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Zoom Afrique du 17 juillet 2022

Zoom Afrique du 17 juillet 2022

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Actualité en Afrique :

-Mali : Six morts dans une attaque près de Bamako

-Tchad : les groupes armés suspendent leur participation au pré-dialogue de Doha

-Nigeria : l’opérationnalisation de l’aéroport de fret de l’État d’Ogun annoncé pour fin 2022

-Cameroun : l’entreprise chinoise ZTE achève la construction d’un réseau national de télécommunications d’urgence

Analyse de la rédaction :

1. RDC : le départ de la Monusco exigé ! 

Le président du Sénat congolais, Modeste Bahati Lukwebo, a réclamé le départ de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) et dénoncé un « complot » contre le pays, lors d’une visite dans l’est troublé, rapportent samedi des médias locaux. 

« Voilà, la Monusco, la Mission de stabilisation de l’ONU en RDC, elle doit plier les bagages », a-t-il déclaré vendredi à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, lors d’un meeting devant des militants de l’Union sacrée, la coalition qui soutient l’action du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. 

M. Bahati s’est plaint de ce que la Monusco soit présente depuis 22 ans dans le pays, avec près de 20 000 hommes, actuellement 14 100 Casques bleus, contre 19 815 en 2015, sans parvenir à ramener la paix. « Nous-mêmes nous allons assurer la paix, la sécurité et l’intégrité du territoire », a affirmé l’allié de M. Tshisekedi - et protocolairement le deuxième personnage de l’État en RDC.  

« Vous le savez, la communauté internationale nous a déçus dernièrement lors du Conseil de sécurité, lorsqu’on n’a pas voulu lever l’embargo sur l’acquisition des armes par la République démocratique du Congo. Je pense que tout est clair et que le complot est total », a-t-il ajouté.  

Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le 30 juin dernier pour un an le régime de sanctions imposé à la RDC - mais qui est distinct d’un embargo. Ce régime de sanctions oblige en effet Kinshasa à des notifications préalables à l’acquisition d’armements. Ce que la RDC estime aller à l’encontre de sa souveraineté et limite, selon elle, sa capacité à combattre les groupes armés qui continuent de proliférer notamment dans l’est.  

À la différence de l’ex-président Joseph Kabila qui réclamait régulièrement le départ de la Monusco, M. Tshisekedi a plutôt montré jusqu’à présent de bonnes dispositions à l’égard de l’ONU 

« Je pense qu’il est grand temps que nous-mêmes, nous puissions nous assumer. La plus grande arme, c’est notre population, la détermination de la jeunesse. Je sais qu’avec cet esprit-là, avec un élan de solidarité, de patriotisme, de combativité, nous allons vaincre l’ennemi, quoi qu’il en soit », a encore dit le président du Sénat, en appelant les jeunes à s’engager au sein des Forces armées de la RDC (FARDC). 

Il a tenu ces propos alors que la RDC est confrontée à des tensions renouvelées avec le Rwanda et l’Ouganda voisins, Kinshasa accusant Kigali de soutenir la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). Ce que le Rwanda continue de démentir, malgré sa participation à la signature d’un accord de cessez-le-feu avec la RDC.  

Depuis de nombreuses années, la population congolaise demande le départ de la Monusco de son territoire suite à sa passivité dans l’est de la RDC. Que ce soit la Monusco, la Minusca en Centrafrique ou encore la Minusma au Mali, ces missions de stabilisation de l’ONU ne servent strictement à rien sur le continent africain. Les populations demandent constamment le départ de ces troupes de leur territoire et accusent même l’organe de traiter directement avec les rebelles ou les groupes terroristes, principalement avec la fourniture des armes.  

2. Sahel : la France n’a pas les moyens de son ambition ! 

Le président du Niger, Mohamed Bazoum, a conclu mercredi sa visite au Tchad où, devant Mahamat Déby, il s’est contenté de relayer les propos du président français Emmanuel Macron. 

Mercredi, le président français Emmanuel Macron, lors d’un discours adressé à l’armée de son pays, a estimé le retrait de Barkhane du Mali — qu’il dit avoir lui-même « décidé » — était légitime. Il a, en contrepartie, qualifié le gouvernement malien d’« illégitime ». Et a promis la fin du retrait des forces françaises du Mali avant la fin de l’été. 

Macron a également annoncé que la France « continuera son engagement contre le terrorisme en Afrique, après Barkhane, autrement, mais résolument ». Ses objectifs seraient que les forces françaises soient « moins exposées » et entretiennent des « relations plus intimes avec les armées africaines ». 

Ces « armées africaines », précise Macron, se limitent actuellement à celle du Niger. Le pays, selon le chef d’État français, sera un « point d’ancrage ». Un vocabulaire qui, en temps normal, aurait provoqué l’ire d’un pays souverain. Cette fois, le président français peut compter sur la complaisance d’un Bazoum toujours prêt à rendre service à la France. 

Le même jour, le président du Niger, Mohamed Bazoum, était à son second jour de sa deuxième visite au Tchad depuis le coup d’État de Mahamat Déby. Les deux présidents semblent décidés à soutenir, et à être soutenus, par Paris. 

La chute du G5 Sahel 

Le chef d’État tchadien, Mahamat Déby, a dit regretter le retrait du Mali du G5 Sahel. « Nous sommes encore optimistes, nous espérons que le Mali revienne sur la décision qu’il a prise. Parce que la lutte contre le terrorisme est un combat noble, mais c’est un combat aussi qu’un pays ne peut faire seul », explique le dirigeant militaire. 

Quant à Bazoum, il semble conscient du fait que « le G5 Sahel n’était pas un modèle de réussite de ses objectifs, ni sur le plan économique ni même sur le plan de la sécurité ». Pour rappel, le Mali s’est retiré de cette alliance militaire, regroupant également la Mauritanie et le Burkina Faso, principalement afin d’éviter la tutelle française. 

Mais justement, ce jeudi à Paris, au moment de la commémoration de la prise de la Bastille, l’armée française parade. Une armée que l’économiste français Charles Gave estime affaiblie, puisqu’elle aurait, selon lui, à peine plus de « deux jours de munitions ». 

Justement, au Niger, nouveau « point d’ancrage » de Barkhane, la présence militaire française, bien qu’exclusive, sera bien inférieure à celle qui était au Mali. Paris se contentera d’un millier de soldats, de trois avions, de six drones et de quatre à six hélicoptères. Une présence qui ne dépasse pas le cinquième de la force de frappe de l’armée tchadienne par exemple. 

Et justement, Bazoum affirme qu’il est « en train de discuter avec Paris pour redéfinir le redéploiement ». Donc, contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est le Niger qui demande une présence française accrue. Un détail qui ne figure clairement pas dans l’agenda de Macron. 

Et pour quelques soldats en moins 

En effet, Emmanuel Macron a, de son côté, précise que le déploiement français sera revu à la baisse. « La guerre revient, pleinement, cruellement, sur le sol européen. Nous voyons bien qu’il nous faut réévaluer notre ambition », a déclaré le président français. Il modère ensuite : « Pas pour faire moins, je vous rassure, mais pour parfois réorienter nos prévisions, savoir tirer tous les enseignements de ce nouveau contexte, et pouvoir programmer les prochaines années ». 

Pour résumer, Emmanuel Macron a bien parlé de « modérer les ambitions » militaires françaises. Ce qui ne signifie qu’une chose pour les États africains comptant sur Paris pour résoudre leurs crises sécuritaires : ils auront moins d’aides qu’ils ne l’espèrent. 

Et dans une symbolique très claire, parmi les pays invités à parader ce 14 juillet aux côtés des troupes françaises, il y a de grands absents. Déjà, aucun pays africain n’a été invité. Mais même en Occident, les premiers partenaires de la France dans le cadre de Barkhane ou de Takuba étaient également absents. Notamment l’Allemagne, la Suède, l’Italie, la Belgique ou encore le Portugal. 

Donc si Bazoum rêve encore d’être cajolé par Paris pendant les quelque trois années restantes de son mandat, ses ambitions ne semblent pas réciproques. Mahamat Déby, lui, semble plus pragmatique. « Le Tchad est un pays souverain, ce n’est pas à un sénateur qui ne sait même pas placer le Tchad sur une carte et poussé par du lobbying, qui va nous orienter ou dire que faire de notre pays », a-t-il commenté les pressions du Sénat américain sur N’Djaména. 

Ce qui, en vue du contexte du point de presse, semble plus dirigé vers Paris. Une relation à la « Je t’aime, moi non plus » qui n’est pas sans rappeler celle de son père Idriss Déby avec la France. 

Le mauvais, le faible… et le truand 

Bazoum a été grandement critiqué par l’opposition qui estime que ses propos au Tchad, vis-à-vis de la coopération avec la France, manquaient de fermeté. 

En effet, le président du Niger a déclaré : « Entre le président Mahamat Idriss Déby et moi, il y a une relation très fluide, et si nous avons des conseils à donner, je suis sûr que nous n’en ferons pas l’économie ». « Les pays comme le Niger seront mis à contribution pour apporter un peu les leçons qu’ils ont tirées de leurs expériences », assure Bazoum. 

Néanmoins, Bazoum a été visé par deux tentatives de coup d’État depuis son accès à la présidence. Le Niger est aujourd’hui le pays avec l’indice de développement humain (IDH) le plus bas du monde. Mais il est en plus enclavé entre les trois régions les plus violentes en Afrique : le Nord nigérian et le Bassin du Tchad, la « zone des trois frontières » et le Sahara libyen. 

Quels conseils Bazoum peut-il donc donner ? Comment éviter d’être renversé après deux jours de son investiture ou comment devenir le pays où le terrorisme est le plus meurtrier dans le monde (selon le Global Terrorism Index 2022) ? 

Bazoum a tout de même joué un grand rôle dans la normalisation du coup d’État au Tchad. Surtout lorsqu’il entretient des rapports intimes avec Mahamat Déby, tout en attaquant à tour de bras le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. Mais aussi, il a été le seul dirigeant du G5 Sahel à rompre la ligne, en allant à Paris pour le dernier sommet du G5 Sahel, alors que ses homologues africains se sont contentés d’une participation virtuelle. 

En tout cas, elle est désormais loin l’époque où Idriss Déby accusait la France d’avoir unilatéralement organisé la révision constitutionnelle au Tchad. Ou, plus récemment, lorsque Bazoum s’assoupissait en pleine allocution de Macron, lors du Sommet Union africaine-Union européenne. 

3. L’entretien avec le géopoliticien africain, Nkoddo 

Le président français pourrait effectuer une visite officielle à Yaoundé le 26 juillet, puis à Cotonou le lendemain. Deux destinations qu’il n’avait pas privilégiées lors de son premier mandat. Quel est l’objectif de Macron durant cette visite ? Nous avons contacté Pierre Claver Nkodo, éditorialiste et directeur de la publication Horizons nouveaux, magazine international paraissant à Douala au Cameroun, afin d’en savoir plus sur la situation.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV