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Mandat d'arrêt lancé contre Morales, vers une intensification de la résistance indigène

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
De nombreux partisans de l’ex-président estiment qu'Evo Morales a été victime d'un « coup d'État ». ©Reuters

Mercredi 18 décembre, le procureur général bolivien a fini par mettre à exécution la menace depuis longtemps brandie à savoir lancer un mandat d’arrêt contre l'ancien président Evo Morales. L'annonce vient de boucler la boucle : depuis son asile argentin, Morales a promis de participer à la campagne électorale et à la victoire de son parti, la décision vient de lui fermer les portes de la Bolivie. 

Samedi 14 décembre, la présidente par intérim de la Bolivie, Jeanine Anez, avait accusé Morales de provoquer la "sédition" et de "déclencher le désordre dans le pays". Un mandat d'arrêt devrait, selon le scénariste américain du coup d'Etat, faciliter la répression sanglante que mène l'armée contre les indigènes à l'appui des Etats-Unis et d'Israël. Le mandat d'arrêt a été en effet émis au moins une semaine après que les médias ont annoncé que Morales avait obtenu l'asile politique en Argentine, fraîchement passé sous les couleurs anti-impérialistes. 

Depuis le vendredi 15 novembre où a eu lieu une marche des paysans des 6 Fédérations du Tropique de Cochabamba sur le pont Huayllani, de Sacaba à Cochabamba, l'axe US/Israël a parfaitement compris que le coup d'Etat du mois de novembre ne saurait débouché sur une vraie modification du système sans une répression impitoyable. Cochabamba, lieu stratégique de liaison avec la capitale du département a fait donc l’objet d’un déploiement militaire important pour empêcher les populations du Chapare d’entrer dans la ville. Le résultat a été un massacre sanglant qui a fait au moins 9 morts et des dizaines de blessés à coup de gaz chimiques et d’armes de guerre par des soldats qui survolaient les lieux à bord d’hélicoptères.   

Ce fut le même jour que la présidente putschiste Jeanine Añez a signé le décret 4078 autorisant les Forces armées à utiliser des armes militaires sans la moindre responsabilité, dans le but de neutraliser les mouvements sociaux. Ce document précise également que toutes les entités publiques et privées de l’État « doivent fournir un appui aux forces militaires ». Quelques jours après, à Senkata, El Alto, un nouveau massacre a eu lieu et les sources proches de La Paz l’ont justifié comme une sorte d' »attaque préventive ». 

Après le coup d’État d'octobre, la répression avance donc à pas de géant en Bolivie. Le gouvernement putschiste se faisant aider par des brigades de la mort, formées et entraînées par Israël. Il s'agit de milices armées qui agissent en coopération avec les forces de police et une partie de l'armée pour ce que le gouvernement qualifie de "lutte contre le terrorisme". L'appel de La Paz à Israël est intervenu une semaine après la reprise des liens avec Tel-Aviv. Le  ministre de l'Intérieur du gouvernement intérimaire avait d'ailleurs reconnue l'implication directe d'Israël dans la répression : " la police locale enquêtait sur des "militants de gauche ayant des liens présumés avec le dictateur vénézuélien Nicolás Maduro" et ce, pour créer une "nouvelle force de police antiterroriste". Selon certaines sources, l'implication israélienne en Bolivie ne reste pas limitée à la formation des brigades de la mort, Washington et Tel-Aviv cherchant à faire de la Bolivie la base arrière d'attaques contre d'autres foyers anti-impérialistes du continent. Un scénario similaire avec en toile de fond d'efforts de déstabilisation visant les armées des pays jugés "hostiles" est plausible. Il y a deux jours le président vénézuélien rassurait d'ailleurs la population en affirmant que l'armée vénézuélienne était à "1000 pourcent" prête à faire à toute éventualité. 

Ceci dit, l'ancien président ne semble pas vouloir baisser les bras, lui qui commentant le mandat d'arrêt émis à son encontre, a annoncé :  "Nous allons remporter les prochaines élections. "Mon obligation, à présent que je ne suis pas candidat, que je ne suis pas président, c'est d'accompagner les candidats pour qu'ils puissent gagner". 

Sorti gagnant dès le premier tour de l’élection présidentielle le 24 octobre 2019 en Bolivie, le premier président indigène de Bolivie a été accusé de fraude électorale par ses opposants. Il a eu beau accepter la tenue d’une deuxième élection, les opposants soutenus par les États-Unis l’ont amené à démissionner et à quitter la Bolivie le 12 novembre pour le Mexique. Pour de nombreux analystes, le mandat d'arrêt émis à l'encontre de Morales traduit la crainte de voir le mouvement de protestation s'amplifier au retour de Morales dans son pays, ce qui risque justement de se traduire par une intensification des cellules de la résistance indigène en Bolivie. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV