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Zoom Afrique du 23 mars 2022

Zoom Afrique du 23 mars 2022

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Les États-Unis accentuent leur présence en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée, et la piraterie maritime aussi...

Actualité en Afrique :

  • Éthiopie : le gouvernement reporte la privatisation partielle de l’opérateur historique EthioTelecom
  • Sénégal : un 9e Forum mondial de l'eau pour "sonner l'alerte"
  • Burkina Faso : le FMI recommande des réformes "exceptionnelles" durant la transition
  • Tchad : les communes des provinces du Nord mutualisent leurs expériences à Abéché

Analyses de la rédaction :

1. RDC : MSF le maître chanteur?

En République démocratique du Congo, les avancées de l’armée nationale et de ses alliés régionaux, en l'occurrence, l’armée ougandaise, montrent une gêne parmi certaines organisations internationales et les ONG.

En République démocratique du Congo, la protestation des autorités politico-militaires est vive après l’annonce de l’organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) de quitter les localités de Nizi et Bambu dans la province de l’Ituri.

Le lieutenant-général Johnny Luboya Nkashama, gouverneur de la province d'Ituri, accuse MSF de « chantage » dans une période où les populations déplacées regagnent les deux localités désormais sous contrôle de l’armée.

Rien ne justifie aujourd’hui le retrait de MSF, selon le gouverneur militaire qui rejette également les accusations d'impunité. Il assure également que les enquêtes avaient été menées après l’attaque dont MSF avait été victime en octobre dernier. Les auteurs sont de la milice Codeco.

Mais visiblement, pour MSF, un retour de déplacé civil et la sécurisation de la zone, sont les vraies raisons qui poussent l’ONG à se retirer. Le siège militaire mis en place par Kinshasa et les alliances intra régionales continuent de provoquer du remue-ménage auprès des organisations internationales.

La décision de MSF arrive quatre mois après l’attaque perpétrée à l’encontre d’un convoi humanitaire de l’organisation par des hommes armés non identifiés. Pour rappel, deux membres de MSF avaient été grièvement blessés par balles le 28 octobre 2021, sur la route entre les localités de Nizi et Bambu dans le territoire de Djugu. MSF constate l’absence prolongée de garanties de sécurité de la part des différents acteurs qui s’affrontent dans la région.

L’organisation attendait de la part des parties au conflit au moins deux réactions : « la condamnation ferme de cette attaque et un engagement fort en faveur du respect du droit international humanitaire et de la mission médicale, à savoir les structures sanitaires, le personnel soignant, les ambulances, les patients et les blessés ». Même l’enquête demandée à cette époque est restée sans résultat à ce jour.

“Cette situation est intenable et nous contraint à fermer ce projet”, explique Olivier Maizoué, responsable des programmes de MSF pour la République démocratique du Congo (RDC). “ Les risques sont tout simplement trop élevés pour MSF de retourner dans ces zones en confiance. Cette décision nous bouleverse, car elle va avoir des conséquences désastreuses pour une population dont les besoins sont aigus. Notre mission est de sauver des vies, mais pas au prix des nôtres.” 

Déjà en juin 2021, l'hôpital général de référence de la ville de Boga, soutenu par MSF, avait été sévèrement endommagé après des combats urbains. Douze personnes y avaient perdu la vie. Plusieurs bâtiments, dont l'unité de soins intensifs, avaient été incendiés, et la pharmacie et le stock médical pillés.

“Nous sommes inquiets face aux nombreuses attaques et aux pillages des structures sanitaires. Nous sommes profondément troublés par le climat d’impunité qui règne aujourd’hui dans cette partie de la RDC”, souligne Jérôme Alin, chef de mission MSF en RDC.

MSF ne quitte pour autant pas l’Ituri. Il continuera à apporter une assistance humanitaire en Ituri, à Drodro et Angumu où l’organisation est présente depuis plusieurs années. En d’autres termes, là où l’ONG a encore un accès aux groupes armés dans la région.

Ces faits se sont produits en 2021, ce qui veut dire que la donne est différente actuellement comme l’a rappelé le lieutenant- général Nkashama, gouverneur de la province d'Ituri. Maintenant que la zone est sous le contrôle de l’armée nationale, et qu’il y a un retour des déplacés, pourquoi est-ce que MSF doit se retirer maintenant ? Certains faits avancés par MSF, se sont produits en 2021, donc MSF aurait dû se retirer à ce moment-là. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ?

Un comportement qui montre simplement que contrairement à ce que montrent les médias mainstream qui veulent absolument prouver que les initiatives du gouvernement congolais sont mauvaises et que le fait que l’armée congolaise et ses alliés régionaux n’arrivent pas à sécuriser les territoires de l’Est. Qu’en est-il de la Monusco ? Elle a réussi à sécuriser un territoire en 20 ans de présence ? Les ONG et l’ONU ont le même comportement dans toute l’Afrique tout comme les armées occidentales. Là où elles sont présentes, la guerre s’amplifie considérablement.

 

2. Mali : la CMA accompagne la France ou le Mali ?

Au Mali, les pressions s’accentuent sur le pays, et nous pouvons évidemment sentir l’ombre de la France dans ces tentatives de déstabilisation. Outre la présence de groupes armés terroristes que la France a formés, on peut voir de nouveau les groupes signataires de l’Accord très controversé d’Alger, menacer carrément Bamako.

Selon certaines sources maliennes, les tensions seraient récurrentes entre Bamako et les groupes armés indépendantistes. Des événements similaires survenus ces dernières années n’ont pas dégénéré en guerre ouverte. Faut-il s’attendre à une simple répétition de cet épisode, quand la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) commence à se sentir en danger contrairement à ces dernières années? Ou bien le risque est-il, cette fois, plus élevé maintenant que la France a décidé de sauver la face et de venger ses humiliations répétées suite à la politique souverainiste de Bamako?

La CMA a de nouveau rouspété contre « le retard pris dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et les soubresauts que cela pourra engendrer, si rien n’est fait dans les plus brefs délais ». A ses yeux, toute révision de cet accord qui renferme les germes d’une partition du pays reste toutefois inacceptable. La CMA est particulièrement sensible à la question, d’autant qu’elle redoute que ses acquis importants ne filent entre ses doigts.

Une partition du Mali, c’est que recherche la France à travers ces groupes. L’actuelle montée des tensions s’inscrit dans un contexte particulièrement délicat pour le Mali dont les soldats sont engagés dans la lutte contre les terroristes qui recule considérablement face à l’armée malienne. De plus, la volonté de la CEDEAO et de la Communauté internationale de vouloir détruire le Mali est de plus en plus visible. Donc, la question est pourquoi la CMA ne s’allie pas avec Bamako pour sécuriser l’entièreté du territoire, s’ils sont réellement de bonne foi ?

Pour rappel, en août, le gouvernement malien a littéralement remonté les bretelles à la CMA qui est accusée « d’actes attentatoires à la souveraineté nationale », et lui reproche de violer l’accord de paix d’Alger.

Le gouvernement dit dans un communiqué constater « avec indignation que, depuis un moment, la Coordination des mouvements de l’Azawad s’arroge des actes régaliens de l’État en violation flagrante des termes de l’Accord » de paix d’Alger. « La CMA, alliance à dominante touareg d’anciens groupes armés rebelles, est signataire de cet accord de 2015 avec une alliance de groupes armés pro-gouvernementaux.

La mise en œuvre de cet accord ainsi que le redressement de l’autorité de l’État sont considérés comme des composantes politiques indispensables à une sortie de crise, en plus de l’action purement militaire menée par les forces maliennes pour sécuriser le territoire malien.

L’accord d’Alger tarde à être appliqué et de vastes étendues du nord du Mali demeurent sous le contrôle des ex-rebelles indépendantistes. Les « actes antirépublicains » de la CMA « vont d’une prétendue grâce accordée à des détenus, à la délivrance d’autorisations de déplacement sur des sites d’orpaillage, en passant par le refus de recevoir les médecins en charge de la lutte contre la maladie à coronavirus », détaille le gouvernement.

La CMA menace de reprendre les hostilités. Mais la moindre attaque perpétrée contre les Forces armées maliennes provoquerait de très lourdes conséquences.

Le problème de l’accord d’Alger est que son application est “extrêmement laborieuse”, comme l’expliquait il y a un an déjà International crisis group.

L’équipe aujourd’hui au pouvoir promet de respecter les “principes fondamentaux” et insiste sur une “relecture intelligente” de l’accord de paix respectant également les intérêts du Mali et du peuple malien. Avant et après sa nomination, le Premier ministre Choguel Maïga s’est toujours montré un farouche opposant à l’accord d’Alger.

Cet accord ne se mettra pas en place, tant que le pays sera encore enclin à l’insécurité. Quoi qu’il en soit, certaines parties dans les groupes vivant au nord du pays sont appuyées par la France, c’est en l’occurrence ceux qui sont pour un démembrement du Mali et qui veulent rajouter une couche dans la déstabilisation du Mali pour pousser au démembrement et ne pas laisser les Autorités maliennes procédées à une relecture intelligente de l’Accord sans la présence de la France. Et ça, c’est visiblement un point qui dérange encore.

La France voit toutes les portes se refermer devant elle. Bamako anticipe et reste prudent face à cette puissance néocoloniale qui ne veut pas lâcher le Mali tant qu’elle ne verra pas sa chute. Bamako continue dans sa voie souverainiste et c’est ce qui compte pour le peuple malien.

 

3. Golfe de Guinée : les USA ; pirates maritimes

Les États-Unis accentuent leur présence en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée.

On a pu constater ces derniers mois que la Côte d’Ivoire est le terrain que Washington a choisi pour s’installer et mener ses opérations néocolonialistes en Afrique de l’Ouest, visant dans un premier temps le Mali, mais également sa politique de recolonisation du golfe de Guinée.

Outre les exercices militaires mis en place en Côte d’Ivoire le mois dernier avec essentiellement des pays occidentaux et seulement 4 pays africains dans la liste des participants, l’Africom remet ça cette semaine dans le golfe de Guinée.

L’édition 2022 des manœuvres de l’exercice « Obangamé express » dans les eaux sous juridiction nationale, s’est achevée vendredi 18 mars 2022, dans un franc succès, selon l’officier américain, Wyatt Beyen.

« Les États-Unis d’Amérique (USA) se réjouissent que l’organisation de l’édition ‘’Obangamé express 2022’’ soit couronnée de succès. Nous répondrons à chaque fois présents dès qu’il s’agira d’appuyer les initiatives de renforcement des capacités des dispositifs régionaux » a déclaré le commandant Wyatt Beyen de l’ambassade des USA en Côte d’Ivoire.

« Obangamé express » qui signifie la coopération, dans un patois du Cameroun, est un exercice régional en Mer qui se tient dans le golfe de Guinée à partir de l’Angola jusqu’au Sénégal pour lutter contre la piraterie maritime, la pêche illicite, le trafic d’armes, le narcotrafic, des phénomènes qui gangrènent le domaine maritime.

En Côte d’Ivoire, les scénarios de piraterie maritime, de narcotrafic de pêche INN, de sauvetage et recherche en mer et de pollution marine se sont réalisés sans incident. L’engagement des Forces aériennes par des survols des zones d’exercices a été un succès au regard de la belle coordination avec les Centres Opérationnels mis en œuvre dans les manœuvres en mer, selon le directeur des exercices « Obangamé express », le capitaine de corvette, Anoman Lecthi.

Pour cet officier supérieur de la Marine nationale, les objectifs spécifiques de cette manœuvre militaire sont atteints parce qu’il s'agissait, entre autres, de tester l’interopérabilité entre les Marines et entre structures nationales, régionales, européennes et américaines dans un large éventail d’activités navales.

En marge des exercices pratiques en mer, les chefs d’état-major des marines et des garde-côtes du golfe de Guinée se sont réunis pour tenir des discussions de haut niveau sur les problématiques et défis majeurs relatifs à la sécurité maritime dans la sous-région.

Les exercices « Obangamé express 2022 » qui ont démarré le vendredi 11 mars 2022, à la base navale d’Abidjan sis à Locodjro, sont mis en œuvre chaque année par les pays du golfe de Guinée (de l’Angola jusqu’au Cap-Vert) à l’effet de renforcer les capacités de leurs marines, mais également renforcer davantage le réseau régional. Le golfe de Guinée est présenté comme la zone maritime la plus dangereuse au monde. Selon le ”Maritime Information Coopération et Awareness Center”, 51 navires ont été attaqués ou piratés et 142 marins ont été enlevés en 2020 dans ces eaux.

Il est important de savoir une première chose, c’est que la piraterie maritime était particulièrement présente au large de la Corne de l’Afrique, particulièrement dans le détroit de Bab El-Mandeb. Depuis l’arrivée des navires russes et iraniens dans cette région, et le déploiement de la base militaire chinoise à Djibouti, et la base navale russe en Érythrée, la donne a littéralement changé.

Maintenant, c’est le golfe de Guinée qui se trouve être devenu l’endroit le plus dangereux au monde à cause de la piraterie. Les statistiques fournies par la Maritime Information Coopération et Awareness Center, ne montrent évidemment pas la nationalité des navires et marins victimes de la piraterie maritime. Car ceci serait tout de même intéressant de se pencher sur cette réalité grossièrement cachée par les ces institutions occidentales. Et bien, ce sont les navires et marins russes, chinois et turcs qui sont les principales victimes de la piraterie ou les navires qui ont pour destinations des pays « ennemis de l’Occident » comme la Guinée équatoriale. Les Américains, Français, Allemands ou Italiens ou Danois qui sont pourtant fortement présents dans le golfe de Guinée n’ont jamais été inquiétés par la piraterie. Ce qui est tout de même étonnant. Et de nouveau, on n’a pas encore vu de combat contre la piraterie impliquant des navires de guerre occidentaux. Les seuls qui se sont réellement battus contre la piraterie, c’est le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Nigéria. D’ailleurs, en février 2021, une riposte coordonnée des marines camerounaise et équato-guinéenne a permis de mettre en déroute plusieurs pirates, qui dans la nuit du mardi 8 février, ont attaqué un tanker à environ 115 NM au large des côtes du Cameroun. Cette réponse combinée a fait fuir la huitaine de pirates avant qu'ils ne puissent accéder à la citadelle de protection du navire.

Encore une fois, on constate que les nombreux navires de guerre occidentaux présents dans le golfe de Guinée servent principalement à protéger les intérêts des Occidentaux et non à combattre la piraterie. Tout comme pour le terrorisme dans le Sahel.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV