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McKenzie: les USA pourront revenir en Afghanistan

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les troupes américaines à la base militaire de Bagram, au nord de Kaboul, en Afghanistan, le 24 décembre 2017. ©AP

Sur fond des spéculations quant à l’alliance entre Washington et Islamabad pour provoquer le chaos en Afghanistan au détriment de la sécurité de la Russie et de la Chine, l’ancien commandant du CentCom vient d’annoncer le possible retour des troupes américaines en Afghanistan.

Lors d’une interview avec la chaîne Fox News, dimanche 28 août, le général Kenneth McKenzie, ancien commandant du CentCom, a annoncé la possibilité du retour des troupes américaines en Afghanistan.

L'été dernier, il a averti le président américain Joe Biden que le gouvernement afghan tomberait, si les États-Unis se retiraient complètement.

À en croire McKenzie, « malgré les assurances verbales des talibans d'empêcher la propagation de l'extrémisme en Afghanistan, le pays est devenu un refuge pour les organisations terroristes telles qu'Al-Qaïda et Daech ».

« À mon avis, il est dans l'intérêt à long terme des États-Unis de ne pas permettre à des centres d'extrémisme violents de se développer et de s'étendre en Afghanistan, je crois que cela se produira probablement sous le régime taliban », s’est-il exprimé en ces termes.

McKenzie a également déclaré hier que la guerre en Afghanistan était un échec, militaire et diplomatique, pour les quatre administrations américaines qui se sont succédé au cours des deux dernières décennies.

Ces propos interviennent alors que le gouvernement afghan a annoncé que les services de sécurité n'avaient pas réussi à retrouver le corps d'Ayman al-Zawahiri, l'ancien numéro deux de l'organisation terroriste Al-Qaïda.

Le 1er août, Washington a annoncé l’élimination d'Ayman al-Zawahiri lors d'une frappe de drone menée le 31 juillet 2022 dans le centre de Kaboul, la capitale afghane. À la recherche de son cadavre, les talibans afghans sont perplexes. Ils ont identifié les huit victimes du raid américain qui sont toutes des Afghans, mais n’ont trouvé aucune trace d'al-Zawahiri, écrit à ce sujet de site d'analyse politique Strategika 51.

Il semble que la frappe ciblait la frange ultraviolente des talibans, le réseau Haqqani. Or, elle n'a eu aucun écho, ni dans le pays, ni dans ses environs immédiats et encore moins dans le monde musulman ou ailleurs.

S'agit-il d'une frappe similaire à celle qui a marqué le dernier jour du retrait militaire américain d'Afghanistan qui a pris au hasard des civils et causé la mort de plusieurs enfants d'une même famille, interroge Strategika 51 dans un article datant du 26 août.

Citant son correspondant à Kaboul, le site Web indique qu’il s'agissait d'une opération de relations publiques visant à redorer l'image de l'administration Biden. « Al-Zawahri aurait été plus en sécurité à Washington ou à New York qu'à Kaboul et plus particulièrement dans le quartier visé par les drones américains le 31 juillet 2022 », ironise par ailleurs un professeur de sciences politiques à l'Université de Kaboul.

Pour de nombreux experts, indique Strategika 51, il existe une corrélation directe entre le changement de régime en douceur au Pakistan qui a conduit à la démission forcée de l'ex-Premier ministre Imran Khan et la résurgence des opérations de drones au-dessus de l'Afghanistan.

Le nouveau gouvernement pakistanais, un produit occidental, a renoué avec une vieille tradition en même temps que la résurgence des activités clandestines menées par la CIA en Afghanistan dans le cadre d'actions télécommandées visant avant tout à provoquer une guérilla à l’aide des partisans de Massoud dans le nord et créer des foyers d'insurrection à partir d'éléments de Daech, outil géostratégique pour renverser le pouvoir des talibans.

Depuis plusieurs semaines, de nouveaux médias basés à l'étranger et financés par les services spéciaux américains annoncent des opérations de guérilla menées par un front de résistance contre les talibans. Selon un responsable taliban, la CIA a déjà tenté d'implanter des terroristes en les amenant à bord des hélicoptères là où « nos forces ne pouvaient pas avoir accès ».

Kaboul est l'une des capitales les plus stratégiques au monde, sa situation stratégique à mi-chemin entre Istanbul et Hanoï en Asie du Sud-Est illustre bel et bien son importance sur le tracé de l'ancienne Route de la Soie. En l'absence de défense aérienne, fait noter le site Web, l'un des objectifs de la stratégie de Washington est de provoquer un changement de régime par des moyens hybrides dont les opérations de drones et les groupes de guérilla.

À bien des égards, l’axe occidentale dirigé par Washington et Londres, serait tenté de lancer une guerre hybride de haute intensité contre la Russie depuis l'Asie centrale et menacer la stabilité de la région autonome de Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine, où l’occident finance déjà le séparatisme : c'est là que le rôle de l'Afghanistan est essentiel, souligne Strategika 51.

À cet égard, l'Afghanistan a publiquement accusé, dimanche 28 août 2022, le Pakistan voisin d'avoir autorisé Washington à utiliser l'espace aérien pakistanais pour mener des frappes de drones sur le territoire afghan.

L'acte d'accusation, émis par Mohammad Yaqoub, ministre afghan de la Défense, confirme, selon Strategika 51, l’hypothèse selon laquelle, le gouvernement mis en place au Pakistan suite à l'éviction de l'ancien Premier ministre Imran Khan avec le soutien décisif du haut commandement militaire pakistanais, a ravivé des liens secrets, mais solides avec l'État profond américain gère les assassinats ciblés menés par des opérations de drone.

Depuis près d'une décennie, rappelle-t-il, les gouvernements pakistanais ont autorisé l'établissement de bases américaines secrètes et des centaines de frappes de drones américains sur une partie de leur territoire, y compris les zones tribales du nord. Cependant, le gouvernement pakistanais a nié tout lien avec l'attaque de drones américains du 31 juillet qui, selon les allégations de l’administration américaine, visait l'ancien numéro deux d'al-Qaïda.

Et de poursuivre que l’opération s’est déroulée alors que l'Afghanistan ne dispose d'aucun type de radar opérationnel puisque les forces américaines les avaient tous détruits avant leur retrait en août 2021, ce qui a laissé le champ libre à d'éventuels raids aériens ou actions clandestines visant à favoriser la création des groupes de guérilla contre le pouvoir en place. D’ailleurs, le gouvernement afghan dit avoir des informations prouvant que la plupart des drones de reconnaissance et d'attaque américains viennent du Pakistan.

Les relations entre l'Afghanistan et le Pakistan n'ont jamais été stables et s’empirent depuis l'arrivée au pouvoir des talibans, soutenus par Islamabad avant l'invasion américaine d'octobre 2001, affirme Strategika 51 avant de préciser que la construction toute récente d'un mur de séparation frontalier le Pakistan a provoqué des échanges de tirs avec les talibans alors que l'armée pakistanaise a mené à plusieurs reprises des raids aériens contre des objectifs militaires à l'intérieur du territoire afghan.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV