. Rien ne peut être plus éloigné de la vérité.
Il n’est pas surprenant de voire que l'Arabie saoudite ait maintenant interrompu les pourparlers d'apaisement des tensions avec l'Iran à Bagdad après cinq rounds en cours depuis avril 2021.
Ce complot, soigneusement coordonné par les États-Unis, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn visant à déstabiliser l'Iran, a été officiellement fomenté alors que l’actuel président américain Joe Biden était encore vice-président.
Les milliers de sanctions imposées par les États-Unis n'ayant pas réussi à soumettre l'Iran à la table des négociations, il est devenu nécessaire de retourner la société iranienne contre ses dirigeants avec une « révolution de couleur », une méthode déjà expérimentée dans d'autres pays.
Pendant de nombreuses années, ces pays se sont unis pour mobiliser une opinion publique hostile à la politique iranienne, ciblant un public parmi les minorités iraniennes non persanes. Les principaux groupes de réflexion des médias occidentaux et des sections de la diaspora iranienne ont participé à cette campagne.
Des programmes de télévision et de radio ont été financés ainsi que des sites Web en arabe, en anglais et en persan pour présenter les troubles comme un « soulèvement » dans tout le pays. Les médias se sont concentrés sur les fauteurs de troubles soutenus par l'étranger tout en ignorant les millions d'Iraniens qui ont envahi les rues pour soutenir leurs dirigeants.
Des plateformes de médias sociaux ont été créées pour alimenter la campagne de désinformation et la propagande. Un Centre d'études et de recherche sur les affaires iraniennes a vu le jour dans le même but et une chaîne d'information en persan a été lancée pour diffuser des informations 24 heures sur 24 ciblant la jeunesse iranienne.
Les analystes occidentaux ne manquent aucune occasion de parler des « activités malignes de l'Iran au Moyen-Orient » sans préciser le type d'activités auxquelles ils se réfèrent. Il s'agit en fait d'une référence à « l'axe de la Résistance » qui représente une ligne de défense pour l'Iran et un défi à l'hégémonie américaine et à l'occupation illégale de la Palestine par Israël.
De nombreuses tendances sur les réseaux sociaux se sont récemment révélées hautement organisées pour laver le cerveau de l'opinion publique. Des campagnes comme « Imaginez si c'est l'Iran » ont encouragé les militants et les artistes des groupes de réflexion à participer avec des photos, des vidéos et des textes pour sensibiliser à « l'avenir en Iran » et souligner la volonté de la société de « changer » si le gouvernement actuel est « renversé ».
Il n'est pas surprenant de voir de nombreuses personnes dans le monde, y compris des Iraniens, tomber dans ce piège vicieux d'une propagande d'une puissance dévastatrice visant à provoquer un « changement de régime » en Iran.
Même le Premier ministre canadien Justin Trudeau est tombé dans le piège d'un faux récit inventé par les médias occidentaux sur « la condamnation à mort 15 000 manifestants » en Iran, pour ensuite supprimer son tweet impulsif et embarrassant.
Téhéran devrait s'attendre à des sanctions encore plus sévères et à des tentatives plus agressives pour renverser la République islamique puisque la dernière tentative s'est soldée par un échec.
Les tentatives de diabolisation de la République islamique d'Iran se poursuivent et ne devraient pas cesser tant que le pays se tiendra debout. Finalement, le droit survit et le mal disparaît.
Elijah J. Magnier est un correspondant de guerre chevronné et un analyste des risques politiques avec des décennies d'expérience dans la région de l'Asie de l'Ouest.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)
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