Evidemment que Washington s'en fiche de Ben Salmane, de son angoisse, de son avenir à la tête d'un royaume saoudien que les quatre ans de Trump ont marqué à transformer en un pays ultra-endetté, ultra incompatible avec son environnement arabe et islamique, en guerre partout et perdant partout aussi: Ben Salmane a eu une mission qu'il a plus ou moins accomplie et il est temps qu'il soit éliminé de la scène et ce ne serait pas Biden, le pro Frère musulman qui tacherait d 'en éviter la chute.
A peine quelques heures après la manif-surprise des centaines de jeunes des quartiers huppés d'al Qassim au nord du royaume, manif qui semble bien loin d'avoir reflété le vrai misère de l'Arabie d'en bas, puisque largement répercutée dans les médias sociaux, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, vient de décrire, dans une interview exclusive accordée à la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, "la situation au Yémen comme la plus grande catastrophe humanitaire au monde", affirmant que les USA "sont prêts à revoir leur soutien à Riyad". Pour ceux des analystes qui savent parfaitement que Ben Salmane et sa claque n'auraient jamais été décidés de la guerre contre le Yémen si ce n'était la pression US / Israël, ces propos de Kirby sont plus que symptomatique du chaos à venir. Surtout que ce dernier a ramé à contre courant du CentCom dont le patron plaidait en visite qu'il était il y a quelques jours à Riyad la cause de protection du royaume face aux "menaces extérieures"..
"Le président américain Joe Biden souhaite «revoir nos contributions à l'appui des opérations offensives de l'Arabie saoudite au Yémen. Certes nous apportons un soutien à nos partenaires, mais cela doit être conforme à nos intérêts et à nos valeurs, a prétendu Kirby, dans des propos qui devraient à l'heure qu'il est, avoir l'effet d'une douche froide à Riyad.
Lire plus: Yémen: "Ben Salmane poussé par les USA au suicide stratégique"
Et puis que dire de McKenzie, le chef du CentCom qui de retour d'une tournée en Arabie où il a annoncé la mise sous tutelle de la côte ouest saoudienne ( Yanbu, Taef et Tabouk) dit "ne pas savoir dans quel sens Biden agirait face à l'Arabie". " Cette cacophonie de l'administration Biden n'augure rien de bon pour un régime saoudien et un clan Salmane dont l'image est intiment lié aux crimes de guerre au Yémen. En effet, les cinq ans de guerre du Pentagone et de leurs acolytes golfiens, et otanien contre le Yémen ont été un échec dans la mesure où ils ont débouché sur l’émergence d'un acteur étatique qui est de surcroît une puissance militaire et qui a pour nom Ansarallah. La décision des Etats Unis de transférer quelques 2500 soldats à Yanbu et à Taef et à Tabuk plus des batteries de missiles Patriot qui comme tout le monde sait, ont déjà échoué à protéger ce même port quand en 2019 Ansarallah l'a pris pour cible de ses nuées de drone, ne peut être qu'une totale reculade. Un largage même puisque cela revient à abandonner Riyad et ses palais, affirme Hanizadeh, le politologue qui ajoute :
"Alors même que la Résistance yéménite continue à avancer à Maarib et que ses récentes attaques contre le port de Djeddah et leurs répercussion sur la vie des gens du Sud yéménite à savoir Najran, Assir et Jizan ne pourraient que provoquer l'insurrection de la population, la concentration de troupes US sur la cote est, le retrait des troupes US de Riyad, ne pourrait que signer le largage de Ben Salmane, note cet analyste. "Biden est sur le point de liquider Ben Salmane et de créer des bases là où la Russie vient de débarquer. La région de Tabouk se trouve en effet juste en face de Port Soudan où la Russie an,noncé au mois de décembre la création de sa première base navale dans la corne de l’Afrique. cette cote ouest est par ailleurs limitrophe de Djibouti où la Chine a sa base navale. Plutôt que de se soucier de la sécurité du royaume, l'Amérique de Biden veut avoir le pignon sur la rue du Détroit de Bab el-Madeb. Il s'en fiche sur l'Arabie implose, si son le sud comme c'est déjà le cas tende à se dissocier du reste du pays et à revenir au Yémen. Les manifestations de ces derniers jours organisées dans la pure tradition de Soros en disent longue sur l'investissement qu'a déjà fait l'administration démocrate pour provoquer des mouvement séparatistes nord à al Qassim. La suspension de la vente d'armes US promise à Riyad par Trump s'inscrit dans le même sens, poursuit l'analyste.
Et d'ajouter : " Evidemment les Saoudiens ne sont pas nés de la dernière pluie et comprennent tout ce manège qui est sur le point de se faire contre eux à Washington et ce, en dépit des milliards de dollars dépensés et investis ces dernières années aux Etats-Unis. Riyad a envoyé il y a quelques jours son ministère des A.E. à Moscou tater le terrain et peut-être renouer les liens. Mais la Russie ne parie pas sur le cheval perdant comme cela a été prouvé par la visite d'une délégation des séparatistes du sud du Yémen, protégés par les Emirats à Moscou. La Russie veut surtout ranimer son influence d'antan au Yémen à l'époque où l'URSS soutenait les mouvements sudistes et elle se soucie peu des doléances de Riyad surtout à la lumière des divergences pétrolières qui persistent avec les Saoudiens. Tout ceci pour dire que l'Arabie est engagée sur la voie d'une implosion certaine à moins qu'elle remonte la pente et revoie de fond en comble sa situation et ses liens avec les acteurs régionaux".