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Les cinq chocs anti-US si le pétrole iranien arrive au Liban

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L’arrivée imminente des pétroliers iraniens à Beyrouth. (Photo à titre d’illustration)

Tous les Libanais, même les opposants au Hezbollah, pensent que l’importation du carburant d'Iran par la Résistance est une action intelligente, porteuse de messages importants aux États-Unis. À cet égard un analyste libanais estime que l'importation de dérivés pétroliers au Liban en provenance d'Iran entraînera de profonds changements au Liban et renforcera la position des courants politiques qui appellent à tourner l'attention vers l'Est et pour coopérer avec l’Iran, la Chine et la Russie.

Dans sa note éditoriale publiée par le journal Al-Quds Al-Arabi basé Londres, l’analyste libanais Essam Noman a fait état de deux événements qui, ayant eu lieu ces dernières semaines, ont contribué à changer l’équation de force  dans les pays d'Asie de l’Ouest : l’un étant le retrait désordonné des États-Unis d'Afghanistan et l'autre, l'importation de dérivés du pétrole depuis l’Iran à destination du Liban, évoqué par le secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah.

Le retrait des troupes américaines d’Afghanistan aurait des conséquences politiques et stratégiques, qui pourraient bien affecter tous les pays de la région, en particulier le régime sioniste ; en termes de sécurité, la récente mesure du Hezbollah libanais a soulevé des questions sur l’éventuelle réaction d'Israël.

Selon le journal, si le processus d'importation de dérivés pétroliers iranien au Liban se poursuit comme prévu et que les produits finissent par être commercialisés, une grande partie des entreprises et des consommateurs libanais seront attirés par l’initiative du Hezbollah qui aboutira à des développements qui sont mentionnés comme suit :

- L’importation du carburant vers le Liban en provenance de l’Iran provoquerait la rupture dans les relations économiques du Liban avec les pays occidentaux réduisant ces relations à long et moyen terme, étant donné que le Liban compte parmi des pays dépendants de l'Occident en termes de structure commerciale, d'importations, de système bancaire, ainsi que de méthodes de commercialisation.

- L'émergence des entreprises et des commerçants libanais et d'activistes spécialisés dans l'importation de pétrole et de dérivés du pétrole iranien réduit le rôle des acquéreurs et courtiers actuels et affaiblit leur influence dans le système politique libanaise et les départements gouvernementaux du pays.

- À la suite de la vente du pétrole iranien au Liban en livres libanaises, le peuple libanais pourrait recevoir du pétrole à un prix inférieur à celui qu’impose l'Occident. Le Liban pourrait d’ailleurs économiser des centaines de millions de dollars contribuant au renforcement du système économique du pays. Ceci étant dit entraînera une demande accrue d'activité continue pour créer une économie axée sur la production, en particulier dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie et de la technologie.

- Un autre effet constructif d'importation de dérivés pétroliers d'Iran au Liban réside dans le renforcement de la position des courants politiques qui demandent l'abolition du système des quotas tribaux et la mise en place d'un système démocratique.

- Mais les effets positifs de l’importation du carburant en provenance de l’Iran ne se limiteront pas au domaine économique. Sur le plan politique, ces développements dans la région renforceront la position des courants politiques libanais qui appellent au regard tourné vers l'Est ainsi qu’à l’élargissement des coopérations avec l’Iran, la Chine et la Russie.

Dans ce contexte que les États-Unis semblent être préoccupés par les portées économiques et politiques de l’importation du carburant en provenance de l’Iran vers le Liban. L’une des réactions les plus surprenantes au projet du Hezbollah provient de l'ambassade américaine au Liban plongée dans la confusion et la panique : une heure après l’annonce du secrétaire général du Hezbollah, Dorothy Shea, l'ambassadrice américaine à Beyrouth, a déclaré lors d’un appel téléphonique avec le président libanais, Michel Aoun, que son pays avait prévu un plan immédiat pour l’envoi de l'électricité et du gaz au Liban. Il s’agit d’une méga marche arrière de la Maison Blanche ; Shea contactant Aoun pour lui promettre l'arrivée prochaine du gaz et du pétrole égyptien ainsi que de l’électricité via la Jordanie et la Syrie au Liban.

L’ambassadrice américaine n'a toutefois pas expliqué au président libanais ni aux médias comment Washington serait en mesure de tenir la promesse de fournir de l’énergie au Liban via la Syrie alors que la loi César que les États-Unis ont inventée pour affamer le peuple syrien mais qui a fini par échouer, est en vigueur.

La question qui se pose désormais est donc la suivante: le retrait humiliant des États-Unis d'Afghanistan, a-t-il conduit le pays à reconsidérer son approche hostile envers des pays que les États-Unis désignent comme ennemis ?

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV